mardi 16 juillet 2013

Pendant ce temps, à Lattes...

Déjà réputés sélectionneurs d'équipe de football et spécialistes du dopage cycliste, les soixante-six millions de Français sont depuis deux jours devenus critiques et historiens des arts. Étant Français, participons au bordel ambiant (voir posts précédents).
L'oblitération premier jour du bureau de Lattes (34970 pour le code postal).
La manifestation premier jour du département de l'Hérault était organisée, hier lundi 15 juillet 2013, par La Poste à Lattes. Grande et peuplée commune de la banlieue de Montpellier, ses quinze mille et quelques habitants se répartissent en deux villes disposant d'un bureau de poste (Lattes-Centre et Maurin), un village (Boirargues) et plusieurs hameaux (dont la Céreirède bientôt massacrée par le passage du doublement de l'autoroute, et les Marestelles en face des campings).

La commune a déjà bénéficié d'un timbre.

...

Si, si ! Observez les Journée du timbre 1991 de Patrick Cambolin à la loupe : la lettre scannée au centre de tri porte le code postal de Lattes. Aucune idée de la raison de ce choix par contre.

Le timbre principal et l'oblitération lattoise :
légèreté du trait, fond blanc.

Pourquoi ce premier jour à Lattes ? La classe de lycéens de l'académie de Montpellier qui a participé au choix de la cette Marianne était une première professionnelle Communication visuelle du lycée Jean-François Champollion de Lattes, ouvert en 1992 à côté de Boirargues. En professionnel et technologique, le lycée est effet spécialisé dans le visuel, communication, photographie.

Donc, zou ! En un bond, assis dans une rame de la ligne trois de tramway direction la branche desservant Boirargues et Lattes - moins chargée que les rames se dirigeant vers le sud-est de Pérols où les plagistes retrouvent pistes cyclables et cars départementaux pour rejoindre les stations balnéaires de Palavas-les-Flots, Carnon et La Grande-Motte.

En terme de communication visuelle justement, je m'étonne que la communauté d'agglomération n'a pas été séduite par les mini-carnets de timbres personnalisés : avec les décorations de rames de tramway, ça formerait un beau bouquet de couleurs à vendre aux touristes.

Le feuillet commémoratif : lettre prioritaire rouge, lettre verte et lettre en ligne orange et pré-oblitérée.

Premier jour dans un véritable bureau de poste en 2013, ça se résume à une table, deux postiers et une borne en carton annonçant l'événement dans un coin de l'espace.

Ouverture de l'après-midi à 14h30 avec une quinzaine de clients. Une dizaine forme une file vers le comptoir à l'air libre pour récupérer ou déposer des colis. Le reste attend pour la préposé enfermée dans sa cage de verre pour des opérations financières et des timbres-poste. Restent deux collectionneurs : une dame passionnée des premiers jours que je remercie pour le don d'enveloppe qui m'a dépanné (dur de penser à tout par une trentaine de degrés à l'ombre et dans les logements) et moi.

Couverture du document philatélique de quatre pages qui, outre celui-ci, compte un autre grand format de la Marianne de la jeunesse.
 Sont disponibles, en reprenant les images précédentes : le timbre prioritaire vingt grammes en feuille, le feuillet commémoratif seul dans son présentoir cartonné ou chèrement accompagné d'un feuillet des timbres d'usage courant de la Cinquième République version soixante-trois centimes, le document philatélique et un gadget à scanner.

 Le feuillet qui alourdissait la note répond sûrement au reproche adressé au carnet autocollant des visages de la Cinquième République de novembre 2008 d'avoir été réalisé en héliogravure bien lisse. Les philatélistes acheteurs devraient rapidement commentés comment a été réalisé cette nouvelle variation.

Sous le message du président de la République, quatre gravures noires, dont, rapprochées pour comparaison, la avec feuillage et sans feuillage. Les deux autres correspondent aux lettres prioritaires jusqu'à vingt grammes pour l'Europe et le monde.

 Le document philatélique était le seul moyen hier de disposer d'autres timbres que les petits rouge et vert : en page deux en gravure noire et en page trois oblitérés premier jour de Paris, les versions vingt grammes à destination de l'Europe et du reste du monde étaient visibles.

L'œuvre d'Elsa Catelin paraît très réussie, moins lourde que les pleins de couleur des modèles informatisés diffusés depuis le printemps. Je pense qu'elle a raison dans son entretien réalisé par Marion Dubreuil de France Bleu Périgord :

Elle est gravée en taille-douce alors c'est l'art de ciseler dans le métail en creux et à l'envers pour rendre compte du visuel. 
Je pense que je l'ai gravé un peu plus finement que le motif maquette. 
Mais, il n'y a pas eu de difficulté majeure. Elle s'est faite comme une lettre à la poste. 

Dans le second extrait, malgré la déception de l'échec de sa Marianne au concours, elle signale l'honneur que d'être le graveur de la nouvelle série, dont elle a réalisé deux poinçons : lettre prioritaire (et écopli 20 grammes gris qui reste disponible).

Pour voir Elsa Catelin au travail avec ses collègues imprimeurs, une vidéo sur le site de l'Assemblée nationale de la genèse de la Marianne de la jeunesse.

Peut-on avoir le nom de l'ordinateur et de la machine qui ont préparé la gravure du timbre de la lettre en ligne non signée par Catelin sur le feuillet-souvenir ?

Évidemment, pour les thématistes de l'Élysée, ce document philatélique est un pièce à acquérir : message présidentiel sur la deuxième page et une peinture de la cour du palais par Olivier Audy sur la quatrième, le même que celle des souvenirs personnalisés accessibles aux invités du 14 juillet 2013.

Sur la troisième page, au-dessus d'un bloc commémoratif collé mais non oblitéré, les deux premières valeurs des grilles tarifaires Europe et Monde.
 Qu'est-ce que je pense de ce timbre ?

Qu'au format timbre-poste en taille-douce, il est très agréable et reposant à regarder.

Peut-être parce que ENFIN La Poste et sa branche philatélie et imprimerie ont accepté que Marianne pouvait être tracée en couleur sur fond blanc, telle que Thierry Lamouche avait créé la Marianne des Français. Y aurait-il besoin de faire des économies d'encre à Boulazac ? Les artistes ont-ils défendu leur vision graphique ? En tout cas, je la trouve bien moins lourde à regarder que la précédente et d'autres Mariannes plus anciennes.

Souvenez-vous, en 2004, les projets étaient affichés sur la façade de l'Assemblée nationale
[et pas choisi en cachette dans le bureau de Nico]
(photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd).
Après, une jeune femme blonde qui, comme l'interprète Jean Deschamps, paraît sortir d'une réflexion silencieuse pour entamer une argumentation à laquelle participe la main est un choix courageux en connaissant la misogynie et les rancœurs nationales. L'aspect bande dessinée et l'esprit obtus des veaux fait le reste : midinette et autres joyeusetés dénigrant la possibilité d'un cerveau politique à la femme ont fleuri dans les commentaires des articles de presse depuis dimanche.

Et pourquoi pas ! Ce timbre comme un petit pas vers une société où une femme quelque soit son âge et sa fonction puisse porter une robe à fleur allant largement au genou sans se faire siffler... Et n'accusons pas les jeunes de banlieue (les commentaires racistes sur le petit garçon au ballon...) ou des campagnes (Languedoc, région de fêtes votives alcoolisées et finissant à l'arme blanche...) : en pleine Assemblée nationale le 18 juillet 2012.

Par contre, je suis déçu que, quand le cahier des charges dit Marianne et l'Europe, les créateurs de timbres nous pondent des étoiles sans les valeurs de l'Union pour lesquelles il a fallu une émission supplémentaire. Alors pour Marianne de la jeunesse, ils se ruent sur les bandes dessinées et s'en inspirent de manière un peu trop appuyée. Néanmoins, les lycéens ayant visiblement bien étudié le cahier des charges, les intentions des artistes (voir youTube du groupe La Poste ce matin) et les aspects artistiques et sociaux des images, celle de Ciappa & Kawena est, à mon goût, trop BD, mais elle reste utile pour incarner la nation : jeune, profitant de la vie tout en réfléchissant à son avenir.


Sinon, quel autre projet parmi les quinze demi-finalistes ? Celle d'André Boos vive et regardant les générations passées droit dans les yeux - peu importe les écouteurs, il me semble que toutes les générations ont bien rapidement craqué pour les téléphones mobiles et les tablettes numériques. Ou celle d'André Lavergne d'une jeunesse qui semble prête à lutter pour les droits de tous car elle en a marre que les générations précédentes les oublient. Bref, deux extrêmes que celle Ciappa & Kawena peut équilibrer.

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