jeudi 21 juillet 2016

Un été latinolympique

2016 est une année très américaine : le World Stamp Show de New York du vingt-huit mai au quatre juin dernier d'une part, les Jeux olympiques d'été à Rio de Janeiro du cinq au vingt-et-un août prochain. L'ampleur capitaliste et médiatique des seconds vont recentrer cette attraction sur la partie latino du continent.

Les plus thématistes sportifs pourront se tourner vers l'association Sports Philatelists International, basée aux États-Unis, l'Association française des collectionneurs olympiques et sportifs (qui pourrait signaler son changement d'adresse web au Comité national olympique) et toutes les émissions opportunistes des deux cents et quelques pays philatéliques et agences de papier-peint dentelé. Première esquisse par Jean-Louis Emmenegger dans le numéro d'été de Timbres magazine.

Le continent peut inspirer des retours sur expositions et lectures. Déjà, à Paris-Philex, les empeintes Daguin du Chili par Jean-Michel Garaud...

Avec son numéro daté août, Stamp magazine étudie les timbres d'un des départements de Colombie : Boyacá - même si c'est la Première Guerre mondiale qui inspire majoritairement le mensuel...
Carte du réseau de la compagnie bolovienne d'après Alberto Decombe, Historia del Ferrogarril de Arica a La Paz, 1913 (via Commons de Wikimedia). L'article de Hobbs se concentre sur la partie bolivienne de la ligne.
Plus ancien, grâce à la gentillesse de la Postal History Society britannique lors d'Europhilex London 2015 : dans le numéro 350 de juin 2014 de Postal History, Barry Hobbs propose d'étudier les bureaux ambulants boliviens sur la Antofagasta & Bolivia Railway et ses extensions progressives, entre Chili et Bolivie - et même Pérou, de 1907 à 1930.

L'article de la Wikipedia en anglais nous apprend (sans notes infrapaginales) que la première ligne est ouverte en 1893 pour permettre l'exportation de minerai par la concession accordée par la Bolivie à l'entreprise minière australienne Clarke & Company, dans la région d'Antofagasta. La Guerre du Pacifique de 1879-1883 place la région sous le contrôle du Chili, ce qui n'empêche pas la continuation de la ligne - qui sera cotée à la bourse de Londres en 1888 - plus à l'intérieur de la Bolivie.

Depuis les années 1960, le contrôle capitaliste britannique a laissé place à un contrôle public bolivien et un conglomérat minier chilien.
La première page de l'exposition 148 Years de la Royal Philatelic Society London pour New York 2016 (copie d'écran de la publicitation en ligne : lien signalé ci-dessous).
Du côté de la Royal Philatelic Society London, les deux parties du continent ont été et seront célébrés. À New York, pour se faire connaître et annoncer les cent cinquante ans de la Société en 2019, ses membres ont soumis cent quarante-huit pièces constituant une collection philatélique et postale des cent quarante-huit dernières années. Elle est visible pour tous sur le site de la Société, en partant du premier compte-rendu de réunion de celle-ci : philatélie traditionnelle, histoire postale, timbres de distributeurs, événements royaux, thématiques, astrophilatélie,... Tout le monde peut en profiter.

Jeudi prochain après-midi, à son siège à Londres, les membres proposeront des collections d'Amérique latine pour marquer la fin de la saison 2015-2016, qui complète l'exposition du mois sur l'Antarctique britannique par Hugh Osborne (visitable en ligne par là), ce qui permet d'avoir sûrement touché tout le continent.

Reste à varier les médias encore un peu : télévision avec le rappel des facteurs des favelas à Rio soit par la série télévisée Cidade dos Homens, soit par des reportages.

lundi 18 juillet 2016

Un magnifique timbre Postcrossing en Pologne

Le jeudi quatorze juillet 2016, la poste polonaise a émis un timbre-poste pour promouvoir la correspondance à travers le site d'échanges de cartes postales en aveugle, Postcrossing, ouvert le quatorze juillet 2005.
Le timbre de cinq  nouveaux złotys (site de Poczta Polska).
Probablement un des timbres de cette thématique les plus inventifs et symboliques : une valise décorée d'autocollants touristiques est, en fait, une boîte aux lettres recevant les cartes postales échangées avec des participants du monde entier.
Le mini-feuillet de six avec un mode d'emploi simplifié du site (site de Poczta Polska).
Le blog du site signale que l'émission fut l'occasion pour la poste polonaise d'une journée festive à Wrocław pour initier à cette correspondance et présenter le musée des postes et télécommunications.

Catalogue SebPhilately de la thématique Postcrossing :
N°27 (POL n°1) : 14 juillet 2016 par Poczta Polska (Pologne). Un timbre de cinq nouveaux złotys imprimés en feuillet de six aux marges illustrées par l'imprimerie polonaise de sécurité (PWPW). Illustré par A. Tobolczyk d'une valise-boîte aux lettres sur les thèmes du voyage et de la correspondance.

dimanche 17 juillet 2016

D'une tragédie nationale, nos politiciens font des farces...

Billet d'humeur
Encore une fois le malheur frappe la France et tous ses habitants.

Encore une fois un de nos politiciens ouvre sa grande gueule, non pour proposer une solution possiblement efficace à court et long terme. En effet, ce genre de solution a l'inconvénient médiatique de devoir être pensée en système de solutions, longues à mettre à place, comprenant atouts et contraintes simultanément, fastidieux à expliquer à une opinion publique dont on s'efforce par ailleurs de détruire l'esprit critique depuis la casse du système scolaire jusqu'à l'organisation de référendums sans éducation préalable...

Donc, après l'établissement d'un bagne aux Kerguelen par Dupont-Aignan, voilà l'emploi de lance-roquettes en théâtre urbain par Henri Guaino, avec une deuxième couche hier... Une idée qui doit pouvoir tenir en cent quarante caractères : le nouveau jeu à côté des mots croisés dans votre journal, résumer en un tweet la proposition politicienne du jour.
Timbre récompensant les joueurs tueurs de chars dans Battlefield 1943 (studio suédois DICE, distribué par Electronic Arts via le Wikia du jeu).
Visiblement, quant Valérie Pécresse et d'autres critiquent les effets fantasmés des jeux vidéo, Guaino doit y jouer en cachette et confond jeu vidéo de tir à la première personne (FPS) et réalité.

Certes, avec son action, il mériterait ce timbre du jeu multijoueur en ligne Battlefield 1943 de 2009 où une vingtaine de joueurs peuvent s'affronter en incarnant soit des soldats états-uniens, soit des soldats japonais dans différents scénarios inspirés de batailles de la guerre du Pacifique.

Pour les collectionneurs errinophiles, il y a toute une panoplie de ces vignettes immatérielles, et pour les plus grandes actions réalisées dans le jeu : des cartes postales de propagande.
L'idée de l'élu de droite incarné par le seul timbre trouvé : Cuba, 1965 dans une série sur les armements exposés au Musée de la Révolution... (colnet.com).
Pour les simples citoyens comme moi qui s'interrogent sur les règles d'engagement des forces de l'ordre dans ces situations... Glacial... Non seulement, je m'interroge déjà sur que faire quand je traverse à pied ou en transport en commun certaines zones très foules... que je suis dans l'effroi en imaginant être cloîtré dans un lieu tenu par un terroriste et où une libération se fera par une intervention policière fournie en balles perdues...

Londres, juin 2005 et les policiers ne furent - légitimement - pas condamnés un an après. Mais quelle bouillie intellectuelle déblatérera Guaino aux familles des promeneurs tués et grièvement blessés si jamais son idée est adoptée ?

Évidemment, quelle dépense intellectuelle pour proposer et débattre - au sens noble du terme - des idées sur le renseignement, l'éducation, la relation État/musulmans de France, le rôle des forces de l'ordre dès le quotidien des faits divers, le rôle de réinsertion des peines de justice, la fermeture des grandes gueules politiciennes donc la critique des chaînes d'information permanente : peut-on vraiment gérer la Nation en cent quarante caractères, etc., etc.

Si, en plus, je rappelle qu'un problème national peut devoir être réfléchi à des échelles internationales... Employer nos impôts, nos diplomates voire nos soldats, dans certaines régions, cela éviterait-il les situations extrêmes subies par les Français ?

Juste un article qui m'a marqué quelques heures avant Nice, publié par The Guardian le matin du quatorze juillet : la famine au nord-est du Nigeria en conséquence des massacres perpétrés par Boko Haram ces dernières années... Pourquoi seule l'Organisation des Nations unies est-elle accusée dans cet article ? Et les cinq Grands ? Et les puissances pétrolières de l'Union africaine ?

jeudi 14 juillet 2016

Paris-Philex (7) : la philatélie, une histoire des empires et de la mondialisation ?

Les deux, mon commandant !

Une passion issue du dix-neuvième siècle européen.
Le collectionneur, le philatéliste, l'historien postal ou le curieux du contexte de tout cela lira avec attention le numéro d'été du mensuel français L'Histoire - dont le site web a changé d'adresse, intitulé XIXe siècle. Le monde est à nous ! La mondialisation à l'européenne.
Couverture du numéro été 2016 de L'Histoire en vente en kiosque jusque fin août (site de L'Histoire).
Le lecteur notera toutes les images d'Européens inventifs et ingénieux, pionniers même, et d'indigènes de tous les autres continents travaillant au profit exclusif des entreprises et des États européens et des colonies de peuplement établis par l'une des plus grandes dispersions de migrants de l'histoire humaine. Plus de cinquante millions vers les Amériques... Ça relativise bien des circulations récentes.

Le philatéliste fiscal notera un timbre fiscal états-unien sur une action de 1864 de la Keystone Zinc Company de Philadelphie, page cent quatorze dans un article sur « Comment la City [londonienne] a propulsé New York »... Les débuts de la mondialisation financière.

Pour ceux qui aiment remettre en cause leurs préjugés sur les personnages historiques ou les grands actes humains, ce même numéro interroge Louis XIV et sa puissance : son règne fut-il celui où le roi absolu contrôla la noblesse ? Ou obligé de veiller constamment sur les finances du royaume et sur une noblesse frondeuse à Versailles, par les arts et les (nombreuses) guerres, fut-ce celle-ci qui contrôla le devenir de la France, le roi ne faisant que suivre ?

Le numéro des Collections de L'Histoire de l'été est aussi décapant : la famille depuis les mythes bibliques jusqu'à nos jours, de la gestation pour autrui à Rome à l'hypothèse que la filiation constitue davantage les familles que le mariage.

Quel rapport entre cette lecture impériale et mondialisée du monde et Paris-Philex ?

L'histoire postale de la conquête européenne du monde : le cas aérien de l'Afrique.
Arrivé à ce septième article sur le championnat de France de philatélie de 2016, il reste encore à aborder l'aérophilatélie et plusieurs collections montrant les liaisons postales internationales tous azimuts au cours de la première moitié du vingtième siècle, quant les puissances coloniales croyaient en leur apogée durable.

Deux compétiteurs illustrent magnifiquement cela à travers l'établissement des compagnies aériennes à travers le continent africain : René Maréchal avec l'Imperial Airways vers l'Afrique du Sud (1925-1937) et Daniel Blanquerin avec Air Afrique vers Madagascar (1925-1939).
Les premières pages des collections de M. Maréchal (gauche) et de M. Blanquerin (droite) à Paris-Philex 2016.
La confrontation de leur première page respective permet de constater la diversité des approches et des présentations... La carte de M. Blanquerin permet de constater que le continent africain est maillé par les liaisons aériennes mises en place pendant l'entre-deux-guerres, mais aussi la concurrence entre les compagnies.

L'Imperial Airways, britannique, oblique fortement vers le sud-est de l'Europe pour connecter toutes les colonies britanniques depuis l'Égypte sous influence jusqu'au Dominion sud-africain. Air Afrique ou Transafricaine en 1928, après fusion de plusieurs lignes, établit un pont entre les colonies françaises d'Afrique et Madagascar.

Deux textes d'introduction et un plan qui suit une logique d'établissement progressif des lignes, chronologiquement plus marqué chez Blanquerin, plus géographique pour Maréchal. Bonus pour le premier : une bibliographie [présenter une bibliographie par contre...].

Au bilan des juges : quel empire bénéficiait des meilleures liaisons aériennes impériales ? Aucune idée. Grand vermeil pour la collection Air Afrique et deux points devant et prenant quatre points en quatre ans, médaille d'or et meilleure collection d'aérphilatélie pour Imperial Airways.

Pourquoi pas de photographies d'enveloppes ? J'en ai pas... Un peu fatigué en fin de parcours. Pourquoi placer l'aérophilatélie si loin dans l'exposition, après polaire et ouverte, et pas aux côtés de l'histoire postale ?

Une conquête créant des connections mondialisées alors surprenantes.
Pour l'histoire postale, économique et sociale, l'impérialisme des puissances européennes, le profitisme des grandes compagnies occidentales selon la grille de lecture ou la dispersion de migrants européens connectent des territoires aussi inattendus que les exemples que je vais piocher dans quelques collections.
Enveloppe oblitérée à Jérusalem, mandat britannique de Palestine, le vingt-neuf juillet 1940 pour Hanoï en Indochine française (collection Christian Abravanel, Paris-Philex 2016).
Un courrier entre une banque de France métropole et la Banque de l'Indochine à Hanoï, logique. Sûrement moins fréquent mais envisageable avec une banque d'une autre colonie française.

Mais, entre une banque de Jérusalem et celle de l'Indochine ?! Cette enveloppe est présentée par Christian Abravanel, webmestre du site du Cercle français philatélique d'Israël, dans Les échanges postaux entre civils en provenance et à destination de la Palestine entre 1938 et 1945, sur laquelle je reviendrai dans le prochain article sur Paris-Philex.

Sous l'enveloppe, il propose un planisphère des principales voies aériennes et maritimes intercontinentales encore disponibles à ce moment de la guerre où le Royaume-Uni est seul face à l'Axe.
Lettre de Kerguelen vers Le Havre, acheminée à Point Natal par un navire ravitailleur norvégien en mars 1912 (collection Alexis Cottineau, Paris-Philex 2016).
Changement de climat et d'époque : dans une collection d'« oblitérations maritimes sur Semeuse (1903-1941) », Alexis Cottineau de l'Amicale philatélique Nostradamus de Salon-en-Provence atteint les recoins du monde de 1912 avec cette enveloppe partie de Kerguelen, acheminée par un navire ravitailleur d'un compagnie baleinière (colonisation, mondialisation et environnement) vers l'Afrique du Sud pour une remise dans les circuits postaux maritimes. En trois semaines, elle est arrivée à destination au Havre.

Mais un « monde européen » éphémère voire pas conformes aux préjugés coloniaux.
En se plaçant dans l'entre-deux-guerres, la majorité des collections se situe déjà à la fin de ces empires coloniaux : à entendre clamer qu'ils sont envahis pour être « civilisés », des indigènes qui ont suivi le chemin de la « civilisation » réclament les droits qui vont avec les nombreux devoirs qu'ils leur ont été imposés, non sans violence.
Lettre portant une Marianne de Decaris illégalement surchargée « Algérie française 23 avril 1961 » (collection Égon Habé, Paris-Philex 2016).
Bien évidemment, la collection grand vermeil de l'Alsacien Égon Habé illustre ce thème de la fin des empires avec, en philatélie moderne, « la Marianne de Decaris surchargée EA » par les autorités algériennes indépendantes entre juillet 1962 et janvier 1963.

En amont, il présente des surcharges des partisans de l'« Algérie française » (mais était-il pour l'application de toutes les valeurs de la République à toute la population ?) dans le contexte du Putsch des généraux d'avril 1961 ou des actions de l'Organisation de l'armée secrète à destination des élus de métropole.

Comment les empires coloniaux ont-ils pu finir si mal ? Exploitation contre « civilisation », racisme contre valeurs, etc. Sûrement aussi préjugés et complexe de supériorité face aux cultures indigènes jugées si pittoresques... Soupir.
Lettre de Rhodes italienne pour Téhéran en mai 1933 (collection René Maréchal, Paris-Philex 2016).
Merci à René Maréchal de fournir un formidable document de la diversité humaine, dans la seconde collection qu'il présentait, « La poste aérienne en mer Égée (1929-1947) ». Pourquoi cette zone si précise ? Elle est une escale possible sur la route entre l'Europe et le Proche-Orient - un autre courrier montre les liaisons aériennes entre pays baltes et Pologne d'une part, et la Palestine d'autre part via la mer Égée.

Ensuite, car Rhodes et les autres îles du Dodécanèse sont sous contrôle italien, alors que Mussolini veut faire de l'Italie une grande puissance, ce qui passe par l'aviation sur le modèle impérial britannique et français (voir plus haut).

Maintenant, suivons grâce à M. Maréchal cette enveloppe dont le verso timbré était présenté au visiteur de Paris-Philex et le scan du recto en-dessous. Elle est expédiée de Rhodes par un dénommé Albert Israel le onze mai 1933. Elle est déposée le lendemain à Athènes (oblitération à gauche des timbres) par Aero Espresso Italiana. Quatre jours après, Imperial Airways l'emporte d'escale en escale jusqu'à Bagdad (oblitération à droite des timbres). Là, c'est une compagnie allemande, Junkers Luftverkehr Persien, l'amène à Téhéran le vingt-et-un.

Adresse transcrite en farsi et lettre parvenue à David Israël à l'École Alliance israélite universelle, institution internationale créée en France en 1860 - fondation commémorée en France par un timbre en 2010. Le courrier passe donc, d'entreprises concurrentes en entreprises, et dont les pays d'origine sont difficilement amis selon les paires constituées ; pour permettre la correspondance entre deux personnes de confession juive, dont une vivait dans un pays à majorité chiite qui, même devenu République islamique en 1979, assure une représentation politique minimale même si avec suspicion.

L'article de Wikipédia signale comment l'Alliance israélite universelle ouvrit des écoles avec le soutien des autorités perses au tournant du vingtième siècle et qui connurent une certaine popularité auprès des élites musulmanes... Peut-être car elles furent davantage françaises au départ qu'israélites et persanes par la suite ?

Une diversité postale pour une histoire de rencontres humaines variées, au-delà des intérêts géopolitiques ou commerciaux. Très beau souvenir qu'est cette enveloppe dans une collection grand vermeil et prix spécial du jury qui rejoint le long palmarès aérophilatélique de M. Maréchal depuis 1995.

À suivre...
Encore un article sur les collections de Paris-Philex : comment la Seconde Guerre mondiale inspire les collectionneurs.

lundi 11 juillet 2016

L'Europe philatélique et postale : du goéland proBrexit à la généreuse Suisse

Parce que, même avec Google Actualités, il reste difficile de recevoir toutes les nouvelles philatéliques et postales du monde, il est fort utile de consulter nombre blogs et forums, notamment la revue de presse du samedi neuf juillet par MargoZ sur StampBoards.com.
Brexit : la Home Guard prête à repousser l'invasion européenne ! (Lonely Planet via The Daily Mail). Explication en fin d'article.
France : Les enveloppes d'expédition gratuites britanniques sont-elles valides depuis la France ?
La version française de The Local, site d'information pour les expatriés britanniques, rapporte le mardi sept juin (trouvé grâce à MargoZ) que plusieurs Britanniques se sont heurtés au refus de postiers locaux d'accepter leur enveloppe de vote par correspondance en « réponse payée » comme indiquée sur l'enveloppe, les forçant à affranchir d'un euro l'envoi.
L'enveloppe fournie aux électeurs britanniques par correspondance (The local.fr).
 Comme dans le cas breton, un cadre de La Poste a dû rappeler qu'il y a bien un accord entre le gouvernement britannique et les postes européennes sur ces envois. Décidément, ce référendum sur l'Union européenne au Royaume-Uni a stressé et stressera bien du monde.

Oh là là...

Jersey : crime de lèse-Premier Ministre ?
L'auteur du blog Commonwealth Stamp Opinion s'interroge, hier dimanche dix juillet, si le graphiste d'une feuille de timbres-vignettes commémoratives n'a pas exprimé un point de vue politique dans sa création pour Jersey.
L'objet du crime se trouve entre les deux blocs de dix timbres et leurs vignettes (jerseystamps.com).
Le service philatélique de l'île Anglo-Normande marque ainsi, depuis le lundi vingt-sept juin, le centenaire de la bataille de la Somme avec ce collector (comme le nommerait La Poste française) de deux blocs de dix timbres avec en vignettes des photographies d'époque.

En arrière-plan, une photographie des tombes des soldats britanniques au mémorial de Thiepval, notamment en gros plan, entre les deux blocs, du soldat T. Blair, tué le quinze juillet 1916...

Comme dans Tony Blair, ancien Premier Ministre qui doit actuellement répondre aux conclusions d'un rapport - par John Chilcot rendu mercredi dernier - sur les causes de l'invasion de l'Irak en 2003 ?

Guernsey : plus léger, plus commercial avec Postcrossing.
Le même auteur de blog signale également la deuxième émission, après celle de mai 2014, que consacre l'autre Anglo-Normande au site d'échanges de cartes postales à l'aveugle, Postcrossing. Ce qui me permet de compléter le catalogue thématique hébergé sur SebPhilately.
Les deux timbres, tarif européen et reste du monde : Guernsey stylisée (guernseystamps.com).
N°25 (GGY n°2 et 3) : 14 juillet 2016, par Guernsey Post, deux timbres à valeur d'usage (Europe et Reste du monde) créés par Sue Harmon. Europe : profils d'îles du Bailliage (dont Sercq/Sark et Herm) entourés de vagues, de poissons et d'un oiseau, sous les rayons solaire. Reste du monde (ROW) : mêmes éléments vus depuis une prairie sur l'île, avec insecte et papillon. Et l'exclamation : « Happy Postcrossing ». Imprimés chacun en feuille de dix, en offset par Lowe-Martin.

Note : la numérotation du catalogue sur Sebphilately a été corrigée pour les émissions de mars 2016, découvertes à la volée. Les articles correspondant sur SébPhilatélie n'ont pas été modifiés.

Suisse : encore une poste qui baisse ses tarifs !!!
Certes, l'United States Postal Service a baissé ses tarifs intérieurs en avril dernier, mais sous la contrainte d'un accord de trésorerie avec le Congrès des États-Unis.

En Suisse, c'est le volontariat de La Poste Suisse et de son autorité de régulation depuis 2014 qui étonnera au premier janvier 2017 : les clients particuliers suisses vont profiter des évolutions négociées au-dessus de leurs têtes.

Trouvée par MargoZ et retrouvable sur le site de la Confédération helvétique en date du cinq juillet, l'information continent des choses ahurissantes pour des Français et bien d'autres :

Les lettres épaisses hors gabarit seront considérés comme des lettres avec un surcoût et plus comme des colis, ce dont les entreprises profitaient déjà. Les expéditeurs de petits livres, de disques numériques apprécieront.

Le timbre commandé par sms va baisser de vingt centimes et être au même prix que l'affranchissement habituel (un franc suisse, soit un peu moins d'un euro), ce qui peut bousculer l'histoire postale contemporaine suisse avec plus de codes écrits au stylo au lieu de timbres ou de marques de port payé.

Enfin, comme en 2014, chaque ménage suisse recevra deux timbres d'un franc !

Dans un résumé du treize juin sur la desserte postale, le gouvernement communique également un bilan des négociations variées sur les économies et réformes réalisables en ce domaine : boîtes collectives, horaires ou fermeture de bureaux... Le consensus entre La Poste et les autorités locales paraît être LA priorité, d'où des changements à la marge ce qui peut expliquer la chèreté du tarif A.

Portugal : Mundifil, la renaissance du catalogue Afinsa.
Disparu dans les affres d'un scandale de placements financiers fondés sur des lots de timbres-poste, le catalogue Afinsa est réapparu il y a quelques mois, signale un StampBoarder attentif. L'éditeur Mundifil a repris l'activité.
Couverture du phénix portugais (Mundifil via Théodore Champion).
Ainsi, en 2015, il y a eu la septième édition du catalogue des colonies portugaises et un trentième catalogue du Portugal qui me semble - vu le prix bas - avoir seulement listé les émissions entre 2000 et 2014, pendant la période d'éclipse.

Cette année, c'est le trente-et-unième catalogue complet du Portugal, des Açores et de Madère qui est apparu chez Théodore Champion en France, Nordfrim au Danemark, etc.

Quant au scandale, Google Actualités vous aidera à voir que les épargnants espagnols continuent à manifester pour que justice leur soit rendue.

Royaume-Uni : une envie de phosphorer ?
Norvic Philatelics signale que, depuis l'automne 2015, le fournisseur de produits phosphorescents pour les timbres britanniques a changé, modifiant la luminescence constatée.

En ce début juillet, le marchand britannique fournit une liste des timbres Machin portant un code de sécurité de 2015 qui existe dans les deux versions de phosphorescence, avec la date d'impression des premières versions avec la nouvelle luminescence.

Même si lui-même n'a pas encore étudié son stock pour les proposer séparément à la vente... Les spécialistes du Machin vont pouvoir retravailler cet été une partie de leur collection.

Pour ceux que la collection d'Olivier Gervais à Paris-Philex a attiré vers ce domaine obscur... Oui, éteignez la lumière pour étudier vos timbres avec une lampe à ultra-violet adaptée au pays étudié. Pour rappel, Olivier avec Dominique Sellier ont précisé en avril dernier le vocabulaire de cette spécialité (résumé en anglais sur SebPhilately par ici).

Brexit : le Royaume-Uni et sa défense par le goéland.
Un fait divers dans le nord-ouest de l'Angleterre prouve que les europhobes britanniques disposent déjà d'un moyen d'empêcher la prochaine invasion en provenance d'Europe : le goéland.

Qui a déjà tenté de pique-niquer sur une plage anglaise ou de manger une glace à Brighton le sait : en France, nous avons des pigeons gras, les Anglais des goélands carnassiers.
Le courrier passera ! Euh, enfin... (Royal Mail le mardi cinq juillet repris le huit par The Daily Mail).
Nulle surprise donc que le Daily Mail rapporte qu'un facteur a inscrit "Seagulls" comme danger empêchant de délivrer le courrier d'une rue de Maryport, le mardi cinq juillet dernier.

samedi 9 juillet 2016

Paris-Philex (6) : tout se collectionne

Ah ! La classe ouverte, la benjamine des classes compétitives, la petite préférée des expositions de la Fédération française des associations philatéliques pour relancer la passion vers de nouveaux groupes... Sûrement celle dont j'ai ouï les mots les plus durs au hasard des discussions aux comptoirs des marchands, faisant passer mon ironie pour une infusion du soir sucrée au miel.
Ah ! Le pain moisi de Philippe Nadeau... dont les oreilles doivent siffler depuis des mois d'expositions... Les légendes montrent pourtant de la recherche postale et fromagère pour une classe ouverte mycologique ; grand argent (collection Philippe Nadeau, Paris-Philex, mai 2016).
Dans la centaine de collections exposées à Paris-Philex, j'ai très peu accroché par goût spontané (oui, je sais, j'ai tort...) à certaines classes. Les thématiques où le sujet encyclopédique paraît en apparence plus important que l'intérêt philatélique et postal des pièces exposées : thématique donc, cartes postales, polaire, errinophilie et classe ouverte.

Bien entendu, étant français : « L'exception qui confirme la règle » s'applique.

En classe ouverte, c'est à qui aura l'objet collectionnable qui marquera le plus les juges et les visiteurs. Philippe Nadeau et champignons sur pain fermenté pour illustrer la découverte du roquefort a - très négativement - marqué l'esprit de nombreux « philatélistes sérieux » outrés, à côté desquels le Capitaine Haddock a le vocabulaire (collectionné par Albert Algoud) d'un enfant de chœur.
Non, ce n'est pas un panneau entier de la collection de M. Nadeau réalisé à partir de lait cru empli de champignons : c'est du Jean Dubuffet de 1946 exposé au Centre Pompidou. Ingrédients : huile, gravier, sable, filasse... à vomir ? (Jean Dubuffet, Michel Tapié soleil, 1946 ; Centre Pompidou, Paris).
Oui, la légende ci-dessus indique que j'ai bien fait le lien entre classe ouverte et art contemporain, même si des écoliers et collégiens qui animaient les couloirs de l'exposition permanente du Centre Pompidou, pendant la Nuit des musées, le samedi de Paris-Philex, rendaient accessibles des œuvres contemporaines.

Voilà un moyen de faire revenir des scolaires dans les salons philatéliques parisiens ? Pour animer les travées des collections de classe ouverte après qu'ils les aient étudiées en classe ? Je pense qu'ils adoreraient découvrir la philatélie ainsi et ça stopperait sûrement les visiteurs devant ses collections au-delà des réactions épidermiques du classique contre le moderne.

Retour à une collection plus acceptée comme telle.
L'Appel du dix-huit juin 1940 sur affiche de résistance et sur disque trente-trois tours (collection Yves Lehmann, Paris-Philex 2016).
Yves Lehmann rappelait, dans Charles de Gaulle, premier Résistant de France - oh le titre polémique en historiographie... - qu'il est des collections qui semblent mourir à petit feu avant de flamber de nouveau tel le phénix : les disques vinyle que tous croyaient disparus avec les disques numériques (cd, dvd, bluray, etc.) : le besoin de jouer sur le déroulement du disque à la main des disc jockeys de la musique électronique, l'envie de posséder un objet qui ne sera jamais technologiquement obsolète (pourra-t-on encore lire cd et dvd quand les abonnements par internet seront monnaie courante - aux sens figuré et propre de l'expression ?).

Forcément, on comprend aisément pourquoi les nouvelles classes compétitives ont adopté le format A3 pour mettre en valeur ces objets. Grand vermeil pour l'ensemble de la collection de M. Lehmann.

J'ai oublié de photographier la grande plaque que Daniel Hermann a placé dans L'Olympisme, la bataille perpétuelle des rénovateurs, mais j'ai pu voir le juge expliquer son évaluation au compétiteur : déjà que cette collection avait une problématique dépassant les Jeux olympiques au sens strict, la plaque et son emplacement ont montré l'esprit d'initiative de M. Hermann, vermeil, qui présentait trois collections sur l'olympisme.

Revenons à la faune qui nous entoure.
Oui, c'est comme le pain moisi, mais avouez que nombreux nous sommes à quêter les traces que laissent les animaux dans la nature... Trace au sens historien du terme : tout ce que laisse l'animal (collection Danielle Jonquet, Paris-Philex 2016).
Retour aux collections où le thème étudié paraît dépasser l'aspect philatélique : le Plaidoyer de l'éléphant par Danielle Jonquet. Contrairement aux Étranges et mystérieux champignons de Philippe Nadeau, je n'ai pas entendu de commentaires ciblant les éléments collectionnables de l'éléphant : poil et morceau de peau de sa queue (Aucun animal ne fut blessé dans la réalisation de cette collection)... et des excréments.

...

Non, tous les anti-classe ouverte se sont focalisés sur le pain moisi.

Si, comme pour la collection de M. Nadeau, on prend la peine de lire les légendes entourant les déjections séchées et sous plastique, on apprendre des choses intéressantes : un des buts des collections thématiques.

J'applaudis donc Mme Jonquet, grand vermeil, mais l'implore de ne plus montrer cette collection à proximité d'officiels de Phil@poste. À cause d'elle, avec Joëlle Almafitano comme juge classe ouverte, ne risquons-nous pas une série annuelle de timbres technologiques : Les Animaux comme ils sentent ?, voire - et j'espère que M. Nadeau s'en rend bien compte - des timbres à fermenter pour humer des effluves de fromages français après quelques jours en milieu chaud et humide.

Je délire ? Nous parlons de Gil@poste là, tout peut arriver.

Retour aux humains... si ce mot peut s'appliquer aux nazis.
Carte allemande de propagande anti -britannique utilisée en 1943 à Cracovie, alors dans le Gouvernement-général de Pologne (collection Gérard Calvi, Paris-Philex 2016).
Une preuve que, malgré mes a priori, je me suis intéressé aux collections thématiques, cartophiles et errinophiles : cette carte postale présentée par Gérard Calvi dans une chronologie de la Seconde Guerre mondiale, médaillé grand argent.

À l'emplacement du timbre est imprimé une caricature du Premier ministre britannique Winston Churchill, un bateau de guerre détruit sur la tête, avec le mention « Wert keinen Pfennig », ne valant aucun centime. Elle fut envoyée pour la Suisse le vingt-six septembre 1943 à Cracovie, en Pologne occupée.

Promis, je passerai plus de temps parmi ces collections la prochaine fois.

mercredi 6 juillet 2016

Journalisme à géométrie variable en Bretagne

Pour une fois défendons La Poste.

Avant-hier mardi cinq et hier mercredi six, un journal quotidien régional Ouest France et une radio généraliste nationale Europe 1 proclame qu'un courrier en langue bretonne est considérée comme de la « propagande » par La Poste... Diantre !

La victime raconte comment son envoi en nombre de plaquettes de présentation de théâtre en breton à destination d'écoles, a été retardé à cause de la langue de composition, à l'approche du début des vacances scolaires, donc des inscriptions espérées, mardi après la classe.

Dans les deux cas, la version des faits par La Poste est limitée à la victime rapportant les justifications de l'employé du bureau d'expédition... et pas celle du service qui a demandé la traduction du prospectus en français.

Bel exemple de journalisme objectif et absolument pas racoleur, du genre à mal expliquer l'Union européenne à un public britannique... Non, non.

Reprenons avec l'aide de la lecture du Télégramme de Brest du lundi quatre juillet (ah, le premier publieur) qui cite explicitement le courrier de la victime et qui a contacté la direction de La Poste.

1 : Donc, dans la seconde moitié de juin, cette membre d'association théâtrale décide de faire connaître aux écoles ses activités subventionnées par le Conseil régional de Bretagne... Attendre les toute dernières semaines de l'année scolaire n'est pas très prévoyant... Beaucoup d'écoles ou de mairies ayant déjà bouclé et budgeté la liste des projets de l'année scolaire 2016-2017.

2 : Les connaisseurs des tarifs postaux connaissent les envois en nombre, affranchis de timbres préoblitérés ou de marques d'affranchissement imprimées. Ils savent également comme en témoigne la victime que l'expéditeur doit respecter des règles et fournir un « courrier type » : contenu strictement identique et respectant certaines règles (prospectus n'est pas livre marchand n'est pas propagande politique).

Qu'une direction bretonne de La Poste ait fait du zèle pour déterminer que les prospectus étaient bien une information culturelle, commerciale, licite et non politique... Zèle au sens de demander au client une traduction complète quand un logiciel de reconnaissance de caractère, souvent fourni avec une imprimante-scanner, et Google Traduction auraient évité tout ce cinéma.

Certes, cela a retardé l'arrivée du courrier, mais 1 : il fallait s'y prendre un peu plus tôt, 2 : vu le tarif, combien de jours pour la livraison de toute manière ?

3 : Malgré une connotation négative dans le langage courant, le mot « propagande » reste synonyme de « publicité » en langue française, encore aujourd'hui quand il s'agit pour des partis et des associations de convaincre des citoyens. Inutile de sortir les chapitres de brevet des collèges sur le bourrage de crânes de la Première Guerre mondiale, le stalinisme voire le nazisme.

Nul besoin de monter sur ses grands chevaux pour l'une (elle aura des appels d'écoles à partir de mi-août), et, même s'il y a excès de zèle de la part de l'autre, rien ne justifie que deux journalistes copient-collent sans appeler l'entreprise mise en cause.

Article écrit fièrement en français de France dans la région du Languedoc montpelliérain (oui, j'avoue mon côté méridional : je ne connais qu'un seul « o », méconnais le « è » et prononce toujours des demi-« euh » en plus en fin de mot:).

mardi 5 juillet 2016

Souvenir Annigoni de Stampex 1963

Dans les achats à Paris-Philex en mai dernier, chez le marchand danois JF-Stamps, prix SébPhilatélie du marchand 2016, voici un souvenir disponible aux visiteurs du salon Stampex de Londres, du quinze au vingt-trois mars 1963.
Le souvenir du dixième Stampex  de1963 avec mon sourcil accidentellement intégré : vous serez prévenu si ce scan finit sur un site de ventes.
Une magnifique décomposition de l'impression en six couleurs par Harrison & Sons du vingt dollars de la deuxième série d'usage courant du règne de la Reine Elizabeth II, utilisé à Hong Kong du quatre octobre à juin 1973. Elle faisait suite à la première inspirée de l'émission victorienne et réemployée sous George VI, et lui succéda la florale reprise de l'effigie monétaire.

L'illustration est une adaptation du portrait que l'Italien Pietro Annigoni réalisa en 1956 et qui a servi, en pied ou, comme ici, seulement le buste sur de nombreux timbres-postes et billets de banque du Commonweath britannique.

Le timbre d'un dollar trente cents.
Pour les amateurs des portraits de la Reine Elizabeth II, le Daily Mail en avait repris de nombreux lors de l'exposition The Queen: Art and Image (site encore ouvert) à la National Portrait Gallery de Londres en 2012.

dimanche 3 juillet 2016

By Mörck : un papillon de la Suède à la Chine en passant par le Groenland

L'auteur et éditeur d'art danois Jon Nordstrøm a récemment publié son entretien résumant son suivi pendant quelques mois de l'artiste et graveur norvégien, né et résidant en Suède, Martin Mörck, probablement le plus prolifique graveur de timbres-poste vivant depuis la disparition du Polonais Czesław Słania.
Mais pourquoi choisir la gravure d'un soldat chinois pour la couverture ? Parce que la philatélie et Mörck sont à la mode en République populaire (éditions Nordstroms via Nordfrim).
L'ouvrage très épais accorde une grande place aux reproductions d'une partie des timbres créés et gravés par Mörck (huit cents environ actuellement), et également aux photographies des moments de sa vie ou de pièces de ses collections personnelles.

Depuis sa naissance en 1955 au sein d'un couple d'artistes de Göteborg, Martin a accumulé simultanément une attitude très libre, d'apparence désinvolte même, envers les cadres de la société : l'école bof, des études entamées jamais terminées - pas même quand il suit l'école d'art où travaille son père, des emplois un temps allant de lâcher toutes études pour travailler sur un bateau de pêche... signer un contrat de graveur avec la poste suédoise pour y renoncer illico car il ne souhaite pas travailler dans un bureau imposé... Voire se lancer dans des explorations de plusieurs semaines aux îles Féroé avec sa petite amie et une moto qui n'y survivra pas, et au Groenland.

Pourtant, ce parcours - qui donnerait des suées glaciales à des parents de futurs bacheliers français - n'a pas empêché de donner au monde un artiste et graveur formidable, bourreau de travail, mais également un artisan capable de fabriquer un bateau en bois selon les techniques anciennes. Les passionnés de Mörck pourront chercher une scène de stade sportif où il s'est représenté tenant une maquette de son bateau d'alors dans les bras.

Désinvolte ou spontané et chanceux ?

L'artiste le répète à plusieurs reprises : il doit sentir les choses dans ses mains. La chance a aidé : la poste suédoise, au lieu de se braquer, le renvoie pour l'employer en free lance, à la tâche selon les besoins. Lisez et vous saurez comment il fut découvert ou découvre les postes de « petits pays philatéliques » européens : le Groenland et Mörck, le sujet d'un livre entier...

Et, même à soixante ans, il garde cette spontanéité à la fois désarmante et profondément humaine : quand la poste de la République populaire de Chine lui confie une émission sur les grands compositeurs de musique classique, il accepte. Quand elle veut qu'il devienne leur graveur attitré, ne voilà-t-il pas que Mörck propose plutôt de former des artistes chinois à la gravure ! Il a encore des projets avec la poste chinoise, mais celle-ci peut désormais travailler avec des graveurs nationaux grâce au fantasque Scandinave.

Les philatélistes et historiens postaux étudieront quelques enveloppes et timbres oblitérés de la collection très spécialisée de Mörck : le premier timbre de Norvège ayant servi pour une liaison par bateau entre deux ports norvégiens ?!!

Le livre en anglais se compose donc d'un entretien entre Nordstrøm et Mörck dans son studio d'artiste sur une île suédoise, concluant apparemment plusieurs semaines de préparation. Assez inattendu dans notre époque de médiatisation hyper-contrôlée, l'entretien est transcrit tel quel, pauses, hésitations, recherche de ses mots comprises...

Un très bon ouvrage qui vient compléter mon début de bibliothèque d'artistes du timbre.


Truc et astuce : entre l'annonce de la sortie du livre dans Timbres magazine de mai 2016 et mon achat, je me suis inscrit à la newsletter du marchand Nordfrim en attendant. Surprise, au bout de quelques semaines, un code-bon d'achat de dix euros me fut envoyé qui compensa largement les frais de port (cinq euros).


Mise à jour du mardi trois décembre 2019 :
Le dix-huit septembre 2019, Radio Chine Internationale a diffusé un reportage sur Dong Qi, graveuse de la l'imprimerie de la poste chinoise, une des dix graveurs formés par Martin Mörck, comme évoqué dans le livre By Mörck. Information repérée sur Twitter grâce à Agnieszka Trzaskowska de la poste polonaise.