Avec la publication de ses comptes par le Groupe La Poste, les médias français se repenchent sur l'évolution du courrier du premier janvier 2023 et les nouvelles missions des facteurs pour rentabiliser leur tournée quotidienne sous le prétexte de la disparition du service prioritaire (« le timbre rouge »).
Ainsi, dans Le Figaro du vingt-quatre février, Cécile Crouzel résume ces changements depuis l'établissement de La Poste en entreprise jusqu'aux objectifs de 2030 avec le pic des années 2010-2020, suivi d'un entretien avec le président du groupe. Pédagogique pour les lecteurs loin du courrier et de La Poste au quotidien, mais peu de contre-points aux dires de Philippe Wahl qui affirme ne pas abandonner les communes rurales grâce à la sous-traitance des agences postales aux communes et commerces...
Le vingt-sept, Lucas Panavergne s'interroge dans Marianne sur l'identité nouvelle de La Poste et des facteurs avec la multiplication de ces services, de proximité certes, mais non postaux : visite des personnes âgées avec petites livraisons, portage de repas à domicile, transport des déchets carton et papier d'entreprises, et sous-traitance au nom des communes du recensement de la population de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE).
Citant les doutes syndicaux, le journaliste signale que La Poste entre ainsi en concurrence face à ou en intervention à la place d'autres entreprises ou institutions... Particulièrement se pose la question de la compétence médicale lors des entretiens prévus lors des visites contractuelles chez les seniors.
Un point fort intéressant pour Le Figaro, le souci de la comparaison avec un autre opérateur historique. Sophie Secong explique comment Poste Italiane tente de sauver son activité comme La Poste tout en proposant des solutions aux communes rurales les plus isolées.
Ce projet Polis est la combinaison de deux idées. La première rappelle les Maisons France services, de son nom complet : Projet Polis - Maisons de services de citoyenneté numérique. L'idée est que les agents présents localement permettent de former les habitants de ces communes à accéder aux services essentiels en ligne. En deuxième, ouvrir deux cent cinquante espaces de cotravail, dont quatre-vingts en petites communes, pour offrir des lieux équipés à tous les acteurs qui n'ont pas les moyens de louer de tels espaces ou en ont un besoin ponctuel.
Tout cela permet à Poste Italiane de rentabiliser les espaces de ses bureaux alors que la réception, le tri et l'expédition du courrier y prend de moins en moins de place. La Poste de Côte d'Ivoire pratique la même politique commerciale quand on lit son fil Twitter sur une durée de quelques semaines : location d'espace de travail au sein des bureaux notamment près de campus universitaires, déménagement avec ses camions, accès aux services publics numériques et commandes de documents administratifs, inscriptions à l'école (entiers postaux compris), aux examens et acheminement de mémoires universitaires...
Ne vous moquez pas : n'est-ce pas la mission de Docaposte, filiale de La Poste, qui gère la logistique courrier et impression du Tour de France cycliste, ainsi que les serveurs d'Index Education, acheté en 2020 et créateur de ProNotes, un des principaux logiciels de gestion scolaire.
Pour le déménagement postal, qu'est-ce que tous les services trouvés par Wahl à part un moyen de rentabiliser les distances et temps de parcours des postiers et de leurs véhicules ? Les caméras sur le toit des voitures postales contre rémunération des conseils départementaux (Geoptis)... Le facteur-recenseur de la population dans trente-neuf communes en 2023...
À moins que la population ne se remettent à correspondre par écrit en masse, à pratiquer le Postcrossing pour correspondre avec le monde entier, à s'abonner à de sérieux magazines imprimés, ..., il faudra bien que les journalistes et leurs lecteurs-citoyens s'habituent à la démultiplication de ces services.
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