dimanche 27 octobre 2024

Restitution de prises de guerre marcophiles au Musée de La Poste française

 Le mardi vingt-deux octobre 2024 à Paris, le Musée de La Poste a officiellement recueilli et présenté au public deux cents seize timbres à date restitués par le Museum für Kommunikation Berlin, héritier du Reichspostmuseum (1872-1945) et du musée postal de la République démocratique allemande (années 1960-1992).

Quelques timbres à date sur l'invitation dans le mail d'invitation aux abonnés de la liste de diffusion du Musée de La Poste (merci à @Postes73 via Twitter).

Les médias régionaux du département de la Moselle et de la région Lorraine se sont intéressés à cette remise, car la majeure partie de ces cachets d'oblitération proviennent du département renommé Lothringen que le Reich allemand a annexé de 1870 à 1918 et de 1940 à 1944.

Le plus complet en termes marcophile, historique et muséal, est un article signé Robin Schmidt des deux radios locales France bleu Lorraine daté du lendemain, avec précisions de Perrine Brisson, chargé de conservation au Musée de La Poste.

Photographie de la cérémonie par Chloé Michalak, chargée de presse La Poste Grand Est, et reproduite dans l'article de France Bleu Lorraine.

Lors de la campagne de l'Ouest ou de France du printemps 1940 et à son terme avec l'armistice du vingt-deux juin, les trois départements alsaciens et mosellans sont annexés à l'Empire allemand. Les timbres à date des bureaux de poste, ainsi que d'autres représentations de l'appartenance à la France, sont confisqués et, probablement comme trophées et prises de guerre, envoyés dans les musées de Berlin.

C'est ainsi que le directeur du Musée pour la communication de Berlin et ses homologues parisiens interprètent les événements entre 1945 et la réunification allemande. Une partie des timbres à date confisquée a dû être fondue pour l'économie de guerre ; ceux restitués ont retrouvé dans les décombres du Reichspostmuseum, dans une capitale prise par l'Armée rouge.

Dans le musée postal reconstruit de la République démocratique d'Allemagne, antithèse du nazisme, ces timbres à date semblent oubliés jusqu'à la réunification qui permet, dans un pays décentralisé, de créer un nouveau musée fédéral de la communication aux côtés de ceux de Francfort-sur-le-Main (ville-siège de la poste ouest-allemande) et de Nuremberg. Le musée de Berlin ouvre en 2000.

Ces timbres à date usés par le temps passé sous les décombres, puis sûrement mal conservés, sont restaurés et en 2018, le musée berlinois cherche à les restituer à son propriétaire selon la loi allemande en vigueur. Surprise côté allemand, comme côté français : voici l'unique (ou rarissime) restitution de biens d'entreprise après leur vol par le régime nazi, sans être lié à la spoliation des victimes juives des politiques nazies et de leurs alliés de l'époque.

Les timbres à date vont être intégrés à la collection permanente du Musée de La Poste.


Sur l'histoire des musées postaux allemands du Reichspostalmuseum au Museum für Kommunikation Berlin, voir l'article sur la Wikipédia en allemand, ainsi que les articles sur ceux de Francfort, Hambourg (fermé) et Nuremberg, ainsi que celui sur la Fondation muséale qui les finance et gère au nom des administrations et entreprises concernées.  


Compléments du samedi deux novembre 2024 :

Le court communiqué de presse de la Commission pour la restitution des biens et l'indemnisation des victimes de spoliations antisémites (CIVS) en date du vingt-cinq octobre 2024 et mis à jour le trente suivant. L'institution est liée aux services du Premier Ministre français et est établie depuis 1945 sous différents noms et missions depuis.

Ce communiqué précise que les cachets non mosellans sont des départements de Meurthe-et-Moselle du Nord. La nature des cachets sont civils des bureaux de poste, avec quelques-uns de la poste ferroviaire et de la poste militaire.

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