mardi 3 août 2021

Nouveautés postales de juin-juillet 2021 : plastique et douane

 Depuis début mai pour l'une et début juin pour l'autre, deux nouveautés marquent mon courrier en provenance de l'étranger - et par la lecture de forum de collectionneurs le courrier à destination du Royaume-Uni. L'une étant douanière, on penserait que les médias généralistes l'auraient largement évoquée... mais, en Europe, elle s'est entre-mêlée avec la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne...

Ainsi, avec les enveloppes de périodiques auxquels je suis abonné, voici ma compréhension de ces phénomènes.

Depuis début juin, les nouveaux films d'emballage du magazine Spirou en papier : c'est écrit dessus.

Le plus simple paraît être le passage à l'emballage environnementalement correct : depuis début juin 2021, le plastique dérivé de pétrole paraît être désormais banni comme matériau d'enveloppement des magazines et revues envoyés par voie postale.

Message apparu dernièrement sur la feuille d'expédition de Gibbons Stamp Monthly concernant la nature de l'emballage « plastique » qui enrobe le mensuel.

L'hebdomadaire de bandes dessinées Spirou est passé du film plastique au « papier recyclable » comme imprimé dessus, donc à jeter dans la poubelle dédiée. Côté britannique, Gibbons Stamp Monthly indique que son nouvel emballage en amidon de pommes de terre est compostable.

... Britannique ? Oui, aussi, donc j'imagine que ce changement est issu de la réglementation de l'Union européenne[2] contre les plastiques à usage unique. Que le Royaume-Uni a maintenu malgré la sortie : soit parce qu'il était obligé de l'imposer à ses entreprises tant qu'il était membre de l'Union (31 janvier 2020) puis temporairement du Marché unique (fin le 31 décembre 2020), soit parce que ce pays exportateur de plastique jeté[1] a compris son intérêt de réduire le problème des déchets à la source.

Plusieurs autres expéditeurs de publications sont passés du plastique à l'enveloppe papier standard.


Cependant, ce changement a eu lieu en même temps qu'une modification des règles de déclaration douanière sur les achats à l'étranger.

Enveloppe en papier désormais pour le numéro de juin 2021 du London Philatelist avec déclaration douanière CN22.

Là, c'est la revue de la Royal Philatelic Society London qui illustre le double changement. Le numéro de mai 2021 est encore sous film plastique mais la fiche postale porte désormais une déclaration douanière CN22. Le mois suivant (illustration ci-dessus), passage à l'enveloppe papier et collage d'une déclaration. Et, début août, pour le numéro estival :

Pour le numéro juillet-août 2021, plus de déclaration douanière.

, la déclaration douanière a disparu. 

Le changement d'août étant peu surprenant : les magazines de kiosque britanniques n'avaient pas inclus cette déclaration au printemps. La Société philatélique royale a dû préférer la prudence face à une incompréhension assez générale.

Car, le problème provient d'une nouvelle règle imposant depuis le premier juillet 2021 de déclarer en douane la valeur de tout envoi à destination de l'étranger sans plancher de valeur alors qu'auparavant il y avait une tolérance en-dessous d'une certaine somme.

Mes lectures au fil de l'eau - entre les rares conseils aux consommateurs de la presse régionale et les interrogations sur les forums de collectionneurs - sont insatisfaisantes et demanderaient une exploration de sources institutionnelles et professionnelles pour comprendre l'origine du changement et envisager la part du Brexit pour les envois entre Espace économique européen (le Marché unique étendu à quelques voisins) et le Royaume-Uni, faute d'accord de libre-échange de même niveau que le Marché unique.

Tantôt, c'est la réglementation de l'Union européenne qui aurait changé, permettant aux États-membres de trouver des ressources fiscales et de mieux contrôler les importations en espérant que les expéditeurs dédouanent à l'envoi - ce que les fiscs britanniques et européens espèrent beaucoup pour fluidifier les échanges post-Brexit.

Tantôt ce serait un changement dans les règles communes décidées au sein de l'Union postale universelle... Je ne suis pas allé voir les institutions internationales des douanes, administrations étatiques qui auraient pu insister sur l'uniformisation à tout envoi à l'échelle mondiale.

Une règle si mystérieuse que le service philatélique espagnole a placé une déclaration CN22 sur un envoi circulant au sein du Marché unique en avril dernier...

Par-dessus, en Europe, s'est ajouté le Brexit : tous les exportateurs d'Europe et du Royaume-Uni ont découvert les formalités douanières que le Marché unique avait supprimé. Plus le fait qu'il existe deux formulaires selon les cas : CN 22 et CN 23... avec forte incitation à le remplir en ligne.

Sur le forum philatélique anglophone StampBoards, cette nouvelle règle s'est immédiatement focalisé sur les envois et réceptions britanniques. Outre la déclaration de valeurs, c'est surtout qu'il faut désormais à l'État britannique définir les taux de taxation selon les objets... dans un contexte euro-britannique où les usagers n'ont plus l'habitude de gérer ce genre de tracas.

Les images ci-dessus montrent la perplexité des expéditeurs au printemps quant les consignes ont été diffusées. Le magazine offert aux membres de mon association est-il à déclarer ? Mon envoi habituel au sein du Marché unique doit-il être déclaré ?

Pour le dernier cas espagnol d'avril 2021 (illustration), on notera qu'ensuite en juin, ni la poste portugaise, ni Royal Mail n'ont placé de déclaration CN22 à mes commandes de timbres. Ce qui rassure au sein de l'Union, mais qui interroge sur les relations commerciales avec le Royaume-Uni : cette tolérance vaudra-t-elle pour la commande d'un livre, de chocolats d'artisans, de disques vynil ?

Étiquette postale et déclaration douanière sur colis des États-Unis pour la France, en date du vingt-quatre septembre 2020.

Surtout quand la réputation des commandes hors-Union européenne est d'être une loterie mystérieuse.

À part le distributeur Amazon et quelques vendeurs prudents des plates-formes de type eBay qui vous font avancer les frais de dédouanement (et rembourse le trop-perçu ensuite), l'arrivée d'un colis non dédouané lointain peut être rapide comme celui illustré de septembre 2020 : trois double albums vinyl tout de même.

Alors que je n'ai jamais vu la couleur, ni même la facture de La Poste pour un colis de valeur équivalente saisi par la douane française à l'été 2019 et pour lequel je n'ai jamais compris pourquoi La Poste n'a jamais laissé un avis de passage avec cause et montant du dédouanement... Oui, le centre de distribution de Saint-Jean-de-Védas, c'est de vous dont je parle : je vous adore habituellement, mais pour ce colis états-unien de 2019, pourquoi me laisser un message téléphonique demandant à être rappelé téléphoniquement sans jamais répondre audit numéro... ni laisser d'avis de passage !!! >:(


Bref, ma fainéantise m'empêchant d'aller explorer les archives de l'Union postale universelle, de la Commission européenne, des douanes de quelques pays, ou les publication des professionnels de l'expédition, j'attendrai que les rubriques d'aide aux consommateurs ou la presse économique expliquent lorsqu'il y aura un ras-le-bol des particuliers européens expéditeurs ou destinataires quand les livraisons seront retardées et rendues fort coûteuses.

En attendant, tout cela risque de m'inciter à passer par des entreprises pratiquant le dédouanement pour les achats britanniques... donc les plus grosses... donc Amaz... Sauf si les commerces indépendants signalent clairement que le dédouanement est tarifé au départ et ne sera pas une surprise à l'arrivée.


[1] : Ne jetons pas la pierre de suite aux Britanniques : pourquoi, d'après vous, le bannissement du plastique jetable a débuté il y a quelques années en commençant par les sacs de supermarché ? À l'époque, c'est la République populaire de Chine qui a mis le holà sur l'importation de plastique jeté étranger par ses industries ayant besoin de matières premières... Étrangement, ce problème issu des Trente Glorieuses (bouteilles en plastique, sur-emballage, etc.) a trouvé une solution politicienne extrêmement rapidement... en dehors de quelques marchés exportateurs et de malheureux habitants de pays importateurs. Preuve que les politiciens libéraux savent faire dans l'« écologie punitive » quand ça leur convient.

[2] : Ajout du lendemain, mercredi quatre août 2021 : ... de l'Union européenne puisque je viens de recevoir The American Philatelist sous plastique depuis les États-Unis.

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