dimanche 7 septembre 2014

Jean-Pierre Callu : discret révolutionnaire numismate

Dans son édition daté dimanche 7 - lundi 8 (version web), Le Monde publie la nécrologie de l'académicien, latiniste, historien et numismate Jean-Pierre Callu, mort le 29 août 2014.
Jean-Pierre Callu en tenue d'académicien (site de l'Académie des inscriptions et belles-lettres).
Normalien, agrégé de lettres classiques au début des années 1950, papillonne à l'École pratique des hautes études (EPHE), à l'École française de Rome, il se fixe sur les monnaies pour ses études de l'Empire romain tardif (IIIe-Ve siècle).

Comme la numismatique est considérée comme une basse science auxiliaire de l'histoire, il passe sa carrière d'universitaire comme enseignant de latin et de littérature latine aux universités de Strasbourg, de la Sorbonne, de Rennes et de Nanterre.

C'est en 1981 que l'EPHE crée un statut à la mesure de son œuvre d'historien : il devient directeur d'« histoire et littérature du Bas Empire ».

En effet, au-delà de la traduction et de la leçon des textes latins, jusqu'aux plus négligés, dès les années 1960, il étudie tout vestige monétaire permettant de comprendre l'évolution de l'Empire dans ses derniers siècles : archéologue dans les provinces extérieures, rat de bibliothèque dans les cabinets de médaille et collectionneurs dans les catalogues des collections célèbres et des ventes.

Cette étude systématique lui a permis de renouveler la connaissance de la circulation monétaire, et par là, de l'histoire économique de l'Empire tardif.

Depuis 1995, il siégeait à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.


Je me permets de citer la fin de la nécrologie rédigée par Philippe-Jean Catinchi car elle montre en quoi le travail de Callu tranche avec notre époque de crétins historiens-stars, de numismates achetant des pièces décorées du Vatican, et autres couples de littérateurs mal assortis :


« (...) cet homme discret, presque timide, 
a mené un parcours semblable à son sujet d'études : 
invisible au premier regard mais décisif 
pour qui veut comprendre les enjeux réels de la recherche. »

Aller plus loin, ses deux premiers grands textes fondateurs :
- Genio Populi Romani (295-316) : contribution à une histoire numismatique de la Tétrarchie, 1960 ;
- La Politique monétaire des empereurs romains de 238 à 311, 1969 ;

puis de l'étude de littératures latines :
- Lettres, puis Discours du sénateur Symmaque (340-405), 1972-2009 ;
- avec Anne Gaden et Olivier Desbordes, tome 1 de l'édition de l'Histoire auguste, 1992 ;
- avec Pierre Riché, Correspondance de Gerbert d'Aurillac (alias pape Sylvestre II), 1993.

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