lundi 21 avril 2014

'Marian, Gloire et Beauté', spin-off en Finlande

ou comment assurer la promotion mondiale de l'inauguration du nouveau musée postal finlandais à Tampere ?

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Décidément, depuis les fuites dans le numéro de juin 2013 de Timbres magazine (et l'embargo de l'information officielle alors ?!), la relance des polémiques autour de la paternité de la série Marianne de la jeunesse a du mal à prendre : apparemment, plus de nouvel épisode dans Le Figaro des philatélistes depuis l'article du six mars :'(

Est-ce parce qu'en fait, la majorité s'en moque ? Parce que l'illustration n'a que peu de rapports avec les convictions et actions des auteurs ? Parce qu'on trouvera plus facilement dans les bureaux de pâlots timbres de distributeurs, carnets de vaches, signes zodiacaux et autres spirales autocollantes ?

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Le producteur de Marianne, Gloire et Beauté est pourtant sûr de disposer d'un produit-phare capable de bouleverser le marché philatélique durablement en France, voire même Israël et les États-Unis par le hasard de la vie d'un des acteurs principaux... Mais dur de lutter contre la nouvelle saison de Games of Thrones...

Peut-être qu'il était temps de créer un nouveau produit visant les mêmes publics : collectionneurs, anti-tout, pro-tout, médias avides de tout et n'importe quoi.

Et là, le stagiaire cria : et si on remplaçait Marianne par un bûcheron épilé sado-masochiste ?

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Eurêka !!!

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Et c'est ainsi que le dimanche 13 avril, Itella Posti, l'entreprise postale finlandaise, annonça officiellement son programme philatélique de septembre-octobre 2014. Efficace : en sept jours, des milliers d'articles sur le web pour lancer la nouvelle série à scandales : Marian, Gloire et Beauté.
Trois timbres de première classe intérieure (communiqué de presse du 13 avril 2014 de Itella Posti).
Jusqu'au britannique Guardian, le 15 avril, dont la journaliste Kira Cochrane chercha l'historique des représentations homo-érotiques sur timbres, convoquant le nouveau rédacteur en chef de Gibbons Stamp Monthly et celui de Stamp and Coin Mart pour confirmer ou infirmer l'aspect sulfureux de l'émission finlandaise du 8 septembre prochain.

Ceux-ci confirment qu'ils ne se soulignent pas de timbre aussi explicite sur l'homosexualité, mais que certaines statues et peintures jugées classiques ont pu connaître timbres et scandales, tel un Goya sur timbre d'Espagne dans les années 1930, qui conduisit la poste états-unienne à renvoyer les courriers portant la forte poitrine les affranchissant. Il est tout de même rappelé qu'en mai, le timbre consacré au militant californien Harvey Milk sera dévoilé à la Maison Blanche.

Un lecteur finlandais du Guardian signale qu'il pourrait se tourner vers les timbres au Moomin, petit personnage de la littérature pour enfants, mais s'amuse que sa créatrice était lesbienne (Tove Jansson, 1914-2001)... Ça va en faire des courriers finlandais à refuser par les postes des pays membres du Comité international olympique.

L'émission en hommage à l'illustrateur Tom of Finland (né Touko Laaksonen, 1920-1991) participera, en plus, à l'inauguration du nouveau musée postal, à Tampere. Posti Museo proposera ainsi une exposition de la correspondance de l'artiste du 6 septembre au 29 mars 2015... Si le pays, la ville et le musée ne gagnent pas de nombreux visiteurs avec ça.

Côté finlandais, une pétition contre serait lancée avec comme argumentaire la maturité nécessaire du lecteur (ne regardez pas Game of Thrones alors, ni de nombreuses œuvres littéraires classiques, évitez le Louvre) et l'idée que le timbre-poste représente le pays entier - et, nous ajouterons, que les timbres à valeur d'usage servent aussi sur le courrier international. Essayez l'échange de cartes postales avec Postcrossing pour vérifier.

Post scriptum : pour ceux qui en ont marre du débat sur le sexe des timbres, vous pouvez relancer un autre débat. Le service de presse de l'opérateur postal travaille le dimanche...Réécoutez alors l'ancien président de La Poste si travailler le jour du seigneur vous révolte davantage.

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Laissons les médias en mal d'articles de dix lignes se fatiguer et les conservateurs hurler, et pensons comme un collectionneur qui croit pouvoir faire fortune avec des timbres récents.

D'abord, préparer un séjour à Tampere, dans l'intérieur de la Finlande lacustre, pour le premier jour d'émission. Passez des heures à acheter des feuillets et à confectionner des courriers à destination de chaque pays philatélique actuel - pas le temps d'aller voir l'exposition, c'est comme pour les salons philatéliques de timbres à Paris.

Envoyez les deux cents et quelques courriers, et espérer des retours pour voir combien d'administrations postales vont refuser le timbre-poste. Revendre les courriers dûment tamponnés, portant autocollants signalant diplomatiquement l'indignation de dictatures et régimes antidroitsdel'hommistes à l'aide d'articles des conventions de l'Union postale universelle.

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Pour aller plus loin : le site de la Tom of Finland Foundation.
Pour revenir en France : nudité et timbre sur phil-ouest.com.
Sans oublier le site en anglais du nouveau musée postal de Tampere, lieu comprenant une bibliothèque.

Mise à jour du samedi 26 avril 2014 :
Faire parler de soi = mission réussie pour la poste finlandaise dont le site de vente en ligne a craqué face au nombre de visiteurs, jeudi 24, pour le lancement des pré-commandes, rapporte le Helsinki Times.

Mise à jour du dimanche 11 mai 2014 :
Pour une autre présentation de cette émission, en anglais et d'après le conflit moustache et barbe du Concours Eurovision de la chanson 2014, voir la version anglaise du blog.

Mise à jour du dimanche 18 mai 2014 :
Le 13 mai, l'émission  est évoquée par le journaliste du Monde Pierre Jullien, sans aucune mention de l'inauguration du musée postal de Tampere.

Suivi d'actualité du vendredi 23 mai 2014 :
Avec retard - article du Figaro des philatélistes du 2 mai dernier, je découvre qu'Olivier Ciappa s'est lancé avec sa Marianne dans la collection d'autographes, non sans problème pour les signataires... Ça me rappelle que le bâtiment du magasin londonien de Stanley Gibbons comprend également les locaux d'un marchand d'autographes célèbres.

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