samedi 27 décembre 2014

Plongée dans l'univers des argentistes

Hier matin vendredi, une occasion se présenta devant la caisse de la supérette du quartier. La cliente précédente avait soit une pièce de cinq euros pour payer, soit devait utiliser sa carte bancaire. Hésitation du caissier qui approche la main du micro pour appeler le directeur.

Là, je demande à voir la pièce. Reconnaissant la Semeuse euro de la décennie précédente (voir les archives du Blog philatélie de Dominique Stéphan dont une des spécialités était une collection ouverte de la Semeuse), je propose à la jeune femme de l'échanger contre un billet de cinq euros.

Ce ne serait pas la première fois que la curiosité brûlera le chat.

Un peu crasseuse le long des lignes, la pièce est bien la cinq euros de 2008, dix grammes à cinquante millièmes d'argent, d'une série allant jusqu'à cinq cents euros en or lancée par la Monnaie de Paris avec la complicité du réseau de bureaux de La Poste.

Que vaut-elle ? Oh pas pour la revendre (en tout cas pas après l'avoir décrassé), juste la curiosité de savoir comment les collectionneurs de pièces sont aussi abusés que les collectionneurs de timbres.

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À ses deux questions : que vaut-elle ? Comment la lustrer ? Un forum revient dans les recherches Google : Argent Métal.

Rapidement, ce lieu est fréquenté par des collectionneurs de pièces de monnaie, de lingots et de jetons en argent qui a l'air de les passionner davantage que les mêmes objets en or, même si rien n'interdit d'aborder des comparaisons entre les métaux précieux.

Collectionneurs, écris-je, car il y a une volonté d'accumulation chez soi ou dans un coffre. La solution  du prestataire Bullion Vault paraissant apprécier avec ses services et ses coffres. Même si le chez soi plaît beaucoup.

Prêt à acheter des rouleaux entiers de pièces en argent, voici une clientèle formidable pour Phil@... la Monnaie de Paris et ses concurrents du monde entier.

Numismate car, par la force des choses avant de placer d'aussi fortes sommes, il faut observer l'objet, en étudier l'histoire - notamment si la pièce est démonétisée ou n'est qu'un jeton qui, malgré une valeur faciale, n'a pas eu valeur légale, et que les aspects esthétiques finissent par émerger au détour d'un fil de discussion.

Là, le philatéliste reconnaît de suite son collègue par l'emploi de petits noms : Napoléon ou Nap, Coq, Semeuse, Hercule pour les anciennes pièces françaises, Maple Leaf pour la canadienne, Arche de Noé d'Arménie, etc.

L'historien postal esquisse un sourire face à la confrontation des différences entre monnaies démonétisées, monnaie actuellement valide et refrappe tardive d'une monnaie démonétisée, équivalente à un jeton.

Investisseur aussi, tel certains accumulateurs de timbres, du prince qatari au complétiste français déçu de la prime négative de sa collection neuve de timbres. Ces forumeurs discutent abondamment d'achat et de revente, de prime donc et comment en user à son avantage, de fiscalité et comment la diminuer légalement,...

...et, principalement, de méfiance envers le système économique, bancaire et financier actuel ; que cela soit à l'échelle nationale, européenne ou mondiale. La double conviction que, soit ils préparent leur retraite plus prudemment qu'avec un placement financier ou qu'un jour, le troc de biens de première nécessité contre de petits bouts de métaux précieux redeviendra nécessaire.

Pourquoi l'argent ? L'or coûte cher. La concurrence des publics émergents, notamment par tradition pour les Indiens, suscite des fièvres spéculatives qui inquiètent des personnes qui ont l'air assez raisonnable pour ne pas acheter/revendre en deux clics, trois mouvements. De plus, l'argent paraît avoir un cours historiquement plus bas, donc l'espoir de réaliser quelque chose à long terme plus grand.

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À ceux qui s'interrogent sur la valeur vénale et fiscale de leur collection philatélique ou sur le fait de se recycler dans l'aurisme et l'argentisme, je conseillerais la lecture des différents fils du dossier fiscalité du forum Argent Métal.

La complexité des questions légales et de taxation réalisée par le fisc français à travers les intermédiaires (marchands, opérateurs postaux) nécessite pas mal de réflexion légiste : démonétisée ou pas ? Statut de bijoux ou de monnaie ?

Consciencieuse lecture des textes de lois et connaissance du droit constitutionnel afin de surprendre la douane en flagrance de ne plus savoir comment appliquer les textes, ou de se méfier encore plus de marchands de monnaie ayant tendance à lire les textes fiscaux français dans le sens qui fait toujours payer le client. Là aussi, comme en φl@télie, les boutiquiers...

Dans ces divers rôles, un des sérieux participants de ce forum, Yannick Colleu, publie régulièrement des ouvrages de conseils aux investisseurs métalliques précieux. Le dernier en septembre 2014 est déjà un investissement aux dires de certains.

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Grâce à un rappel aux règlements par Yannick Colleu, la pièce de cinq euros et toutes celles que la Monnaie de Paris frappe aussi nombreuses que Phil@poste ses émissions de Boulazac, ont un ou des statuts fort bâtards.

Lisez vous-mêmes, vous verrez que l'emploi de caissier est difficile entre pièces de la Monnaie de Paris et pièces étrangères ressemblant à des pièces européennes...

Quant à ma pièce mi-argent, mi-cuivre de cinq euros, elle ne paraît pas un bon placement : pas assez d'argent en proportion. Néanmoins, en très bon état, les prix proposés sur les sites de vente affichent dix euros, mais sont-ils réalisés ?

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