vendredi 20 février 2015

Échos philatéliques en art contemporain à Toulouse

Malgré ma profonde incompréhension face à la majeure partie de ce qui y est exposé, je visite encore un musée d'art contemporain lorsque je visite une ville... Souvent en pure perte.

Toutefois, dans ces lieux, de temps en temps, un artiste parvient à m'inspirer quelque réflexion pourvu que sa création laissée seule puisse être comprise dans un sens ou l'autre.

Et, dans ces rares cas, quelques exemples rarissimes font écho à la philatélie, autant la collection de timbres que l'histoire postale ou la création de la vignette d'affranchissement.

Un exemple de l'année dernière, en juin 2014, quand je visitai Toulouse pendant un week-end de grève ferroviaire méridionale et de festival international d'art.

Deux extraits de l'œuvre Silvia suite art-en-ciel de Franz Gertsch de 2002, accrochés sous vitre (et reflets) aux Abattoirs, à Toulouse (photographie sous licence Creative Commons by-nc-nd 4.0 - attention aux droits de l'artiste).
Dans la capitale du Haut-Languedoc, sur la rive gauche de la Garonne, un musée d'art moderne et contemporain a été ouvert en 2000 dans les bâtiments des anciens Abattoirs dont la construction datait de 1825 et l'activité avait fini en 1988.

Ce lieu voisine avec les jardins Raymond VI et les murailles de l'hôpital de La Grave si jamais votre dégoût du contemporain devenait trop fort.

L'équipe de ce lieu a tout de même compris qu'il fallait amener le public réticent à ces types d'art en y exposant finalement peu de choses et en renouvelant régulièrement à partir des collections du musée.

Ainsi, malgré une exercice audio-visuel pour personnes patientes avides de non-sens, des œuvres mystérieuses et des reprises douteuses d'arts africains (commençons déjà par éduquer le public aux arts non européens), je trouvais rapidement deux choses intéressantes, outre l'architecture du bâtiment, qui occupèrent l'essentiel de l'heure que je passai dans ce musée.

En fin de visite, un catalogue présentait le parcours et les œuvres données par Daniel Cordier au Centre Pompidou dont certaines étaient alors exposées à l'étage des Abattoirs. En juin 1940, le jeune Bordelais royaliste maurassien s'était jeté dans la continuation du combat malgré l'armistice conclut par Pétain ; il y était devenu le secrétaire de Jean Moulin puis son historien depuis les années 1970 face aux souvenirs des anciens chefs de la Résistance. Entre-temps, il a été marchand et collectionneur d'art contemporain. Pour sa vie dans la France Libre, revoir le téléfilm de France de 2013, Alias Caracalla.

La notice de l'œuvre de Franz Gertsch proposée par les Abattoirs, Toulouse.
Avant cette demi-heure de lecture qui expliquait la présence des œuvres de l'étage, ma philatélie avait vibré dans une salle du rez-de-chaussée face à neuf grands panneaux semblant reproduire en une seule couleur chacun la même photographie d'une Silvia en une pose formelle...

Je vous laisse découvrir le niveau de connaissances en histoire de l'art nécessaire à la compréhension du travail du Suisse Franz Gertsch si on essaye d'affronter la biographie établi par des rédacteurs de la Wikipédia en français. Je ne les critique pas négativement... mais bon, ces neuf grandes feuilles avec une notice muséale vide d'explication...

Bé, j'en ai fait mon interprétation personnelle par l'émotion philatélique : la répétition du même motif avec la plus grande précision attachée à chaque reproduction, à la détermination de chaque couleur : remarquez les trois nuances de bleu outremer... ou le choix - sacré pour un philatéliste français - du vermillon pour le rouge.

N'est-ce pas le travail des imprimeurs de timbres d'usage courant depuis 1840 ? N'est-ce pas ce qui anime les collectionneurs et philatélistes spécialisées dans leur quête des nuances accidentelles du mélange du jour ou de la patine du temps, ou encore issues d'une erreur créant la rareté.

En observant longuement ces neuf gravures, me vinrent à l'esprit comme un seau d'encre bleu de Prusse bouleverse la carrière d'un petit timbre d'un centime au type Sage, les discussions britanniques autour des dénominations des couleurs des timbres au type Machin,...

Plus humoristiquement, une scène de la série télévisée Ugly Betty qui caricature la haute précision des nuances de couleur dans le milieu de la mode. En voici l'extrait dans un épisode de la quatrième saison au cours de laquelle l'honnête et travailleuse héroïne rêve - ou cauchemarde - quelle aurait pu être ambitieuse et arriviste.

Et aussi, faute de comprendre les motivations de l'artiste, l'inutilité apparente de cette multiplication des nuances pour un portrait photographié quant nous la trouvons utile pour les différentes valeurs d'usage courant... même aujourd'hui avec tous les rouges de la lettre prioritaire et tous les verts de la lettre verte alors que nous ne nous éclairons plus à la bougie qui nous feraient confondre cinq centimes brun clair bistre avec un lettre prioritaire 250 grammes d'un rouge très brun.

Deux heures de ballade autour de la Garonne, une heure de contemplation historique et philatélique, un bon début de samedi après-midi, à Toulouse.

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