mercredi 2 septembre 2015

Des plaintes contre les "timbres du désir"

Certains se souviennent de l'« émission du désir », marquant les quarante ans de l'imprimerie de Boulazac, quatre coûteuses feuilles de Mariannes à tirage limitée et disponible en entier seulement au Salon du timbre de Paris, en juin 2010.

D'autres, et ce fut rapporté par le Blog Philatélie de Dominique Stéphan et Oh les timbres !, qu'un collectionneur annonçait déposer plainte contre Phil@poste au sujet de cette émission en prenant comme preuve la Charte de la philatélie. [je ne sais pourquoi, mais le mot enfumage me vient en tête en écrivant ces quatre mots...]

Le résultat tomba en juillet 2011 (merci à la WaybackMachine de sauvegarder le Blog Philatélie) sur un détail technique : l'association plaignante n'avait pas fait paraître ses statuts au Journal officiel...


Aux États-Unis, par contre, l'United States Postal Service - soumise au Congrès d'ailleurs - est sous la surveillance d'un Inspecteur général depuis 1996, qui s'assure que l'entreprise est efficace dans ses métiers et bien gérée financièrement.
Le bloc problématique : un avion qui vole à l'endroit sur un timbre ?! Shocking! (site StampNews.com
Et là, le désir de faire du fric se conclut, après deux ans, par un rapport sévère de l'Inspecteur général contre les décideurs de la création d'une rareté lors d'une émission philatélique. Rareté douteuse, mal gérée et, accessoirement, illégale selon les statuts de l'USPS !

Le résumé de l'audit a été diffusé par le Washington Post, le vingt-et-un juillet 2015, et compléter par StampNews.com, le trois août suivant. En 2013, l'USPS a émis un bloc-feuillet de six timbres reproduisant le fameux Jenny inversé, à deux dollars de faciale chacun... Le rarissime timbre n'exista que sous la forme d'une feuille à l'illustration centrale renversé par rapport au cadre, et dont l'émiettage assure depuis la fortune des vendeurs successifs.

La réutilisation d'anciens types est commun, tel quel avec nouvelle faciale ou en timbres sur timbre, principalement à l'occasion de salons philatéliques. Reproche que je vois : aucun anniversaire en 2013 en lien avec le timbre, émis en 1918, ou l'avion dont le modèle date de 1915.

Pour l'Inspecteur général, le premier problème est que l'USPS n'a vendu que moins de la moitié du tirage à la date de l'audit... Treize millions de dollars engrangés pour vingt-six millions prévus. Certes, beaucoup de postes signeraient un contrat avec le diable pour une telle somme.. The Commonwealth Stamps Opinion en liste quelques-unes dans le monde anglophone.

Second problème : il était illégal d'émettre cent feuilles « à la Willy Wonka ». Chaque feuillet était dans une enveloppe opaque, mais cent étaient imprimées avec l'avion à l'endroit : le timbre normal était devenu une rareté ! Les collectionneurs allaient se précipiter dans les bureaux de poste et commander au service par correspondance pour l'espoir de visiter la chocolater... une maison de vente aux enchères le plus vite possible.

Cinquante mille dollars est la cote de ces cent blocs d'après les ventes découvertes par l'Inspecteur général qui critique donc que l'USPS a volontairement émis une rareté dans un but pécuniaire et influencé elle-même le marché de l'occasion, ce que le code de conduite de l'USPS interdit à ses employés.

Pire, le hasard n'a pas présidé à toute leur dispersion. Soixante-dix feuillets ont été diffusés secrètement dans les bureaux de poste de l'immensité nord-américaine et ont, selon les ventes, quarante à quarante-cinq pour cent de chance d'avoir été découverts.

Sur les trente confiés ensemble au service de vente par correspondance, établi à Kansas City, dans le Missouri, il fut oublié de les intégrer aléatoirement dans les pochettes contenant des feuillets normaux à avion tête en bas.

Re-pire, alors qu'il est formellement interdit à un employé de l'USPS de donner des timbres-poste, trois clients par correspondance ayant commandé le feuillet furent tirés au sort et se sont vus offrir le feuillet spécial...


La direction actuelle de l'United States Postal Service est entièrement d'accord avec les conclusions de l'Inspecteur général : il faut trouver des solutions légales pour promouvoir la philatélie.

En France, depuis la fièvre de 2010, φl@l@poste a trouvé une parade différente, visible avec Les Trésors de la φl@télie, réémissions à forte valeur faciale de timbres semi-modernes en taille-douce : promotion par magazines, courriers et stands dans les salons, association avec la φφ@Π et le fabricant de classeurs υverτ.

Si les collectionneurs ne sont pas contents du prix, ils n'auront qu'à se plaindre à la fédération des associations qui les représentent.

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