vendredi 13 novembre 2015

Nouvelle formule de Timbres magazine : du sondable au souhaitage

... ou verse-viça.

Comme promis dans le billet maritime du dimanche vingt-cinq octobre 2015, le récit de mes interrogations face à la nouvelle formule du mensuel français Timbres magazine.

Loin de moi l'idée de casser le travail réalisé par Gauthier Toulemonde et son équipe, juste un étonnement. Profitons, en effet, de l'existence d'un magazine mensuel vendu en kiosque et pouvant attirer de nouveaux lecteurs ; j'ai visité des pays en Europe où les buralistes paraissaient découvrir que la collection de timbres pouvait faire l'objet d'un magazine qu'ils vendraient...
Couverture du numéro 167 de mai 2015 : huit articles à la une (philatelistes.net).
Tout commence fin avril 2015 avec l'éditorial du numéro 167 daté mai 2015, numéro important puisqu'il est celui qui va être montré aux non-lecteurs du magazine au salon européen de Londres, aux 4 Jours de Marigny, à Paris, puis au congrès fédéral à Mâcon.

Et là, la dernière phrase de l'éditorial heurte : « Bonne lecture avec ce numéro qui fait la part belle à la thématique ».

Première réaction épidermique et de mauvaise foi : lever les yeux au ciel en se disant qu'il va y avoir des dizaines de pages sans intérêt de champignons, faune et flore variées,... Pire selon la couverture : Elvis et Brigitte Bardot largement décolletée sur feuillet de Guinée-Bissau... Le petit cadre page 73 apportera une caution philatélique en avertissant que les vignettes pseudo-postales et autres timbres de complaisance sont sans valeur dans une collection sérieuse sur les acteurs et actrices français, juste sous un bloc « Emmanuelle » de la même Guinée.

Deuxième réflexion après lecture du numéro : ce numéro semble comme d'habitude en fait. Les deux tiers de l'article sur le King développent de nombreuses pièces états-uniennes et de nombreux articles approfondissent de la monographie (variétés d'Empire), du pays ancien (les timbres du Dodécanèse), un graveur et ses essais (Pierre Munier).

Et, outre l'étude des pièces des chroniqueurs habituels - très loin des actrices érotiques et des cartes postales sur la prostitution - signe trimestriel que Timbres magazine semble chercher du lecteur « ringard, masculin, vieillot » pour compléter ceux qui lisent les autres articles comme le magnifique article de Guy Dutau sur une des toutes premières lettres entre Tahiti et le Chili en 1861 !

Bon, laissons le rédacteur en chef convaincre le public thématiste et amateur de seins nus sur timbres dans des pays où ses tenues sont sûrement aussi inimaginables sur le courrier que L'Origine du monde sur timbre de France.
Couverture du numéro 170 de septembre 2015 : quatorze articles en une (philatelistes.net).
Sauf que la nouvelle formule débarque avec le numéro 170 de septembre suite aux avis d'une partie des lecteurs et là, un festival de haussement de sourcils et de soupirs déçus de ma part : « une part plus importance aux nouveautés [des principautés et collectivités d'outre-mer] », « réduit la pagination de certains articles », « la place de la France et de ses ex-colonies (...) sera plus significative », « l'accent sera mis sur le timbre, un peu moins sur l'histoire postale ».

Auquel s'ajoute « les thématiques seront à l'honneur » dans la même phrase que « davantage de papiers accessibles à tous dans l'esprit de Timbroloisirs ». D'accord, l'histoire ne doit pas être la seule thématique présente, mais de même pour la thématique mamelles...

En clair, j'aime lire des articles solides et approfondis, sur l'ensemble des espaces du monde du dix-neuvième à nos jours, avec autant que possible des courriers réels et pas seulement des listes de timbres et de cotes : bye, bye si je prend l'éditorial à la lettre.

Cependant, je retrouve le premier article de quatre pages d'une série de Laurent Veglio1 qui ressemble fort à de l'histoire postale maritime coloniale britannique auquel s'ajoutent les timbres et lettres du Canal maritime de Suez par un dénommé Gauthier Toulemonde, et ainsi de suite.

À mes yeux, des articles comme d'habitude, mais raccourcis de force à deux, trois ou quatre pages peut-être. Pour rentrer quoi ?

De plus grandes reproductions des nouveautés philatéliques de France & compagnie et deux pages de catalogue de timbres sur l'Oubangui-Chari-Tchad de 1915 à 1922 avec cotes en force. Heureusement qu'il y a aussi les bureaux existant à l'époque pour ceux souhaitant ne pas faire seulement dans l'achat de neufs. L'allongement des pages fournies par l'actualité des clubs est une bonne idée tant que cela ne devient pas le nouveau catalogue pour commander des timbres personnalisés.

Couverture du numéro 171 de novembre 2015 : dix articles annoncés (philatelistes.net).
Au bout de trois numéros à ce régime, je suis circonspect sur la notion de nouvelle formule : une impression tenace que rien n'a changé [et c'est très bien - pas de contre-sens ici] sauf l'accroissement du nombre d'articles dans un magazine qui en annonçait déjà beaucoup sur sa couverture... Les articles publiés représentent-ils vraiment la richesse proposable par les auteurs ?

L'histoire postale et artistique de pourquoi telles émissions continue, de même que les articles omniprésents où le courrier est au cœur des articles.

Est-ce que les ajouts et modifications ont satisfait ou au moins rassuré ceux qui se sentent dépassés par autant de connaissances historiques et philatéliques ? Ou qui veulent à chaque numéro que soit évoqué leurs spécialisations sinon ils lâchent leur abonnement ?

Une chose est sûre : Gauthier Toulemonde fait un bon travail de médiation entre les demandes de l'ensemble de ses lecteurs, et je ne lui envie pas cette diplomatique position.

Notes :
1 : Laurent Veglio m'ayant écrit depuis l'article du vingt-cinq octobre, il m'a indiqué les pages qu'il a écrites au sein d'un site en italien : Il Postalista. Et j'espère un jour un livre Director's Cut de sa série d'articles en cours.

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