Mais pourquoi choisir la gravure d'un soldat chinois pour la couverture ? Parce que la philatélie et Mörck sont à la mode en République populaire (éditions Nordstroms via Nordfrim). |
L'ouvrage très épais accorde une grande place aux reproductions d'une partie des timbres créés et gravés par Mörck (huit cents environ actuellement), et également aux photographies des moments de sa vie ou de pièces de ses collections personnelles.
Depuis sa naissance en 1955 au sein d'un couple d'artistes de Göteborg, Martin a accumulé simultanément une attitude très libre, d'apparence désinvolte même, envers les cadres de la société : l'école bof, des études entamées jamais terminées - pas même quand il suit l'école d'art où travaille son père, des emplois un temps allant de lâcher toutes études pour travailler sur un bateau de pêche... signer un contrat de graveur avec la poste suédoise pour y renoncer illico car il ne souhaite pas travailler dans un bureau imposé... Voire se lancer dans des explorations de plusieurs semaines aux îles Féroé avec sa petite amie et une moto qui n'y survivra pas, et au Groenland.
Pourtant, ce parcours - qui donnerait des suées glaciales à des parents de futurs bacheliers français - n'a pas empêché de donner au monde un artiste et graveur formidable, bourreau de travail, mais également un artisan capable de fabriquer un bateau en bois selon les techniques anciennes. Les passionnés de Mörck pourront chercher une scène de stade sportif où il s'est représenté tenant une maquette de son bateau d'alors dans les bras.
Désinvolte ou spontané et chanceux ?
L'artiste le répète à plusieurs reprises : il doit sentir les choses dans ses mains. La chance a aidé : la poste suédoise, au lieu de se braquer, le renvoie pour l'employer en free lance, à la tâche selon les besoins. Lisez et vous saurez comment il fut découvert ou découvre les postes de « petits pays philatéliques » européens : le Groenland et Mörck, le sujet d'un livre entier...
Et, même à soixante ans, il garde cette spontanéité à la fois désarmante et profondément humaine : quand la poste de la République populaire de Chine lui confie une émission sur les grands compositeurs de musique classique, il accepte. Quand elle veut qu'il devienne leur graveur attitré, ne voilà-t-il pas que Mörck propose plutôt de former des artistes chinois à la gravure ! Il a encore des projets avec la poste chinoise, mais celle-ci peut désormais travailler avec des graveurs nationaux grâce au fantasque Scandinave.
Les philatélistes et historiens postaux étudieront quelques enveloppes et timbres oblitérés de la collection très spécialisée de Mörck : le premier timbre de Norvège ayant servi pour une liaison par bateau entre deux ports norvégiens ?!!
Le livre en anglais se compose donc d'un entretien entre Nordstrøm et Mörck dans son studio d'artiste sur une île suédoise, concluant apparemment plusieurs semaines de préparation. Assez inattendu dans notre époque de médiatisation hyper-contrôlée, l'entretien est transcrit tel quel, pauses, hésitations, recherche de ses mots comprises...
Un très bon ouvrage qui vient compléter mon début de bibliothèque d'artistes du timbre.
Truc et astuce : entre l'annonce de la sortie du livre dans Timbres magazine de mai 2016 et mon achat, je me suis inscrit à la newsletter du marchand Nordfrim en attendant. Surprise, au bout de quelques semaines, un code-bon d'achat de dix euros me fut envoyé qui compensa largement les frais de port (cinq euros).
Mise à jour du mardi trois décembre 2019 :
Le dix-huit septembre 2019, Radio Chine Internationale a diffusé un reportage sur Dong Qi, graveuse de la l'imprimerie de la poste chinoise, une des dix graveurs formés par Martin Mörck, comme évoqué dans le livre By Mörck. Information repérée sur Twitter grâce à Agnieszka Trzaskowska de la poste polonaise.
Mise à jour du mardi trois décembre 2019 :
Le dix-huit septembre 2019, Radio Chine Internationale a diffusé un reportage sur Dong Qi, graveuse de la l'imprimerie de la poste chinoise, une des dix graveurs formés par Martin Mörck, comme évoqué dans le livre By Mörck. Information repérée sur Twitter grâce à Agnieszka Trzaskowska de la poste polonaise.
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