mercredi 26 octobre 2016

Artistes, design et timbres dans Stamp magazine de novembre 2016

Tandis que le nouveau président d'Art du timbre gravé présente sa mallette pleine de projets pour promouvoir la gravure (la guerre du φ n'aura hélas pas lieu) dans le numéro 183 de Timbres magazine, l'actualité et les choix éditoriaux de Stamp Magazine accumulent les réflexions sur le timbre et ses artistes dans son édition datée novembre 2016.
C'est sûr qu'avec des timbres comme ça, il y aura moins de coûts et de débats... quoique : on peut avoir une version en taille-douce, please ? (wikimedia.commons.org)
Y aura-t-il de la taille-douce scandinave après 2017 ?
Côté taille-douce, c'est l'inquiétude avec l'annonce, le neuf septembre dernier, par PostNord qu'il va progressivement se tourner vers Cartor, filiale française du groupe britannique International Security Printers, pour imprimer l'ensemble des timbres-postes du Danemark et de Suède, les pays couverts par l'opérateur postal.

La crainte est que les deux pays ont une tradition de production interne et d'impression en taille-douce que Cartor n'a pas. Et le magazine de rappeler que l'émission mixte Long May She Reign de septembre 2015 à entraîner la sous-traitance de la taille-douce à la Fábrica Nacional de Moneda y Timbre espagnole.

Martin Mörck, ses confrères et consœurs, leurs prédécesseurs, auront-ils des disciples dans ces deux pays scandinaves ?

Y a-t-il un dessinateur sur le timbre ?
Certes, les moins méfiants se diront que Cartor a prévu d'innover grâce à ce contrat à long terme ou continuera à sous-traiter à des imprimeries expertes (Boulazac possible ?).

Mais, du côté du courrier des lecteurs, il est remarqué une triste pratique anglo-saxonno-capitaliste de créditer les émissions récentes au studio de création qui a reçu la commission ; et finalement pas aux artistes individuels qui ont créé le projet.

Ainsi en fut-il des six timbres et leur prochette formant une bande dessinée du Grand Incendie de Londres de 1666 dans la presse et, même Stamp Magazine daté octobre : l'agence The Chase fut citée, mais moins souvent le dessinateur de comics John Higgins, natif de Liverpool.

Il serait intéressant de revoir du siècle des origines (le dix-neuvième donc) à nos jours pourquoi telle administration postale choisit d'imprimer le nom des artistes et graveurs sur ses timbres et pas telle autre.

En tout cas, il y a des designers philatéliques et philatélistes.
Tout ceci conduit à deux dossiers de nature fort différente, mais valorisant le rôle de l'artiste du timbre.

Figure imposée du mois : les neuf cents cinquante ans de la bataille d'Hastings et le cinquantenaire de l'émission du neuvième centenaire que Peter Marren évoque par sa genèse en pleine révolution britannique.

Les années soixante - et le ministère de Tony Benn - virent le lancement définitif d'un programme commémoratif au Royaume-Uni et de grandes réflexions graphiques sur les timbres avec, notamment, David Gentleman qui tenta de couper la tête de la reine sur timbre... D'où jaillit l'effigie Machin.

Gentleman justement proposa la bande de six timbres et deux timbres de fortes valeurs à part reproduisant des éléments de la Tapisserie de Bayeux à partir de ses capacités en gravure sur bois et en jouant avec les lignes de gravure pour faire correspondre au mieux couleurs originales avec les couleurs possibles à l'imprimerie Harrison and Sons.

Six pages de genèse et d'études spécialisées pour ceux en recherche de variétés.
La couverture du livre collectif, dont les timbres reproduits ont été sélectionnés par Follett et Thomson (Unit Editions).
Un dossier suivi d'un autre, moderne et inattendu : les dix meilleures émissions d'après les designers Iain Follett et Blair Thomson, à l'occasion de la sortie d'un livre Graphic Stamps: The Miniature Beauty of Postage Stamps, chez Unit Editions, pour lequel ils ont choisi les timbres reproduits.

C'est le retour des débats sur ce qu'il doit y avoir sur un timbre-poste, ce difficile équilibre entre les besoins postaux et le message politique, commémoratif ou, de plus en plus, commercial (pour certains sujets : publicité ou hommage ?). On en revient à l'échange épistolaire dans la presse britannique entre Edmund Dulac et Eric Gill autour des premiers timbres du règne d'Edward VIII.

C'est une plongée dans la philatélie de 1969 à 1986 qui est proposé, avec le souci de retrouver les illustrateurs même si, à deux exceptions, aucun de leurs noms n'apparaît sur les timbres.
« Absolue pureté de fonction et de forme » pour Blair Thomson (image à partir de commons.wikimedia.org).
En accord avec les deux designers, je pense que le timbre singapourien de 1969 sur l'accomplissement du programme de cent mille foyers est une réussite typographique pour Tay Siew Chiah. Et qu'à un extrême de dépouillement (valeur faciale centrée sur un fond uni), les vignettes d'entraînement des postiers britanniques pour la décimalisation de 1971 suscite la réflexion face à l'abondance d'émissions des dernières décennies.

Complément du lendemain : étant natif d'Australie mais vivant au Canada, Blair Thomson est interrogé par le service philatélique d'Australia Post à l'occasion de ce livre. Il est un collectionneur de timbres qui a entamé une toute nouvelle collection à l'âge adulte, centrée sur l'appréciation du design du timbre en lien avec sa profession. Il publie petit à petit sa collection sur Graphilately, un compte social photographique hébergé par Instagram.

Quant à Unit Editions, Graphic Stamps est le premier dans une nouvelle série qui veut lier des designers avec leurs collections. Au terme de ma recherche Google du jour, le meilleur moyen de se le procurer semble la commande sur le site de l'éditeur.

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