dimanche 23 octobre 2016

Indian Summers, dans l'ambiance de l'Empire britannique finissant

Un peu plus de légèreté en ce dimanche pluvieux : comment les séries télévisées permettent au collectionneur de toutes les choses britanniques et impériales de se plonger dans l'ambiance d'émission de ses timbres et lettres ?

En trois semaines, du jeudi six au jeudi vingt octobre, la chaîne culturelle Arte a diffusé les dix épisodes de la première saison d'Indian Summers, fiction de Channel 4, située en 1932 à Simla, la capitale d'été de l'Inde britannique.
Couverture du coffret britanniques de la première saison d'Indian Summers (amazon.co.uk).
Côté intrigues, les amateurs de soap opera choral seront aux anges : chaque personnage, principal et secondaire, Britanniques, Indiens et métis dédaignés par tous, a suffisamment de secrets pour permettre les cinq séries prévues par le créateur Paul Rutman.

L'audience outre-Manche a choisi différemment au terme de la seconde saison dont l'histoire se déroulait en 1935, et diffusée en mars dernier. Peut-être que si une apparence Downton Abbey pouvait attirer et plaire - généreux colonisateurs civilisateurs face à gentils et fidèles colonisés se cultivant à bonne source (tel le fonctionnaire Aafrin Dalal, fils d'un soldat indien de Sa Majesté) -, il est possible que, dans le contexte Ukip/Brexit, beaucoup n'ont pas apprécié que chacun des personnages évoqués représentent toute la complexité des relations coloniales...

... de l'hypocrisie - l'entrepreneur écossais ruiné par son incompétence et en accusant son rival indien - au racisme de domination - la machiavélique Cynthia Coffin et tout ce qu'elle manigance au sein de son club anglais. Mais aussi, pour déplaire à un public fier de l'indépendantisme de ses aïeux, le rappel des divisions politiques entre hindous face au mouvement des droits des Intouchables - ouh, comprendre avec distance la constitution de 1935 et les sièges initialement réservés à cette caste, contre lesquels lutta Gandhi.

Les affaires de cœur, les fantômes jaillis du passé sur un fond historique dont nous connaissons scolairement tous la trame et la fin tragique de 1947.

Un contexte dans lequel le héros, Administrateur britannique à l'avenir vice-royal, avoue en 1932 qu'il sait que les Britanniques partiront un jour avant d'être chassés, et qu'il doit donc créer autant de liens d'alliance avec les futurs politiciens du pays, surtout s'ils ne sont pas du Parti du Congrès.

À moins que cet aveu fait au chef du parti des Intouchables ne soient un moyen de rester plus longtemps... Mais comment la carrière de Ralph Whelan survivra-t-elle à tous les obstacles que lui, sa sœur et ses proches ont accumulé en secret ?

Note du samedi dix-sept juin 2017 :
Dans The Guardian de ce jour, Stuart Jeffries propose ses réflexions sur comment la télévision et le cinéma britannique représente l'Inde impériale et, un peu, comment les Indiens ne veulent plus s'en souvenir aujourd'hui. Il signale également que 2017 est une année Royaume-Uni/Inde organisée par le British Council.

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