Le philatéliste a découvert le pays dans sa jeunesse pour une mission du service national civil, et présente régulièrement, en compétition ou le simple plaisir, de nombreuses études sur l'histoire du pays, de ses habitants africains comme européens (tels le courrier et les cartes postales des missionnaires).
Le propos historique était précédé d'une petite thématique des mots ayant rendu l'Éthiopie mythique : Abyssinie en synonyme grec antique, la reine de Saba (fût-elle d'une rive ou de l'autre du détroit) et sa rencontre avec Salomon, Negus le titre de ses rois, Lucy où le squelette fut découvert, et le rastafarisme.
Après le rappel que l'écriture est syllabaire, un peu d'histoire rappelle le rôle des rois Téwodoros et Ménélik dans l'établissement de l'Éthiopie qui va faire face aux puissances coloniales européennes. Voici l'entrée des Italiens dans Addis Abeba le mardi cinq mai 1936.
La poste centrale d'Addis Abeba après l'entrée des forces italiennes en mai 1936 (Collection Serge Magallon, Montpellier, huit janvier 2017). |
Deux cartes photographiques illustrent ce triste fait et la nouvelle poste italienne au parvis décoré des canons que les Italiens avaient perdus à Adoua quarante ans auparavant. Revanche ?
Hors de la capitale, les plis premier jour ne manquent pas avec timbres et oblitérations éthiopiennes du jour de la prise de la ville : des soldats italiens philatélistes ou spéculateurs se seraient-ils pris pour des postiers ?
Les cartes postales de franchise militaire du moment de la victoire valent pour leur date symbolique d'oblitération, mais également pour le texte accompagnant la cartographie de 1935 qui avait déjà annexé l'Éthiopie à l'Érythrée et à la Somalie italiennes. Un soldat colorie en rouge l'ensemble, tous clament leur fierté fasciste d'avoir étendu la patrie, un dernier saluant sa famille depuis « la capitale de l'empire colonial italien » !
Un des exemples de cartes militaires présentées : coloriage et message enthousiastes fascistes... datée de la XIVe année du règne mussolinien (collection Serge Magallon, Montpellier, huit janvier 2017). |
Quelques cachets militaires permettent de suivre les deux armées, leurs timbres et cachets : de l'Érythrée au nord, de la Somalie à l'est.
Avec quelques surprises jusqu'à ce que la poste civile italienne fonctionne fin mai-début juin : le tarif postal éthiopien est maintenu pour les Côtes des Somalis (Djibouti donc), pourtant situé bien en dehors de l'empire italien. Débouché de la seule voie ferrée du pays, le courrier vers la colonie française est affranchi au régime intérieur par la poste éthiopienne (cinquante centimes de lire en mai 1936). Le tarif pour l'étranger d'une lire un quart commence à apparaître quelques semaines après...
Deuxième surprise pour cette lettre pour Djibouti au départ d'Addis Abeba : les marques postales montrent un passage par Rome ! Douze mille kilomètres aller-retour d'erreur. La victoire rend bien généreux.
Les questions du public évoquent, entre autres, les contraintes de la compétition philatéliques : les cartes postales utilisées permettent d'exposer l'état d'esprit de l'expéditeur... Il faudrait plus d'enveloppes, plus anonymes en regard des événements.
Complément du samedi quatorze janvier 2017 :
Pour une spécialisation éthiopienne, voir l'Ethiopian Philatelic Society et son Menelik's Journal.
Coïncidence du mercredi dix-huit janvier 2017 :
vu chez le marchand de journaux, le mensuel L'Histoire publie un numéro spécial sur l'histoire de l'Éthiopie.
En vente actuellement (L'Histoire. Les collections n°74). |
La poste éthiopienne est évoquée à deux reprises dans cet intéressant numéro des Collections de L'Histoire.
Tout d'abord, dans l'article sur le règne de Ménélik II par Estelle Sohier de l'Université de Genève. La photographie de l'entrée d'un bureau de poste illustre la modernisation à partir des années 1890 en suivant le modèle occidental, aux côtés d'une carte de 1913 en français du « Chemin de fer franco-éthiopien de Djibouti à Addis-Abeba » et d'un encart sur la monnaie mise en circulation en 1894. Celle-ci est de même poids et composition que le thaler Marie-Thérèse, dessinée par Jean Lagrange, graveur général à la Monnaie de Paris. Le thaler autrichien étant l'unité monétaire métallique des puissances coloniales dans cette partie de l'Afrique.
Le choix de l'alliance française par Ménélik est explicité dans le contexte colonial d'occupation des côtes de la mer Rouge et du golfe d'Aden pour contrôler la route des Indes par Suez. Un choix finalement aléatoire sur la durée.
La seconde est la photographie de la poste centrale dans les années 1930 (voir ci-dessus) dans un autre article de Mme Sohier sur Hailé Sélassié, « le dernier roi des rois ». Elle permet d'évoquer la rénovation urbaine qui eut lieu pour son sacre et les transformations à venir sous l'occupation italienne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire