mardi 25 avril 2017

Un philatéliste à Matignon

Maintenant que les électeurs français ont réduit de onze à deux les prétendants à la Présidence de la République, qui pourrait être le prochain Premier Ministre, installé dans l'Hôtel Matignon, à Paris ?
L'hôtel Matignon sur la carte Turgot de Paris, publié dans les années 1730 (image de l'exemplaire de l'Université de Kyoto, repris sur la base de documents libres Commons de Wikimedia).


Aucune idée.



C'est l'avantage de disposer d'une petite poignée de partis et mouvements en concurrence. Même si le remuement au siège d'un parti de droite semble indiquer des positionnements pour l'avenir... ?

Mais, dans le numéro daté mai 2017 de Stamp Magazine, Jeremy Havardi nous rappelle en un récit prenant qu'un insatiable collectionneur de timbres est né le onze janvier 1850 et a vécu dans ce lieu acquis par son père au duc de Montpensier, alors en difficulté financière après la chute de son père, le Roi Louis-Philippe en 1848 :

Timbre de 1968 du Liechtenstein (Colnect.com)

dont le centenaire de la mort aura lieu le vingt mai prochain.

Fils de l'homme d'affaires Raffaele de Ferrari, prince de Lucedio, duc de Galliera, il refusa à la fois d'hériter de la fortune paternelle, mais aussi de ses titres de noblesse. Sa mère, Maria Brignole Sale, lui laissa une petite fortune, avant de consacrer le reste à acquérir nombre d'œuvres d'art pour les placer dans l'hôtel Matignon dans l'idée d'une donation à la France.

Dans le cas de la mère comme du fils, la géopolitique française bouleversa leur plan. Fâchée que la République chasse son hôte, le comte de Paris, en 1886, elle donna ses collections à la Ville de Gênes et l'hôtel Matignon à l'Autriche qui en fit son ambassade.

Son fils, toujours résident d'une aile de l'hôtel, accumula les timbres rares... voire faux, préférant, d'après une citation acheter mille faux plutôt que de rater une variété qu'il ne retrouverait jamais. Les philatélistes le savent : les plus rarissimes timbres furent en sa possession... Sinon lire l'article de Harvardi.

Si sa famille douta de ce coûteux passe-temps, Philippe contenta sa mère en la conservant précieusement dans l'hôtel, ne la montrant pas, ne l'exposant jamais.

Adopté par un Autrichien du nom de La Renotière von Kriegsfeld, il reprit son premier patronyme sous le titre de comte et la nationalité autrichienne. Enfin, il souhaita que sa collection finit au musée postal de Berlin... La Grande Guerre brisa ce vœu : il se réfugia en Autriche, habitué depuis 1890 du village de Steinbach am Attersee. Après sa mort, la France saisit et vendit aux enchères son accumulation fabuleuse comme réparations de guerre de l'Allemagne.

L'hôtel eut un traitement plus respectueux... La vengeance de la République française ne s'étant pas étendue à la nouvelle république autrichienne : il fut acheté en 1922 pour servir de résidence officielle du chef du gouvernement français.

Mais peut-on déjà entendre crisser sur le parquet les dents de son prochain locataire ?

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