dimanche 6 mars 2022

Une guerre si grave qu'elle affecte la philatélie

 Le titre est dérisoire face à ce que vit la population ukrainienne depuis 2014, et désormais, une invasion militaire russe depuis jeudi vingt-quatre février 2022... et disons-le aussi beaucoup d'autres peuples à travers le monde même si les médias et les gouvernements occidentaux sont moins réactifs.

Les géopoliticiens et les historiens diront, dans plusieurs années et décennies, comment les États-Unis, l'Union européenne et la Russie ont créé suffisamment de précédents géopolitiques entre 1991 et 2022 pour qu'en une décennie deux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies envahissent un autre État souverain en mentant et refusant la voie diplomatique.

Néanmoins, si le sport offre des précédents de boycott d'États pour raison de droit de l'homme (l'Afrique du Sud) ou de guerre (le restant de la Yougoslavie), rarissimes paraissent les occurrences qui ont amené le loisirs de la collection de timbres à être en partie paralysé par une guerre.

Le message du Conseil de la Fédération européenne des associations philatéliques, en date du trois mars 2022 (site de la F.E.P.A.).

Lors de la réunion de son Conseil, le mardi deux mars, la Fédération européenne recommande de ne pas recevoir la Russie et la Biélorussie lors d'événements philatéliques dans un futur proche, sous-entendant donc, au sein de ces deux fédérations, les représentants de leurs associations, des collectionneurs exposants, des jurés, etc. La nouvelle est publié le trois mars sur le site de la F.E.P.A. et repris par la presse en ligne, notamment Vaccari News.

Quelques heures ensuite, d'Australie toujours le trois mars, le président de la Fédération internationale de philatélie a soumis les mêmes conseils concernant les expositions organisées sous le patronage de son organisation.

En attendant de voir comment les premiers comités d'exposition concernés vont gérer cela, sûrement aidés par les interdictions mutuelles de vols des compagnies aériennes nationales, une première exposition est victime de l'invasion russe en Ukraine : OSTROPA devait réunir à Berlin sous l'égide de la Fédération allemande et d'une de ses fédérations régionales, les collectionneurs d'Europe centrale et orientale depuis 2020... reportée deux fois à cause de l'épidémie de covid-19... et finalement annulée pour cause de guerre.

Pour les organisateurs, le message de l'exposition n'est plus audible face aux événements qui ont actuellement lieu.


Certes, je suis jeune, au sens que j'ai vécu très jeune l'espoir des adultes de la fin de la Guerre froide, du fonctionnement du système des Nations unies pour sauver le Koweït...

Mais, en reprenant l'histoire des cent quatre-vingt-deux années de timbres-poste et de leur collection, je ne vois que la Grande Guerre de 1914-1918 qui a autant marqué la philatélie européenne : le refus des créateurs du Roll of Distinguished Philatelists d'inclure des « Pères de la philatélie » allemands ou autrichiens parmi les défunts qui ne pouvaient le signer. Il a fallu attendre un siècle pour y admettre l'Allemand Otto Moschkau et l'Autrichien Victor Suppantschitsch.

D'autres actions ont pu exister, gênant l'activité des collectionneurs lors de « conflits gelés », comme la difficulté toujours actuelle pour un citoyen des États-Unis d'acheter directement ou de vendre des timbres de Cuba ou d'Iran.

Mais, l'exclusion de fait de participants aux expositions compétitives...


Post scriptum : pour le suivi de l'actualité postale et philatélique, je conseille vivement la version actualités du marchand, éditeur et libraire italien Vaccari  sur son site dédié ou sur son fil Twitter. Beaucoup sur l'Italie, mais un certain éclectisme dans les sujets abordés. 


Complément du mardi huit mars 2022 : Delcampe.

Le site de vente spécialisée entre internautes collectionneurs Delcampe a diffusé par mail à ses inscrits qu'il suspendait les ventes et achats réalisés depuis la Russie et la Biélorussie.

Complément du samedi douze mars 2022 : Postcrossing.

Dès l'invasion russe, plusieurs discussions ont eu lieu sur les forums du site d'échange de cartes postales Postcrossing. Des utilisateurs demandaient la suspension des envois vers des adresses et inscrits biélorusses et russes ; tandis que des Postcrosseurs russes insistaient sur la différence entre les actes de leur gouvernement et leurs opinions personnelles.

Finalement, le fondateur du projet a posté un message sur le blog officiel, mercredi neuf mars. Le but du site est de relier des individus autour de leurs passions. Les adresses russes et biélorusses restent proposées ; ceux qui ne souhaitent pas envoyer de cartes vers ces deux pays sont invités à ne pas participer à Postcrossing pour le moment.

Par contre, comme pour les aléas du courrier international pendant la crise du covid-19, Postcrossing pourra suspendre l'envoi entre certains pays si le trafic postal était suspendu. Là, les sanctions mutuelles entre la Russie et les pays opposés à l'invasion pourraient venir dissocier les membres de ces pays si seules des compagnies interdites de vol transportaient du courrier.

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