dimanche 2 octobre 2022

La Carte postale d'Anne Berest

Attention : divulgâchage possible dans cet article.

 Paru en août 2021, Prix Renaudot Des Lycéens 2021, le roman d'Anne Berest, La Carte postale, est paru en livre de poche un an après.

Présentation du roman dans Madame Figaro en août 2021.

L'ouvrage est la version rédigée de deux enquêtes et, finalement, de plusieurs quêtes liées à l'identité juive des Européens persécutés tout au long des dix-neuvième et vingtième siècles... jusqu'au traumatisme du génocide commis par les nazis.

Reproduite en couverture, la carte postale au timbre à l'envers arrive chez la mère de l'autrice en janvier 2003, postée un samedi de tempête de neige au bureau de la rue du Louvre, à Paris. Pour seule correspondance, les quatre prénoms des grands-parents, oncle et tante de la destinataire, tous assassinés après leur déportation avec l'aide de l'État français.

Une mauvaise blague ? Une menace antisémite ? Une révélation sur les disparus ? La culpabilité tardive d'un témoin de l'époque ?

Tout est rangé dans un tiroir... comme beaucoup d'autres souvenirs qui vont se révéler au fil du récit.

Quelques années plus tard, l'autrice est enceinte et, se reposant chez sa mère, se rappelle cette carte et lui demande de lui parler de cette partie de leur généalogie : les Rabinovitch. C'est la première enquête issue du besoin de la mère de retrouver ce que Myriam, la fille survivante, n'a jamais voulu raconter.

Les Rabinovitch, une famille russe qui s'est dispersée en 1919 sur le conseil du patriarche. Ephraim et son épouse d'origine polonaise Emma, et leurs trois enfants iront de la Lettonie à la Palestine, de Paris à la campagne normande, espérant à chaque fois s'intégrer à un nouveau foyer.

La seconde enquête est celle de l'autrice qui se rend compte que d'événement en événement, les femmes de sa famille jusqu'à sa propre fille revive le même antisémitisme de cours d'école, de la part de la société,... Anne se lance dans une recherche qui paraît impossible : retrouver qui a posté cette carte anonyme et comprendre son intention car, même plusieurs décennies après, certains ont bien des choses à cacher sur leurs actions des années 1940.

À sa lecture, on comprendra pourquoi les lycéens du Prix Renaudot ont désigné le roman : l'ensemble des problématiques et des acteurs des années 1920 à 1940 qui ont mené au génocide, puis l'oubli et le retour partiel de la mémoire depuis, sont tous passés en revue par ces enquêtes.

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