Les deux premiers articles (1, 2) sur la galerie honorant les vétérans de l'expédition des Nations unies en Corée, au Mémorial de la paix des Nations unies, à Busan, ont porté sur les objets rappelant les militaires combattants. Voici les militaires et volontaires soignants.
Cependant, l'évocation de l'empereur éthiopien a conclu sur un étonnement lié au grand ordre de Mugunghwa, décoration créée en République de Corée pour son chef d'État et être remise aux chefs d'États alliés et amis : le premier étranger qui l'a reçu n'est pas de ceux qu'on pourrait imaginer.
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Photographies ou extraits de films d'actualité : des infirmières allemandes en Corée du Sud (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
Or, des seize pays de l'expédition autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies pour sauver le sud de la Corée de l'invasion du nord, c'est le président de la République fédérale allemande, Heinrich Lübke, lors d'une visite du pays en 1967 (ici, un film d'actualité de British Pathé à Busan). L'ingénieur en bâtiment a été victime du régime nazi, a travaillé pour entreprise de construction qui eut des contrats avec l'État et Albert Speer ; il devient président fédéral, rôle honorifique pour ne pas faire d'ombre au véritable chef : le chancelier Konrad Adenauer.
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Certificat de remerciement remis par un directeur d'hôpital à un soignant allemand (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
Est-ce le souci de l'Allemagne fédérale de montrer rapidement une meilleure image du pays et ses habitants après le Troisième Reich et son alliance avec le Japon impérialiste ?
Adenauer décide cet envoi après sa rencontre avec le président des États-Unis. Les deux cents soignants et matériels arrivent à Busan en mai 1954 pour cinq ans afin d'aider la population de retour en paix.
L'Allemagne de l'Ouest a donc envoyé en Corée, comme d'autres pays neutres ou militairement insignifiants comparés aux forces des États-Unis, du personnel militaire ou civil de soignants avec des équipements de santé.
Cependant, le passé allemand a retardé cette décision quant d'autres pays anciennement belligérants de la dernière guerre mondiale (Inde, Italie notamment) et neutres ont pu intervenir dès 1950.
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Uniforme d'infirmière volontaire suédoise lors de l'expédition de Corée (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
Ainsi, la Suède, État neutre, a participé par l'envoi de matériels et fournitures pour les hôpitaux de la Croix-Rouge en Corée. Parmi les six cents volontaires, cent soixante-dix femmes et hommes sont arrivent sous la direction du Colonel Carl-Erik Goth, le vingt-cinq septembre 1950 à Busan.
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Une infirmière de la Croix-Rouge suédoise en couverture du numéro de Life, du vingt-cinq septembre 1950 (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
Dans la vitrine dédiée à ses volontaires suédois, envoyés dès le début du conflit, l'uniforme gris foncé est modeste avec ses épinglettes de la Croix-Rouge comme seul distraction visuelle.
Un collectionneur privé trouvera que la presse d'époque montrant un visage souriant et des civils en aide à la population civile coréenne, dont les colonnes de réfugiés fuyant les combats, varient de l'horreur ou du manque de documentation accessible sur les âpres combats.
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Courrier d'un membre de la Croix-Rouge suédoise ayant passé par la poste militaire (états-unienne ?) (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
L'historien postale analysera les enveloppes laissés par les membres de l'Hôpital de campagne de la Croix-Rouge suédoise - le nom officiel de l'opération - ayant son adresse auprès de la poste militaires(sûrement des États-Unis ? APO503) au port japonaise de Yohohama.
Le Mémorial de Busan propose une enveloppe de courrier aérien, de Corée à la Suède via Yokohama, et affranchit par des timbres des États-Unis et un timbre coréen. Un double affranchissement nécessaire ? Ou petit souvenir coréen pour la destinatrice, peut-être l'épouse, les deux personnes portant le même nom de famille.
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Timbre du Danemark de 1951 représentant le MS Jutlandia, alors en Corée, avec surcharge en faveur de la Croix-Rouge (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
Le Danemark a marqué les esprits par l'envoi du bateau marchand MS Jutlandia, réaménagé en un navire-hôpital et son personnel médical de quarante-deux volontaires sélectionnés parmi des milliers de candidatures.
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Photographies de personnel de la Croix-Rouge danoise et d'enfants coréens soignés de leurs graves blessures (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
Ici, par contre, la vitrine évoque les conséquences de la guerre par le texte introductif et deux photographies. Les volontaires danois ont été choisis pour pouvoir tenir le choc de soigner et s'occuper de toutes les blessures et souffrances vécues par les civils coréens pendant la guerre, tels la nécessité d'amputer des enfants.
Comme les histoires de Coréens adoptés par des familles des États-Unis reviennent, avec bonheur ou malheur, dans les médias d'information et œuvres culturelles sud-coréennes, cette vitrine initie peut-être une réflexion sur pourquoi la Corée du Sud a été un point de recherche d'orphelins à adopter...
... avec les risques d'abus que le pays a connu jusqu'à tardivement au vingtième siècle.
Évidemment que mes recensions d'objets présents dans ces vitrines d'un musée sont fort incomplètes, n'ayant pas beaucoup approfondi mes recherches. Mais, les pistes sont là.
Post scriptum : des forces coloniales.
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Photographie légendée « Vétérans néerlandais » en Corée (Mémorial de la paix des Nations unies à Busan, juillet 2024). |
Les militaires et volontaires civils des seize pays, de manière officielle (uniformes, médailles), personnelles (courrier) ; le rappel de leurs actions ; les femmes, les enfants évoqués,...
Une photographie rappelle qu'il y avait encore des empires coloniaux après la Seconde Guerre mondiale, même si l'Inde était indépendante depuis 1947 et l'Éthiopie jamais conquise jusqu'à l'agression mussolinienne.
Deux vétérans néerlandais en Corée paraissent originaires d'une des colonies des Pays-Bas, enfin celles qu'il a encore alors, car l'année précédant la guerre de Corée, ils ont dû reconnaître celle de l'Indonésie après quatre ans de conflits armés.
Surinam ? Antilles néerlandaises ?
Les concepteurs de cette galerie ont donc vu des coins et recoins de recherche pour tous les pays et populations ayant participé volontairement (les seize) ou indirectement (les anciennes colonies) à l'intervention en Corée.
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