Tiens, je découvre un marronnier japonais, c'est-à-dire une série d'articles saisonniers ou cycliques : la trop grande similarité physique entre les pièces de 500 yens japonaises et de 500 wons coréennes depuis l'introduction de ces dernières en 1982. Plus de quatre décennies, c'est du marronnier bien planté sur ses racines.
Cependant, le sujet est grave : la différence en valeur réelle pénalise grandement les petits commerces japonais d'une part, et les entreprises de distributeurs automatiques qui ne parviennent pas à distinguer les deux. Distributeurs d'objets dont il peut suffire de pousser le levier pour qu'il rende 500 yens, mais pas forcément la pièce coréenne mise ; ou distributeur bancaire permettant le dépôt de monnaies en échange immédiat de billets de banque. Oui, pour cette seconde activité massive, on parle bien de groupes criminels organisés.
On pourrait croire que les revers suffiraient : le dessin végétal chargé au Japon face à un seul oiseau sur une surface lisse en Corée. Mais, il semble que la situation soit plus complexe que le seul vieillissement de la vue des employés. Il n'en est rien.
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| Le revers des deux pièces : japonaise à gauche, sud-coréenne à droite (via la base d'images libres Commons de Wikimedia). |
Certes, le problème est commun à d'autres pièces de monnaie entre pays de voyageurs : cents cuivrés occidentaux, pièces jaunes entre euros et monnaies d'autres pays européens.
Il est difficile de s'en débarrasser puisque seuls les billets sont échangeables en bureau de change dans le pays d'arrivée de ces monnaies. Et, surtout, les valeurs en conversion et donc en pouvoir d'achat sont opposées.
Pour le cas présent, 500 wons sont équivalents à 50 yens d'après l'article de The Asia Business Daily du vingt-et-un novembre 2025. En euro, on passe d'environ trente centimes version coréenne à un peu moins de trois euros version japonaise...
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| Les trois versions successives de 500 yens japonais : depuis 2021, les pièces sont bicolores et chargées d'éléments de sécurité sur la tranche et à l'intérieur des deux zéros (via la base d'images libres Commons de Wikimedia). |
Certes, le restaurateur japonais, principale victime interrogée dans l'article, n'accuse pas forcément le client, ayant pu être trompé lui-même, ni n'accuse des Coréens de profiter de leurs pièces.
Néanmoins, l'inflation des ingrédients touchant sa profession et la réputation des mafias locales à détrousser de pièces de 500 yens ou de marchandises en utilisant des pièces de 500 wons... Il a compris que si plusieurs clients malhonnêtes s'y mettent, ça va lui coûter cher.
Les hypothèses historiques pour les commerçants :
- le « vilain petit canard » en wons que tout le monde se refile depuis qu'il a fini dans le circuit monétaire des particuliers japonais... jusqu'à ce qu'un collectionneur, un petit marchand de monnaie ou une banque l'isole. Que celui qui n'a jamais tenté de refiler un cent états-unien au supermarché français jette la première pierre.
- Le touriste qui profite pour vider ses poches de la monnaie de l'étape coréenne à bon prix. Certes, aucune nationalité n'est accusée, mais la croissance touristique en provenance de la Chine populaire commence à irriter une minorité d'habitants et commerçants en Corée par exemple - les discriminations nationales ou géopolitiques ne sont hélas pas le privilège des Occidentaux.
- Par contre, le salaryman japonais est identifié, notamment la manière dont quelques-uns vivent à un rythme aussi rapide que la croissance du profit souhaité par leurs compagnies, au mépris de la légendaire politesse est-asiatique (je dois avoir plusieurs préjugés...).
En effet, le restaurateur explique que les dernières pièces coréennes ont été retrouvées quand un client part après son repas en déposant un amas de pièces sur le comptoir, sans attendre que l'employé vienne vérifier, rendre la monnaie, et saluer ! Ou que pressé de contenter le client partant, il n'a pas le temps de vérifier chaque pièce.
Pourtant, comme le montre la deuxième image ci-dessus, partagée par les utilisateurs de Wikipédia, les autorités japonaises ont pris le problème au sérieux, surtout quand il s'agit de milliers de pièces circulées par les groupes criminels.
En 1999, le ministère des Finances a modifié l'alliage métallique, allégeant la pièce... Las ! Les mafias ont fait limer ou poncturer les pièces coréennes jusqu'à ce que les automates de vente soient trompés.
Depuis 2021, le changement est radical au moins pour le contrôle visuel et manuel : bicolore, nouveaux éléments inédits de sécurité sur la tranche et à l'intérieur des deux zéros : les mots « JAPAN » et « YEN » apparaissant dans les stries selon l'inclinaison.
Il va peut-être falloir totalement retirer de la circulation les pièces de 1982-2021 en les démonétisant avec échanges, probablement en mettant en place une ligne directe avec la police pour signaler tout mouvement suspect et en masse de pièces de 500 wons.


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