samedi 27 septembre 2025

D'une famille de postiers montpelliérains sont issus une dynastie d'artistes japonais

Des activités ayant bénéficié de la numérisation des documents et leur accessibilité par le vaste monde grâce à la toile internétique, la généalogie ou la recherche familiale au sens large est de celle qui a été des plus bouleversée dans le bon sens.

Ici, point de membres vieillissant en nombre décroissant. Les reproches sont généralement des réactualisations d'anciennes pratiques : s'approprier sans référence à un autre chercheur, copier des données d'archives ou de recherches d'autrui sans vérification critique.

Rien de grave : le chercheur suivant vérifiera bien, et, je rappelle que les auteurs, biographes et historiens des Grecs anciens au dix-neuvième siècle ont rédigé le passé ainsi : recopier dans forcément citer les passages qui leur semblaient les plus pertinents des auteurs passés.

L'entrée nord-ouest de la rue de l'Ancien Courrier, à Montpellier (capture d'écran de la première vidéo Legendre de Ketella Généalogie, publiée sur youTube le dix-huit juillet 2025).

Que l'on travaille sur ses ancêtres, cousins, ou d'autres familles, les découvertes inattendues et les connaissances thématiques à acquérir sont nombreuses.

Un exemple a été donné par le généalogiste Gab Ketella qui résume sa recherche des ascendants et descendants du sculpteur Jean-François Legendre-Héral (1796-1851) en trois vidéos publiées en juillet et août, et l'ayant encouragé un voyage au Japon et en Corée au printemps 2025.

Comment d'un postier montpelliérain en est-il à découvrir le kabuki, genre du théâtre japonais, et l'art lyrique féminin japonais ?

La famille étendue des Legendre en France entre le dix-huitième et le dix-neuvième siècle : des postiers héraultais... et deux artistes (capture d'écran de la première vidéo Legendre de Ketella Généalogie, publiée sur youTube le dix-huit juillet 2025).

Installé à Montpellier, Ketella échange en direct sur la plate-forme vidéo des moments de recherche-enquête sur Twitch, puis des petits tutoriaux et des résultats finaux sur Instagram et, surtout, youTube.

Récemment, il a exploré le passé de bouchers de la ville et de la création et l'évolution du quartier des Abattoirs, actuellement les Beaux-Arts, retrouver l'identité d'un soldat français à partir d'une photographie découvert en chinant, et là, la généalogie d'un sculpteur né à Montpellier : Legendre-Héral.

La première vidéo, publiée le dix-huit juillet dernier, démarre rue de l'Ancien Courrier, dans une partie restée médiévale du centre historique de Montpellier. C'est là qu'était installé, depuis le quatorzième siècle, un bureau de la poste aux lettres pour la remise aux destinataires. Un article du dix-sept mars 2023 de Midi libre rappelle les noms précédents et probants de la rue : rue des Messagers, rue du Courrier ou rue du Bureau des Lettres en 1760, puis de l'Ancien Courrier en 1852.

C'es probablement dans cette rue qu'Étienne Louis Legendre, le père du sculpteur, a travaillé quand il devient postier à Montpellier en 1792, où il se marie avec Jeanne Falque, fille d'un postier montpelliérain ; ils ont deux fils : Louis Étienne Jean qui sera postier, et le futur artiste Jean-François.

Aléa de la vie, il meurt jeune et sa veuve se remarie avec un peintre, Pierre Héral, qui semble avoir orienté la vocation de son beau-fils vers la sculpture qui l'oriente vers des études à Lyon dans la première décennie du dix-neuvième siècle.

De ce second mariage, les généalogistes postaux aperçoivent sur la capture ci-dessus trois postiers de plus : Jeanne, la fille du couple Héral-Falque, sera postière jusqu'à être directrice et finir sa carrière à la tête du bureau de poste de Clermont-l'Hérault, au centre du département dont Montpellier est la préfecture. Elle épouse un cousin, Jean Georges Dusiquet, fils de la sœur de sa mère et d'un postier né dans le département de la Manche.

Il faudra que je me penche comment consulter en ligne les dossiers des personnels des postes aussi anciens et pendant la période de l'Administration des Postes pour justement une descendant de frères et sœurs d'un aïeul devenue postière partie du Gard vers le département de la Seine.

La descendance états-uniano-japonaise (?!!) du scupteur Legendre-Héral du dix-neuvième siècle à la première moitié du vingtième siècle : un général imprévu et plein d'artistes (capture d'écran de la deuxième vidéo Legendre de Ketella Généalogie, publiée sur youTube le dix août 2025).

J'irai plus vite sur les deux vidéos suivantes qui suivent un des fils de Jean-François Legendre-Héral : Charles Legendre (1830-1899), mais elle est à regarder pour ceux qui se demandent s'ils peuvent se découvrir un « oncle d'Amérique » ou un cousin au Japon. Oui, c'est possible grâce aux hasards de la vie, et qui se demandent comment lire des journaux et livres anciens, numérisés par des archives et bibliothèques privées ou publiques dans plusieurs pays (The New York Times pour le cas de Charles Legendre).

Un oncle et de nombreux demi-cousins postiers, néanmoins Charles est excellent élève, notamment en langue anglaise, mais dépensier... Après la mort de son père sculpteur désargenté (par les dettes de son fils prodigue), Charles se réfugie à Bruxelles où il fait la rencontre d'une jeune états-unienne et sa mère en voyage...

Le mariage est conclu, un premier enfant naït. Mais le père meurt accidentellement outre-Atlantique et Charles émigre à New York et s'y ennuie.

Il s'engage dans l'armée de l'Union contre les sécessionnistes entre 1860 et 1865. Il est promu sur le champ de bataille, gravement blessé deux fois au point que, soigné par des paysans, l'armée et sa famille l'a cru mort. Il termine général de brigade en 1865.

Dès l'année suivante, le gouvernement fédéral le nomme consul en charge des intérêts dans les Ports ouverts chinois. Non étudié par Ketella : le voyage intéressera les historiens postaux habitués à éplucher les calendriers maritimes. Legendre part de New York pour le port central du monde d'alors : Liverpool... et traverse les continents européens et asiatiques jusqu'à Xiamen.

En poste, il devient populaire lorsque les autorités chinoises de Formose l'autorisent à négocier avec les indigènes taïwanais en conflit sur le devenir de l'équipage d'un bateau états-unien échoué, sans effusion de sang malgré une petite armée privée qu'il a extorquée à son supérieur. Cette action et une étape au Japon lors d'un voyage aux États-Unis conduisent à une désertion : l'empire du Japon l'engage comme conseiller, notamment pour leurs relations avec les autorités chinoises et les habitants (pas faciles) de Formose. Néanmoins, il échoue à accomplir le même succès pour un équipe japonais en 1874.

Enfin, de 1890 à 1899, il rejoint le service de l'empereur Gojong de Corée.

C'est là que les recherches dans les archives du New York Times sont intéressantes pour retracer les grandes actions de Legendre sur les champs de bataille de la guerre de Sécession, ses principaux accomplissements en Asie de l'Est, et surtout découvrir que tous les souvenirs de sa vie française, new-yorkaise et asiatique ont sûrement tous disparus dans l'incendie de la maison coloniale.

Le témoignage de son fils parle de sculptures de son père, de lettres originales de présidents des États-Unis, d'œuvres littéraires, artistiques et artisanales des trois pays d'Asie où il a vécu, etc.

La descendance artistique japonais du général unioniste Legendre du dix-neuvième siècle à nos jours : patronymie kabuki et cantatrices japonaises (capture d'écran de la troisième vidéo Legendre de Ketella Généalogie, publiée sur youTube le vingt-sept août 2025).

D'un postier de 1792, ayant certainement obtenu sa place par l'entregent de son père, aboutir à un des généraux de l'Union en 1865, c'est peu habituel. Personnellement, de paysans du Languedoc, j'atteins des ouvriers textiles nîmois, des plâtriers montpelliérains et manutentionnaires du chemin de fer descendus avec l'exode rural ; et un Guyennais montpelliérain d'adoption suite sûrement à son service militaire. Un dossier d'un cousin très lointain trouverait peut-être un anobli médiéval lointain dans le temps et l'espace... dont il faut que je retrace par les sources.

Cependant, le parcours n'est pas terminé et Ketella a dû étudier les arts du spectacle japonais, ce qui a motivé un nouveau voyage au Japon, avec une étape à Séoul où Charles Legendre est enterré (à partir de la minute 14 de la deuxième vidéo).

Car le diplomate-conseiller privé épouse une Japonaise... loin de son épouse new-yorkaise. La fille illégitime d'un descendant de shogun... Les généalogistes qui recherchent des ancêtres dignes de Charlemagne et d'Huguet Capet frétillent.

Ichimura Uzaemon XV (1874-1945), le premier garçon est adopté, très jeune, par un acteur kabuki dont il va être l'héritier et l'élève. Bien que cet homme a été l'amant de nombreuses femmes, Ketella parvient à distinguer des enfants issus d'une longue liaison, plusieurs devenant des acteurs kabuki ou des chanteuses, certains et certaines très connues du public et donc documentées des journaux japonais des années 1930... jusqu'à la visite de Ketella au printemps 2025.

Comment réaliser cette généalogie quand on ne maîtrise pas les outils archivistiques japonais ?, admet notre généalogiste-vidéaste.

En comprenant que les artistes kabuki reprennent le nom de leur « père », qu'il soit biologique ou adoptif tant qu'il est le maître-formateur, et un surnom lié à leur rôle dans le kabuki, avec numéro pour distinguer les homo(sur)nymes.

Un surnom qui peut évoluer jusqu'à l'apogée de leur carrière. Le suivi des noms de famille adoptés et la numérotation de ces surnoms de maître en disciple, la recherche de programmes anciens et de critiques de pièces, le ramassage de publicités pendant son voyage permettent au généalogiste de dresser l'arbre ci-dessus jusqu'en 2025, comprenant les descendants et conjoints issus d'Ichimura et sa concubine, et, au milieu sur la gauche, trois de ses élèves portant son nom de famille car ils ont été ses élèves.

Ainsi, quand Gab Ketella filme la façade d'un théâtre kabuki, il explique que le descendant le plus récent d'Ichimura Uzaemon XV y joue à ce moment-là... et en retravaillant son arbre et le programme, qu'il y joue avec un de ses cousins.

La trilogie vidéo illustre une certaine homogamie dans les milieux des arts de la scène au Japon, comme finalement d'autres milieux sociaux en France : ici, les postiers, entre fréquentation de lieux communs et envie de mutation commune.

Le tout est de trouver les bonnes archives et de bien les interpréter.


Pour aider Ketella : sa cagnotte est par ici ; son sponsor est le logiciel Généatique ; et tentez de ne pas zapper les publicités youTube (c'est dur...).

Pour ma part, j'utilise depuis 1994 (quand on faisait encore tourner les bobines de films des Mormons aux Archives départementales) le logiciel Heredis de l'entreprise coopérative montpelliéraine BSD Concept (pas un sponsor) ; et un abonnement au site Geneanet pour m'aider dans mes recherches à travers les archives publiques ou professionnelles, et débloquer des sauts géographiques de certains ancêtres : avec trente-six mille communes et les aléas de leur vie passée, je remercie les autres généalogistes qui photographient les tombes, indexent des recensements ou des fiches militaires et de professions.

dimanche 21 septembre 2025

Le 22 septembre 2025, la République française reconnaît la Palestine comme État

Pour ceux souhaitant que l'accumulation organisée de timbres et l'étude du service postal reste un loisir et veulent collectionner en paix, veuillez passer à un autre article.


 Demain, lundi vingt-deux septembre 2025, la République française par l'intermédiaire de son président Emmanuel Macron reconnaîtra l'État de Palestine dans le cadre de la quatre-vingtième Assemblée générale des Nations unies, au siège de l'organisation à New York.

Cette semaine à venir, l'Assemblée générale entre dans sa « Semaine de haut niveau », comprendre en présence des chefs d'État et de gouvernements pour tenter de conclure des négociations dans des domaines multiples (guerre et paix, santé et éducation, environnement, etc.) préparées par les ministres, ambassadeurs et autres représentants des États membres au quotidien des relations diplomatiques.


Dès les années 1980, quand les États arabes voisins d'Israël et des Territoires occupés, et accueillant encore aujourd'hui des camps de réfugiés palestiniens, ont cessé la guerre contre leur nouveau riverain, l'Organisation de libération de la Palestine (O.L.P.), dirigée par Yasser Arafat, avait pris le relai, mêlant terrorisme, militantisme populaire et diplomatie.

Le quinze novembre 1988, à Alger, le Conseil national palestinien avait déclaré l'indépendance de la Palestine. À cette époque, les pays du Bloc communiste, la majorité de ceux d'Asie et d'Afrique avaient reconnu immédiatement le nouvel État, suivis dans les années 2010 par l'Amérique latine, sortie des dictatures militaires.

Si les évolutions politiques et électorales, voire la crainte des dirigeants actuels des États-Unis, ont fait varier le vote à l'Assemblée générale des Nations unies des pays d'Europe de l'Est et d'Amérique du Sud, la colonisation violente acceptée par l'État de la Cisjordanie et le règlement du cas du Hamas par l'anéantissement matériel et humain de la bande de Gaza décidés par le gouvernement israélien  depuis les massacres dans le sud d'Israël du sept au neuf octobre 2023 entraînent une mobilisation d'une partie des opinions publiques et de gouvernants dans le monde.

N'ayant pas oublié la colonisation britannique pour l'Irlande et la dictature franquiste pour l'Espagne, des habitants et dirigeants de ces deux pays rappellent que, depuis 1945, l'extermination tous azimuts des civils pour éliminer une menace précise n'est pas acceptable.

Bloc de timbres en l'honneur de Jacques Chirac, émis par la poste de l'Autorité palestinienne, en février 2005 (via le site zobbel.de).

Évidemment, en plaçant la loupe sur les agitations médiatiques de chaque pays, les morts, prise d'otages et souffrances des civils israéliens, touristes et travailleurs migrants en octobre 2023, et celles des générations successives de Palestiniens de 1948 aux morts et souffrances actuelles, sont caricaturées entre politiciens et éditorialistes en vue des élections suivantes.

Non, les guerres civiles du Soudan et de l'est du Congo ne sont pas oubliées (dont les actions en douce des Émirats arabes unis - ah, le rôle des influenceurs fric et fashion à Dubaï - et du Rwanda), ni le fait que les putschistes sahéliens préfèrent lutter seuls contre les groupes djihadistes (en ajoutant les exactions des mercenaires russes pour leurs concitoyens ou pour cacher d'autres raisons ?). L'hebdomadaire The Continent ou les chaînes internationales (comme RFI) le montrent à chaque article et reportage.

Sans compter les philosophes français d'opérette qui estiment que tout Gazaoui est un membre du Hamas ayant mérité son sort... L'influence du groupe islamiste (comme celle des mesquineries contagieuses de Donald Trump) peut rappeler l'importance du Parti nazi et la passivité-profitabilité de la majorité des Allemands des années 1930.

Mais, depuis 1945, on aurait pu espérer que l'Israël du vingt-et-unième siècle avait les moyens de renseignement (Pegasus ?), technologiques et logistiques (bipeurs au plastic ?) pour éliminer les chefs et relais principaux de ce groupe sans avoir à réinventer les ghetto nazis ou le gouvernorat général de Varsovie.

Ah, les drapeaux nationaux, leur symbolique,... Mais, oh ! C'est quoi cet ordre des couleurs !
Timbre des États-Unis pour le bicentenaire de la Révolution français (via Mystic Stamp).

Une fois dépassées les comparaisons avec d'autres conflits (pour lesquels les bonnes volontés de l'Union africaine et des puissances régionales s'épuisent comme celles des pays européens face à la guerre en Ukraine), le dernier « doigt du sage » en France est le débat absolument vital pour les Gazaouis, Palestiniens et Israéliens, la paix dans le monde, et le passage de nos âmes au Paradis :


Puisque le chef de l'État reconnaît un nouvel État,
les élus ont-ils le droit de pavoiser les hôtels de ville du drapeau dudit État ?
Voire de quel n'importe quel drapeau étranger ?


Entre symbole de solidarité et d'appel au public pour les uns, croyance qu'un bout de chiffon n'a aucune influence sur les événements pour d'autres, ou, au contraire pour certains, fantasme d'islamisation des esprits de montrer un drapeau étranger sur un bâtiment républicain...

En France, depuis le Onze-Septembre 2001, avons-nous dans les émotions des grandes tragédies trop abusé de slogans faciles et de mots-dièses au lieu de réflexions et d'actions concrètes pour aider immédiatement et assurer un mailleur avenir : « Nous sommes tous Américains » ne justifie pas l'invasion de l'Irak en 2003 ayant ouvert grand la porte à Daesh, le « Je suis Charlie » de la liberté d'expression en 2015 mais pas jusqu'à soutenir l'intolérance (non, Voltaire ne le croyait pas non plus),...

Et donc, au lieu de s'enquérir des civils victimes en 2003, pourquoi leur gouvernement n'était pas prêt, pourquoi des Gazouis ont célébré ; au lieu de cibler des meneurs-clés et des membres convaincus plutôt que frapper aux missiles en zone urbaine,... chamaillons-nous sur les drapeaux au fronton des mairies (Ukraine, Israël, Palestine, des Fiertés, de la région d'identité reprise de l'Ancien Régime, etc.).

Les mêmes commentent déjà le manque de francité des binationaux ou biculturels montrant des drapeaux étrangers dans les stades, les cortèges de mariage, les manifestations... Et toujours contre les mêmes pays partageant les couleurs panarabes.


De mon petit et insignifiant coin philatélique, je propose d'afficher ou projeter le portrait de Jacques Chirac (1932-2019) sur fond de drapeau palestinien, mis en timbre par la poste de l'Autorité palestinienne, émis en février 2025, dans le cadre de la série « Les Amis de la paix ».

Le vingt-deux octobre 1996, en imposant qu'il visite la vieille ville de Jérusalem, le président de la République française avait vertement rappelé à l'ordre les services de protection israélien qui empêchaient avec brusquerie les habitants palestiniens de pouvoir s'approcher. Déjà Netanyahou au pouvoir.


Tous les problèmes du monde sont anciens, les solutions idéales sûrement des fantasmes de jeunes écolo-gauchistes-woke - expressions rappelant l'accusation de « judéo-bolchévisme » d'antan.

Les solutions actuelles une relance de la barbarie humaine pour plusieurs décennies. Et je ne parle pas seulement de Gaza, du Soudan, de Goma, mais aussi du professionnalisme pantouflards je-retourne-ma-veste des politiciens jusqu'à ce que la sagesse ou l'inhumanité les touche, et donc des inégalités à toutes les échelles, et du changement climatique face à des capitalistes bourgeois aveuglés et aveuglants.



samedi 20 septembre 2025

Donald Trump déteste le courrier, épisode 2025

 L'actuel président des États-Unis est connu pour ses critiques acerbes contre la rentabilité (ou son manque) de l'opérateur postal historique, l'United States Postal Service (USPS).

Au cours de son premier mandat (janvier 2017 - janvier 2021), il avait condamné la faiblesse de la rémunération versée par Amazon à l'USPS pour les livraisons des derniers kilomètres en milieu rural.

Le maître général des postes, Louis DeJoy, choisi par le conseil d'administration sous pression en juin 2020, perturba gravement le fonctionnement de la filière courrier dans les semaines précédant l'élection présidentielle de novembre : enlèvement de milliers de boîtes aux lettres, interdiction des heures supplémentaires, envoi à la casse de machines de tri grande vitesse, etc. L'action des comités du Congrès et une enquête de l'Inspecteur général de l'USPS forçèrent DeJoy à repousser la poursuite de cette politique à après l'élection, puis à l'abandonner totalement en octobre...

Sous surveillance pendant la présidence Biden, DeJoy a démissionné en mars 2025 après avoir implanté des changements pour améliorer la rentabilité avec des conséquences sur la qualité du service.

Caricature de Jimmy Margulies pour The Washington Post, le trois septembre 2025 (page Opinions du journal sur Instagram). 

Son successeur, toujours sous la pression du président, est comme DeJoy un administrateur d'un concurrent de l'USPS, mais n'a pas encore fait la une des journaux.

Pas comme Donald qui a fait publiquement savoir que son grand ami, Vladimir, lui a conseillé en août 2025 d'abolir le vote par correspondance, une modalité que l'homme d'affaires a toujours détesté, surtout depuis l'élection perdue de novembre 2020.

Aux États-Unis, le vote postal ou celui aux bureaux de vote avant le jour des élections générales se justifient par plusieurs causes historiques et sociales. D'abord, le Jour de l'Élection (Election Day) a toujours lieu le mardi qui suit le premier lundi du mois de novembre, donc un jour ouvrable dans un pays économiquement libéral : toutes les entreprises ne sont pas forcément assez civiques pour libérer leurs salariés.

Ensuite, l'immensité des États ruraux, le vieillissement démographique, l'inscription dans son État natal alors que sa vie universitaire et professionnelle se trouve dans un autre.

Le vote par correspondance et le vote à l'avance sont ainsi devenus majoritaires par commodité : entre septembre et novembre 2020, 65,6 millions d'électeurs ont choisi la voie postale pour 158 millions de votes enregistrés à l'élection présidentielle ! Ajoutés les votes à l'avance, la majorité des électeurs avait voté avant le trois novembre 2020.

Évidemment, depuis 2020, l'échec électoral autant que la fortune des dons reçus directement par Trump* a incité gouverneurs, députés et associations d'électeurs républicains à l'échelle des cinquante États fédérés à rendre plus difficile l'accès au vote par courrier... par des mesures non traditionnelles voire vexatoires.

*Le mouvement-slogan Make America Great Again a permis à Donald Trump de devenir le patron à la romaine, le parrain à l'italienne, etc. de l'ensemble du Parti républicain et de ses composantes locales. Les électeurs moins politisés avant MAGA dirigent leur don plus spontanément vers les fonds électoraux de Trump que ceux du Parti et de ses candidats.

Ainsi, depuis 2020, c'est un concours au républicain qui trouvera la mesure la plus nocive au vote postal, voire au vote des électeurs jugés trop dangereux pour la droite :

- présentation d'une preuve officielle d'identité avec photographie dans un pays anglo-saxon typique où la carte nationale d'identité n'est pas obligatoire et vue comme une tentative de contrôle de l'État ;

- preuve qui doit porter la même identité que l'acte de naissance, risquant d'écarter les personnes transsexuelles et... les épouses ayant pris l'usage du nom de leur mari, et pas été informée qu'il aurait fallu faire ajouter leur nom de naissance à la réinscription sur les listes électorales et sur la pièce d'identité utilisée ;

- oubli de communiquer largement les nouvelles règles, en particulier, vers les populations trop démocrates : les Afro-Américains dans les États esclavagistes-ségrégationnistes du Sud ;

- obligation de justifier la cause du vote postal ou en avance, avec évidemment, limitation croissante de la liste des possibilités, etc.

Voilà pourquoi les partis politiques et des associations civiques font le tour de certains quartiers pour rappeler les enjeux des élections, mais aussi aider les électeurs à se réinscrire correctement. Il y a infiniment peu de fraude par les électeurs aux États-Unis, la confiance se joue par l'adéquation information de la liste électorale, parole et preuve présentés par l'électeur (la carte de Sécurité sociale n'a pas de photographie).

Comme au temps de la ségrégation dans le Sud, ce sont les autorités malhonnêtes en amont et le stress imposé aux assesseurs au moment du décompte par les surveillants du Parti républicain le risque que des votes soient exclus.


D'où le choix du dessinateur de presse, Jimmy Margulies, pour le Washington Post le trois septembre 2025, de représenter ces manœuvres validées par le président russe avec une retraitée afro-américaine, endimanchée pour réaliser ce geste civique, acquis après souffrances et violences par les colons des Treize Colonies, les esclaves et les femmes,...

... et menacée par un char de la Garde nationale d'un des États républicains ou fédéralisée par Trump pour lutter contre le crime dans les grandes villes : Los Angeles (troubles causés par sa police masquée contre l'immigration), la capitale fédérale (où la criminalité est en baisse pourtant), avec menaces ces jours-ci contre Chicago et Memphis.

La protection quasiment sacrée accordée au secret de la correspondance écrite, et le choix des électeurs de voter pour qui ils veulent comme ils le souhaitent, sont actuellement menacées aux États-Unis.

Un domino de plus y tombe sur le chemin rapide vers la dictature.



Cet article est publié dans le cadre du #PostBoxSaturday, en ce qui me concerne sur le réseau social BluSky.

P.S. : oui, j'ai depuis longtemps rayé ce pays de mes rêves de voyages à cause de la présence des armes à feu en vente libre et une tolérance à l'intolérance assez douteuse dans une partie de la population.

dimanche 14 septembre 2025

Jeu de tampons et ambiances variées pour petits cadeaux à Séoul

 Plusieurs musées, des régions de randonnée ou de pèlerinage proposent gratuitement, ou en payant pour les expositions philatéliques marchandes, de compléter un petit livret de tampons qui, entièrement complété, permet d'obtenir un petit cadeau matériel ou spirituel dans le cas du diplôme des chemins de Saint-Jacques de Compostelle

À Séoul, j'ai visité trois lieux proposant ce petit périple dans la visite. Tout d'abord, l'exposition philatélique de Corée 2024 où étaient célébrés les cent quarante ans du premier timbre coréen.

L'exposition assez traditionnelle des 140 ans du timbre coréen, en entrée de l'Exposition philatélique de Corée 2024 (photographie sous licence Creative Commons BY-NC-ND 4.0). 

N'ayant pas prévu la répétitivité de ces petits jeux, je n'ai pas de photographies des tampons, ni de la fiche finale puisque rendue contre le cadeau.

L'objectif était de faire visiter les différents lieux et activités de l'exposition, qu'ils soient marchands, culturels et aussi l'exposition philatélique compétitive à toute sorte de public - vous ai-je dit qu'il fait chaud l'été en extérieur en Corée ? : collectionneurs vers les activités numériques et de correspondance, familles vers la philatélie traditionnelle, jeunes urbains en recherche de climatisation et/ou de gadgets choupinous vers les aspects de ce loisirs.

L'exposition vidéo de l'histoire de la poste et des timbres de Corée, à l'Exposition philatélique de Corée 2024 (photographie sous licence Creative Commons BY-NC-ND 4.0). 

Après une exposition de pages d'albums contenant les timbres de l'Empire de Corée et de la République de Corée (du Sud), un mur ponctué d'écrans proposés des vidéos de l'histoire de la poste et de la création des timbres du pays.

L'exposition de timbres en variation artistique et dans la vie quotidienne des Coréens  (photographie sous licence Creative Commons BY-NC-ND 4.0, sous réserve de la mise en scène). 


L'exposition de timbres en variation thématique végétale (photographie sous licence Creative Commons BY-NC-ND 4.0, sous réserve de la mise en scène). 

Une autre allée forcé les collectionneurs à se mêler aux non-collectionneurs, ou à revoir leur point de vue : plantes, étagères, objets du quotidien créés en Corée, plantes entourés des cadres contenant des feuilles de timbres ou des œuvres de la même thématique.

En face, tous les timbres de Corée reproduits sur cartes postales : à la fois exposition et cadeau de la chasse aux tampons (photographie sous licence Creative Commons BY-NC-ND 4.0, sous réserve de la mise en scène).

Sur le mur opposé, environ deux cents cartes postales, spécialement créées pour l'anniversaire, reproduisaient en bloc toutes les émissions de l'Empire de Corée et de la République de Corée.

Le numéro d'ordre de ces émissions permettaient aussi de demander d'obtenir une de ces cartes en cadeau pour avoir accompli la trouvaille de tous les tampons.

Quatre des huit cartes offertes par la Fédération de philatélie et Korea Post : hangeul, adhésion aux Nations unies, boîtes aux lettres, bâtiments historiques.

Et, générosité coréenne oblige, après des autocollants du créateur de cartes postales félines et le porte-clés des postiers, je suis repartie avec huit de ces cartes au lieu du nombre théorique : adaptation à l'âge (pour les enfants !) ou touriste remercié de sa venue ?

Les quatre autres cartes offertes par la Fédération de philatélie et Korea Post : enfants collectionneurs de timbres, faune, planning familial (en 1977).

Vue mon expérience dans un petit restaurant coréen près de la gare de Lyon, à Paris, la maîtrise basique des formules et gestes de politesse coréens est très appréciée.

Pour un philatéliste français habitué soit au duo marchands-expositions tout-est-payant, soit au barnum de l'exposition internationale (prix postal bruyamment remis à des célébrités sans lien avec la philatélie, modèles-géants-attire-enfants), j'ai été étonné et ravi de cette variété d'activités peu coûteuses en moyens, en dehors des artistes numériques et du système d'impression de timbres à la demande (photographies modifiées par des gadgets visuels), et pouvant attirer tout le monde.

L'après-midi de ma visite, avant-dernier jour de l'exposition, peu de visiteurs certes, mais qu'en était-il la demi-semaine et, surtout, pendant le week-end en position centrale dans les dates d'ouverture ? Il y avait toujours deux-trois personnes dans l'allée où j'étais ; le bénévole de la poste chaleureuse composait des lettres de réponse ; et une présentation avait lieu dans une salle d'une vingtaine de philatélistes plutôt âgés.

Cela aussi m'a intrigué : une exposition nationale du jeudi au mercredi, sans pénurie de nouveautés organisée le premier jour, ni obligation pour les actifs d'être dans la capitale le samedi faute d'ouverture le dimanche, une plage large pour des conférences, des signatures d'artistes ou des réunions liées à la Fédération.

Sûrement coûteux en location d'espace, personnel postal et en temps de bénévolat... Je ne sais si la Fédération et la poste coréennes font ainsi chaque année, ou s'ils ont profité de 2024 pour se préparer à l'exposition internationale PhilaKorea, du mercredi dix-sept au dimanche vingt-et-un 2025 ?

samedi 13 septembre 2025

La boîte aux lettres regarde passer le changement urbain

 Que de râleurs dès que des travaux ont lieu sur leur trajet en voiture. Que de soutiens de la tradition quand une municipalité ose toucher aux quartiers touristiques et commerciaux des centres historiques... particulièrement quand cela gêne l'accès et le stationnement des visiteurs en automobile. Le parking souterrain ou silo est toujours trop loin (gare Saint-Roch : visiblement certains ne le connaissent toujours pas ou n'aiment pas marcher), etc.

Bref, même si la mode #SaccageParis s'est atténuée - le plaisir d'entendre Frank Ferrand s'étouffer sur France 2 face à la rue de Rivoli largement cycliste lors de la dernière étape du Tour de France : comment admirer des champions en vélo sur l'une des plus belles rues du monde et dénigrer l'aménagement permanent favorable au vélo >:))

Le centre des agglomérations urbaines a une surface fort limité, une densité et d'activités d'échelle métropolitaine et d'habitants forte, et donc, oui, l'automobile, la moto et le gros camion de livraison ne sont plus les bienvenus, sauf nécessité impérieuse ou acceptation du coût en horaire limité, en parc de stationnement souterrain.

Néanmoins, cette prise de conscience politique et sociale permet de voir changer la physionomie de certains quartiers, tel Antigone à Montpellier entre 2023 et 2025.

Le bureau de poste et la boîte aux lettres du quartier Antigone, au centre de Montpellier, le vingt-cinq novembre 2023 (licence creative commons by-nc-nd 4.0, sauf marques déposées du Groupe La Poste).

Le bureau de poste de la rue Léon Blum dessert le quartier d'Antigone, en péri-centre de Montpellier, entre l'Écusson médiéval-moderne et le fleuve Lez. Cet espace n'a pas été urbanisé en faubourg parce qu'il a été le polygone d'entraînement d'artillerie des militaires de la Citadelle Joffre.

Jusqu'au confinement du printemps 2020, la rue était une autoroute à deux voies à sens unique permettant de passer un flot du nord vers le sud-est ; une fois le flux vers l'est dévié en amont par le boulevard de l'Aéroport International vers une voie rapide.

Le bureau de poste et la boîte aux lettres du quartier Antigone, au centre de Montpellier, le vingt-cinq novembre 2023 (licence creative commons by-nc-nd 4.0, sauf marques déposées du Groupe La Poste).

Sur les photographies prises en novembre 2023, la décision de supprimer ce barreau routier est en mise en place : les barrières métalliques visant à protéger les piétons et empêcher le stationnement sauvage ont été retirées.

Au sortir du confinement, le maire de l'époque a dû cogiter sur les témoignages de personnes allant passer des transports en commun à l'automobile, pour éviter une contagion au coronavirus. Comment les rassurer côté tramway et bus, ou les inciter au vélo.

Un peu partout dans la ville, la municipalité de Philippe Saurel a neutralisé une voie de circulation au profit des vélos ou des bus (avec acceptation des cycles). Rue Léon Blum, la voie à gauche des clichés ci-dessus, a donc été dédiée à cela.

Évidemment, ça a râlé : et mon Dieu les ambulances et les pompiers... Mouais, ceux que vous bloquiez avant sur deux voies embouteillées ? Qui ont toujours eu droit d'emprunter les voies bus et tramway si besoin ?

Le bureau de poste et la rue Léon Blum en août 2025, quelques mois après la fin des travaux(licence creative commons by-nc-nd 4.0).

La majorité municipale suivante, de Michaël Delafosse, a poursuivi l'objectif d'encourager ceux qui souhaitent et contraindre ceux qui pourraient à lâcher la voiture pour autre chose ou dans les parcs de stationnement en amont du centre.

D'où la logique de revoir l'accès au centre de la ville de Montpellier : que ce centre ne puisse plus servir à traverser la ville de part en part, donc que le visiteur arrive et reparte en auto s'il se souhaite, mais par le même faisceau géographique.

Cela a conduit à décider la neutralisation de la rue Léon Blum.

Le panneau sur la dernière photographie, prise fin août 2025, indique une zone de rencontre, limitée à basse vitesse. La dimension des dessins blancs indique les règles de priorité : les piétons ne sont plus empêchés de traverser toute la promenade centrale d'Antigone ; puis les vélos cheminant dans les deux sens de la rue ou transversalement dans Antigone ; puis les rares voitures individuelles tolérées pour une circulation locale.

Leurs conducteurs et passagers potentiels, s'ils ne souhaitent ou ne peuvent utiliser le parc de stationnement souterrain quelques centaines de mètres en arrière-plan, sont dirigés en une boucle pour déposer vite une personne aux équipements publics de plain-pied (la poste, l'hôtel de la Métropole intercommunale, une salle de conférences, ou la médiathèque sans double file sur le boulevard côté nord), et vers les logements (livraisons, pharmacie, médecins), et retour au boulevard de l'Aéroport international pour évacuation vers le nord-est ou l'est... 

Ou boucle si besoin de récupérer la personne déposée. Mais désormais le double file se fera sur les petits stationnements payants ou à abonnements résidentiels et des entrepreneurs du quartier : bonne négociation entre citoyens.

L'espace dégagé par le carrefour à feux disparu donne un aspect champêtre au débouché méridional de la rue Léon Blum et au bureau de poste, qui ne doit pas perdre grande clientèle : on passe d'un stationnement en double file potentiel malgré des barrières métalliques à des arrêts-minutes pour un passager ayant besoin et la boucle permet de l'attendre en tournant un peu ou en double file sur le petit parking à droite de la photographie.


Cet article est publié dans le cadre du #PostBoxSaturday, en ce qui me concerne sur le réseau social BluSky.


Complément du samedi vingt septembre 2025 :

Pour approfondir l'intérêt pour les habitants de cette revue de la place de l'automobile dans l'espace, voici la vue actuelle en face du bureau de poste.

L'église Don Bosco de Montpellier dispose désormais d'un semblant de parvis (photographie du seize septembre 2025, licence creative commons by-nc-nd 4.0).

À l'aménagement du quartier Antigone dans les années 1980, l'église Saint-Georges laisse place à l'église Don Bosco au style en accord avec le nouveau quartier.

Imaginez qu'avant 2025, le trottoir le long de l'église était bien moitié moins large, bordé en continu de barrières métalliques anti-stationnement, sur la deux voies aboutissant à quatre aux feux rouges sur la gauche.

Désormais, certes il y a les cyclistes et les rares voitures, mais la sortie de la messe sera plus sûre pour les fidèles.