L'effigie dulacienne de « jeune héros grec » conduit à s'interroger si le roi George VI a vraiment vécu pour mériter après-coup cette comparaison artistique.
Dernier livre rédigé par l'historien politique britannique, Sir Robert Rhodes James (1933-1999), A Spirit Undaunted: the Political Role of George VI, raconte la carrière politique du prince cadet devenu roi par le caprice amoureux de son frère Edward VIII en décembre 1936.
Couverture d'un ouvrage de 350 pages environ (site Amazon.co.uk).
Quelques chapitres introductifs replacent le roi dans le contexte de la place du monarque dans le régime politique britannique du XXe. Qu'autorise la Constitution ? est une question fréquente dès qu'une difficulté gouvernementale apparaît, dans un État où une grande partie de la loi fondamentale s'établit par la coutume, le précédent et la jurisprudence. Rhodes James rappelle rapidement la place que chaque souverain prit personnellement depuis la Glorieuse Révolution de 1688-1689 jusqu'à la jeunesse de la reine Victoria - plus ou moins volontairement selon le contexte de l'époque ou la personnalité du monarque.
L'auteur se penche plus en détail dans les affres des successions gouvernementales et des votes des lois vécus par le Prince Consort Albert et ses descendants, Edward VII et George V.
Le livre rejoint le titre avec l'approche de l'avènement d'Edward VIII et la comparaison des deux frères, le prince David et le prince Albert (de leurs deux prénoms d'usage). Ainsi, le philatéliste découvre que le premier fut privé de champ de bataille lors de la Grande Guerre tandis que son frère put la vivre dans la marine. Que si l'aîné vivait mal la façon dont son père exprimait son amour, le cadet eut droit, sans le faire exprès, à l'enseignement scolaire et à quelques expériences nécessaires au métier de roi. Notamment, un lourd et fastidieux travail mené sur son éloquence et un voyage officiel en Australie en 1931.
Une fois conté la crise de décembre 1937, George VI est montré face à ses Premiers ministres chargés de le conseiller... quand ces derniers veulent bien l'informer. Les pages les plus émouvantes sont celles consacrées à la Seconde Guerre mondiale au cours desquelles le royaliste Winston Churchill devient véritablement l'ami d'un roi qui participe, à sa façon, à l'effort de guerre, notamment en visitant les habitants et soldats de Malte en 1943.
Et lorsqu'arrive la mort inattendue en 1952 - la princesse Elizabeth est en voyage officiel vers l'Océanie, qu'elle cesse précitamment au Kenya, l'institution monarchique est forte et respectée. Elle est prête à accepter, dirais-je si vous le permettez, son nouveau « corps »1 la reine Elizabeth II, dont l'effigie par Arnold Machin est depuis 1957 l'équivalent du portrait par Edmund Dulac de 1937. Le portrait de la monarchie incarnée, et plus celui de l'homme mortel.
Notes :
1 : D'après le titre de la grande œuvre d'Ernst Kantorowicz, Les Deux Corps du roi.
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