dimanche 29 mars 2009

« Il faut sauver le soldat Phil@poste »

Billet d'humeur

Un an et demi après leur présidentiel lancement et un an après qu'ils ont eu lieu,

EN-FIN,

un des principaux acteurs des États généraux de la philatélie écrit noir sur blanc (avec une touche de rouge arobase) quels sont les enjeux réels de la production philatélique en France. Et si Phil@poste est un soldat à sauver, c'est qu'il y a une guerre.

La menace n'est pas externe (l'e-mail, les jeux vidéos, la pêche à la ligne), mais interne au groupe La Poste. C'est la conséquence de la division du travail instituée entre les services de ce groupe au cours des années 2000 et qui les a désolidarisés.

Je comprend donc à ma lecture de Pierre Jullien que les collectionneurs et philatélistes ne doivent pas jeter la pierre à Phil@poste, mais se demander qui émet quoi en termes d'affranchissement. Donc, surveiller les faits et gestes commerciaux du service Courrier qui est donc le commanditaire de Montimbrenligne (plus d'informations). Et, rester fidèle aux produits de Phil@poste.


Reprenons. Trois principaux services.

Celui des bureaux de poste et des points-philatélie qui doit acheter les timbres à Phil@poste et qui travaille finalement pour le service Courrier. Cela explique que les bureaux soient devenus des bazars : hier samedi 28 mars 2009, dans un des bureaux de Montpellier, on trouvait des livres en soldes, des DVD d'un film nordiste, en plus des services bancaires et postaux traditionnels.

Celui du timbre-poste, chargé de leur fabrication et de leur vente. Sauf qu'une partie du bénéfice va à la direction des bureaux si c'est elle qui les vend ou à la direction Courrier s'ils sont utilisés comme affranchissement. Phil@poste a donc intérêt à vendre elle-même le plus de timbres, encourager les carnets de douze moins coûteux dans les bureaux, encourager la collection non oblitérée ou vendre avec une valeur ajoutée des timbres personnalisés Montimbramoi qu'elle imprime à Phil@poste Boulazac.

Et, enfin, l'ogre de la direction du Courrier : peu importe d'où vient l'affranchissement, il veut du courrier à trier, du chiffre d'affaires pour empêcher toute concurrence sur le marché postal. Et, visiblement, Montimbrenligne est la solution idéale pour lui : il n'a pas à partager pour financer le coût de fonctionnement des bureaux de poste d'un côté, et celui de la création-impression-vente du service philatélique.

Ils ne sont plus solidaires. Ils ne sont même plus indifférents. Ils sont en concurrence, voire en guerre.


« Il faut sauver le soldat Phil@poste ! », écrit Pierre Jullien, avec certainement sincérité (sous le clavier de quelqu'un d'autre, j'aurais pris ça pour du tir sur ambulance).

Mais pourquoi ?

Nous, expéditeurs, collectionneurs et philatélistes, ne sommes que des clients qui nous tournons vers le service le plus adapté à nos besoins.

Est-ce que les timbres mis en vente par Phil@poste correspondent à ces besoins ? Oui, souvent, sinon Phil@poste aurait des chiffres de tirage plus bas et une inventivité moindre pour créer de nouveaux besoins : taille-douce, blocs régionaux, premier jour, etc.

Devons-nous soutenir affectivement Phil@poste, au-delà de la relation commerciale ? Après tout, n'est-elle pas l'héritière de la volonté de l'administration postale française de produire elle-même ses timbres-poste depuis 1895 et l'ouverture de l'atelier du timbre, boulevard Brune ?

Dois-je cependant soutenir avec cœur un service dont la directrice se moque des collectionneurs dans les salons philatéliques dès qu'elle a un micro... ? N'aurait-elle pas dû en cette année 2008 expliquer plus clairement et sincèrement les enjeux à son premier cercle de clients ? A-t-elle le droit de ne pas être solidaire, même implicitement, du service Courrier ? Les magazines dont les abonnements sont expédiés par ce service ont-ils intérêt à informer de cette guerre larvée de l'affranchissement ? Prendre partie comme paraîtrait le faire Pierre Jullien ?


Vivement l'historien, l'économiste ou le philatéliste financièrement indépendant de La Poste, de ses services et de ses dépendants qui écrira l'histoire de la philatélie vue de l'intérieur de l'opérateur postal français des origines à nos jours.



Oh! Hmm... un costume d'avocat du diable. Enfilons-le :)

Le soldat Montimbrenligne a besoin de vous ! Ralliez la direction du Courrier !

C'est lui qui a le modèle économique le plus logique : il vend uniquement l'affranchissement. L'expéditeur assume l'impression de celui-ci avec ses enveloppes et son imprimante. Pourquoi supporterait-il le coût d'une imprimerie quand le client peut l'assumer seul ?

Deux cents illustrations simples et agréables, convenant à un grand nombre de goûts. Allons plus loin pour oublier Phil@poste : des illustrations temporaires imprimables pendant six mois et dessinées par des artistes reconnus ou à connaître. Le service Courrier pourrait avoir son propre programme philatélique, voire même entrer en concurrence avec Phil@poste et proposer au gouvernement de se charger de l'exécution de son programme officiel. C'est sûr, plus de taille-douce... sauf si le client veut payer la valeur ajoutée du graveur et de l'imprimerie en plus de l'affranchissement.

Pourquoi râlez-vous : l'illustration n'est rien... l'affranchissement est tout. Relisez le débat sur la démonétisation des vieux timbres... Montimbrenligne évite ainsi d'avoir un chiffre d'affaires philatélique dépendant chaque année du nombre de vieux timbres vus par le service Courrier. Payé, c'est utilisé ! Trois jours après, c'est trop tard.

C'est dans le droit fil du « développement durable » (Après les titres de film, les tartes à la crème des concepts communicants) du Grenelle de l'environnement. L'utilisateur final - l'expéditeur - doit assumer tous les coûts de ses choix : papier, encre, transport du courrier, salaires des employés, rentabilisation des machines.

J'ai même une vision lumineuse de l'avenir glorieux de la direction du Courrier, après qu'elle aura terrassé avec sa nouvelle Excalibur le dragon Phil@poste, crachant des flammes de timbres sur les collectionneurs apeurés. En plus des clients imprimant chez eux, imaginez la scène chez le marchand de journaux. « Une lettre à affranchir, madame. Donnez. » Pesée sur le terminal Montimbrenligne d'un fabricant qui en assure l'entretien et qui n'est pas La Poste, hop, l'affranchissement est imprimé de suite avec pour illustration le nom et l'adresse du buraliste. « 57 centimes, madame. ... Un centime de plus, mais vous avez vraiment envie de faire la queue dans un bureau de poste ? Non, vous voyez ce n'est pas cher payé. » Et l'employé buraliste n'a plus à supporter la colère des clients obliger d'acheter des carnets entiers de douze Marianne de Phil@poste alors qu'ils ne voulaient qu'un seul timbre.

Dernière idée pour la FFAP : invitez le directeur du Courrier au prochain congrès pour voir comment il répond aux questions de collectionneurs. Ils auront des réponses directes aux questions suivantes (de mémoire, la vidéo n'étant plus en ligne) : pourquoi plus de timbres commémoratifs au tarif écopli, replacer le nom des lieux sur les oblitérations, etc. Après tout, c'est lui qui est aux commandes désormais. C'est lui qui pousse Phil@poste à l'inflation d'émissions...


Très seyant en effet, monsieur le tailleur. Auriez-vous le même costume diabolique en brun foncé, s'il vous plaît ? Avec un panama pour l'été ?


Mise à jour du 5 avril 2009 :
Le service courrier dans 98 ans ?

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