vendredi 21 août 2009

Ellie au Somaliland

Complément du douze janvier 2015 :
En 2014, le webmestre du Commonwealth Stamp Opinion a commenté l'article du Machin Mania sur ses surcharges du Somaliland. Il estime que ces Machins et d'autres timbres dits du Somaliland, montrés oblitérés du même cachet, sont sûrement des fabrications profitant d'une situation géopolitique.

Première question à étudier donc : quel type de relation postale existe-t-il au Somaliland, en interne ou vers l'extérieur ?

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Improbable et pourtant. Comme si une région francophone d'Afrique utilisait des Marianne sur son courrier.

Quatre mille trois cents petits frères de ce petit penny britannique, dans leur version Harrison and Sons, ont posé leurs dents surchargés dans la corne de l'Afrique, nous rapportent Roy de Machin Mania avec l'aide d'une spécialiste néerlandaise d'Enschedé et du grand Douglas Myall.

Depuis 1991, le nord de la Somalie est en sécession auto-proclamée et non reconnu par les États du monde (qui semblent vouloir éviter de se remêler de la Somalie divisée). Et cela, sous son nom historique de Somaliland, repris de son histoire coloniale sous protectorat britannique et de sa courte indépendance en 1960.

Le Somaliland est un des multiples éléments de la géopolitique somalienne, mêlant depuis bientôt vingt ans indépendances régionales du Somaliland (en saumon ci-dessous) et du Puntland (en bleu), tribus/clans soucieux de leurs avantages (notamment islamistes, en vert foncé) et gouvernement légal « exilé » au Kenya pendant plusieurs annés avant de pouvoir regagner Mogadiscio, et de toutes les zones mal définies entre ces entités.

Il faut savoir toutefois que les neuf millions et demi d'habitants de la Somalie parviennent à se débrouiller. Je me souviens d'un reportage du Monde signalant, malgré bien sûr les dangers, que de petits entrepreneurs étaient parvenus à constituer un efficace réseau de téléphonie mobile pour parer aux carences de l'État et des chefs locaux, occupés à autre chose que le bien public. Cependant, déjà plus de mille civils sont morts cette année dans ce conflit somalien sans fin.


Situation politique en Somalie au 15 juillet 2009
(auteur : FAH1223, fichier originel, licence : domaine public).

Pays se voulant indépendant avec une population vivant au jour le jour, il crée donc gouvernement, agence de presse, ministère des Postes et Télécommunications, et finalement timbres-poste. Cela pourrait réouvrir le chapitre « Somaliland » des catalogues de timbres si le critère était la réalité du système postal, et non la seule appartenance à l'Union postale universelle.

J'avoue n'avoir jamais vu, pas même en reproduction, un des timbres du Somaliland.

Jusqu'à dimanche, quand le blog Machin Mania reçut de Douglas Myall les scans et la confirmation de l'existence de timbres britanniques d'un penny surchargés pour servir au Somaliland.

En 1996, l'imprimeur britannique Harrison and Sons fut en difficulté pour un contrat avec le gouvernement auto-proclamé : plus de papier de sécurité en stock. Pas d'alternative assez rapide pour le service postal local en pénurie.

Certainement avec l'accord du gouvernement britannique, l'imprimeur prit vingt-et-une feuilles et demi dans son stock d'un penny Machin qu'il réalisait également. Envoyés sur place, les timbres sont surchargés « REPUBLIC / OF / SOMALILAND / 500 SHILLIN » d'après la nouvelle monnaie introduite en octobre 1994 et remplaçant le shilling somalien en janvier 1995. Deux surcharges sont connues : avec ou sans une étoile à cinq branches sur la valeur faciale.

Comme il était à prévoir..., les clients somalilandais ont peu apprécié des timbres étrangers sur leur courrier en partance, surtout avec le symbole de l'ancien colonisateur. L'usage dure peu de jours en avril 1996 ; le retrait suivi de la destruction du stock est rapide.

Myall suppute que la majorité des timbres vendus ont servi sur courrier. Qu'une trentaine enveloppes furent rachetées à un des bureaux du gouvernement [du Somaliland ou du Royaume-Uni ?].

Restent de nombreuses questions :
- quelles sont les sources permettant de consolider ces informations ?
- combien d'exemplaires neufs ont-ils survécu ? Combien d'étrangers sur place ont-ils eu le réflexe d'en acheter en souvenir ou pour le financement de leur retraite future ?
- combien de lettres affranchies dans ces quelques jours ? Vers quelle destination principalement ? Que sont-elles devenues ?

Note : le titre de l'article est une référence au très beau long métrage d'animation des studios Pixar, Up (Là-haut).

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