Téléscopage d'informations sur mon bureau entre hier soir et ce matin : le flegmatique rédacteur-en-chef de Gibbons Stamp Monthly qui use d'un brin d'agacement (février 2010, page 94), une note finale amusée chez Pierre Jullien et Dominique qui propose un lien numismatique.
Point commun des trois : à côté de Guy-Michel Crozet, récent ancien directeur de l'Office des émissions de timbres-poste de Monaco, madame Eslinger de Phil@poste est un ange de compassion envers ses prodigues philatélistes :)
Autre point commun : comment vendre des coffrets de pièces brillant universel à Monaco et provoquer une des rares scènes de violence dans l'histoire de la principauté depuis le Rusé.
Pour ne pas avoir à courir de train en train pour une seule journée en côte d'Azur et pour compenser des dépenses ludiques automnales, j'ai renoncé à découvrir la grande exposition de prestige de Monaco, MonacoPhil, le samedi 5 décembre.
De toute façon, ce fut l'ouverture au public le vendredi 4 décembre, 10 heures, qui valait son paquet de pop corn : émeutes de clients. Fait assez rare en philatélie française... un peu de pas de course parfois, mais vraiment juste pour ne pas faire la queue trop longtemps à Phil@poste et pouvoir profiter de tout le reste.
Là, la police monégasque a dû intervenir... Diantre ! Moi qui croyait qu'elle était essentiellement occupée à repousser les hordes de voitures pas assez rutilantes et de touristes mal habillés aux cinq kilomètres de frontières.
Différents témoins racontent cette matinée dans Gibbons Stamp Monthly comme dans le Bulletin numismatique du Comptoir général financier, association/commerce (?) qui essaie de satisfaire le plus grand nombre de collectionneurs et de numismates.
Foule matinale devant la salle du Canton, composée de rares collectionneurs, de plusieurs négociants et de nombreux porte-noms de négociants. La salle est l'un des trois lieux de MonacoPhil, celui dédié aux négociants philatéliques, aux administrations postales, etc.
Nombreux car vont être mis en vente les trois mille coffrets brillant universel des pièces de Monaco 2009, enfin mille par jour, avant un retirage de trois mille ce mois de janvier. Pour en acheter trois au maximum (50 euros chaque pour 3,88 de faciale - Montimbramoi à côté, c'est peanuts), il faut auparavant avoir obtenu un à trois bons fournis pour l'achat de quatre-vingt euros de timbres de Monaco (ou 160 ou 240 euros selon).
Les portes s'ouvrent. Et là, c'est le drame : la masse collectionneuse ou massivement spéculatrice traverse... submerge... aurait pu détruire... la salle pour atteindre la boutique de l'OETP-timbres pour s'emparer d'autant de sachets de quatre-vingts euros que possible, avant de retraverser... repousser... bastonner... la foule des retardataires pour revenir à l'entrée où l'OETP-monnaie vend les coffrets.
Trois maximum... en théorie :)
Contre coupon d'OETP-timbres... en théorie :))
Face à tout cela, on sort le deuxième millier de coffrets réservés au lendemain, peut-être le troisième ?
Les choses empirent : parents et enfants innocemment curieux d'obtenir timbres ou coffrets confrontés aux rapaces aux dents aiguisés (et suceurs de sang certainement... je devrais arrêter Twilight), collectionneurs paniqués de voir qu'ils n'étaient pas seuls à y avoir pensé...
Bref, pendant que la folie entoure l'OETP-timbres, la police bloque l'entrée : on n'entre plus (pas même le prince), on n'atteint OETP-monnaie que contre présentation de coupon, etc. Dehors, les transactions commencent : Hugh Jefferies, de Gibbons Stamp Monthly, témoigne de sommes allant jusqu'à 650 euros dans la rue le soir même !
Effroi chez les membres-lecteurs du Bulletin numismatique... ça se comprend, mais bon, quand on accepte de payer presque treize fois plus que la faciale pour parfois spéculer avec...
Contentement chez les grossistes équipés de prête-noms : acquisition et revente au prix fort de plusieurs centaines de coffrets que les inconscients visiteurs du samedi et du dimanche ne verront pas.
Satisfaction très certaine du comptable de l'OETP : vente forcée de plusieurs milliers d'euros de timbres-poste qui encombraient les classeurs et doublement plus de milliers de bons euros contre pièces qui ne seront jamais utilisées... et si elles le sont, ça sera pour se payer une limonade en terrasse.
Problèmes...
Bien qu'il préfère l'exploration polaire à la gestion quotidienne de l'entreprise paternelle, je doute que le prince Albert II (et son gérant-ministre d'État) a apprécié cette publicité.
Ensuite, quand on sait que la majorité des publications philatéliques émette rarement d'opinions gravement négatives, ça choque de voir Hugh Jefferies conclure son reportage d'une suggestion ressemblant à un ordre (le stand Gibbons se trouvait mitoyen de la désormais fameuse vente de pièces) : si les prochains organisateurs d'exposition philatélique veulent pratiquer ce genre de promotion pour attirer des visiteurs, « qu'ils le fassent loin de la principale partie de l'exposition! » Ouch!
Solutions à long terme réclamées par les numismates : plus de coffrets sans timbres-poste !
Solution à court terme : virer l'imprévoyant. Dès le 17 décembre, et suite à une délibération gouvernementale le 9, Guy-Michel Crozet est remplacé par Magali Martini. Ce monsieur aura donc tout le temps d'aller voir In the Air, film avec George Clooney, sorti ce jour sur les aléas de la vie d'un professionnel du licenciement. Sauf s'il a déjà trouvé un poste dans l'administration monégasque où se faire oublier quelque temps.
P.S. : dans des moments comme cela, je regrette que TV timbres n'existe plus.
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