Un autre aspect que l'émission Star Wars, lancée hier par le principal opérateur postal britannique, illustre est la déconnexion entre Royal Mail et Post Office, entre le Courrier et les Bureaux ; et est-elle commune entre l'Industrie et l'Enseigne au sein de La Poste française ? Et chez d'autres opérateurs européens actuels issus des anciennes administrations postales ?
Présupposés capitalistes
Dans le cas britannique, la gestion du courrier par Royal Mail est séparée des bureaux du Post Office depuis 1986 ; les années 2000 dans le cas français et autour de grands cinq pôles actuellement.
La privatisation totale de Royal Mail de 2011 à aujourd'hui oblige l'entreprise d'être profitable à tous les coups, avec le fardeau du service universel néanmoins qui comprend de distribuer à prix imposé par l'autorité de contrôle le coûteux « dernier kilomètre » du courrier récupéré par les concurrents privés.
Côté bureaux, c'est le gouvernement qui éponge les pertes dans un pays dont le système électoral à un tour unique tend à créer, quelque soit le parti vainqueur, des majorités libérales : il faut qu'il soit rentable, idéologie économique oblige. Mais, le risque est de mal s'y prendre par des fermetures : manifestations de citoyens dans les rues des quartiers populaires et des villages anglais, appel à l'autonomie dans les campagnes écossaises, galloises et nord-irlandaises, députés de la majorité préférant leurs électeurs au Premier Ministre, etc.
La solution actuelle est une subvention aux travaux de modernisation des bureaux franchisés, équivalente à la baisse du revenu fixe du franchisé... À eux de trouver quels commerces accomplir en même temps.
Et le timbre-poste dans cette séparation radicale ?
Sa création, son impression, sa publicité et sa diffusion dépend de Royal Mail, comme en France, qui possède plusieurs des canaux de diffusion : vente par correspondance aux particuliers et aux marchands de timbres et de premiers jours, site web marchand, stands dans les salons philatéliques.
Que reste-t-il au Post Office ? Particuliers pressés, touristes et grands-mères à cartes de vœux, voisins ayant découvert une émission spéciale dans la presse, collectionneurs webophobes ou spécialisés souhaitant coins datés et heureux hasard.
Bref, majoritairement des personnes qui vont demander beaucoup de temps à satisfaire : trouver le bon classeur dans le bureau, cliquer la bonne référence sur le logiciel de caisse, encaisser, rendre la monnaie,... Pour peu, expérience vécue au bureau de Worthing, en août 2014, qu'une caisse soit monopolisée par un professionnel expédiant des colis à travers le monde entier et jonglant entre recommandé avec/sans signature et zones continentales,... jusqu'à ce qu'un employé travaillant dans les bureaux soit rapidement appelé par sa collègue gérant la file.
En conséquence, le particulier pressé et les touristes seront dirigés vers les automates Post & Go comme dans un bureau français les expéditeurs de recommandé sont expédiés vers les machines Lisa pour payer leur envoi, remplir au stylo l'étiquette de recommandation, puis envoyer vers n'importe quel guichet disponible - celui des professionnels à Montpellier Antigone par exemple, celui côté magasin de colis à Montpellier Préfecture.
Dans un bureau franchisé urbain ou rural, il est facile d'imaginer que le tenancier suive ses leçons et aille au plus vite : envoi = étiquette Horizon, timbre ? Machin... Timbres spéciaux ? Euh, j'ai encore quelques Presentation Packs et Post Office m'a envoyé quelques feuilles 1st Class de deux des douze timbres de la dernière émission, si vous voulez. Encore du vécu chez un franchisé de Cambridge en juillet 2014, et les bureaux de Worthing le mois suivant, Liverpool One, Leece Street en mars 2013, et Chester en mars 2014.
Cela peut rappeler un bureau français : carnets autocollants Marianne ou des « timbres d'écriture », sorte d'usage courant réémis souvent sur des thèmes multipliables à l'infini et le plus souvent douze copiés-collés de banques d'images. S'ils ont un code-barres, quelques blocs-feuillets commémoratifs, si possible que le grand public reconnaîtra.
Au-delà, au timbre par timbre du programme philatélique, espérer que l'ancien préposé au Point philatélie, fermé/saboté, travaille encore dans le bureau ou vous prenne en coupe-file, comme à Montpellier Préfecture. Car le service philatélique, partie de la Division industrielle du courrier, gagnerait plus à des commandes par correspondance.
Entre concurrence, erreurs et séparations de fait
C'est ainsi que, dans l'ère libérale que nous connaissons, les postiers ou franchisés œuvrant au service postal sont mis en concurrence entre eux.
Un bureau gagne plus à faire des étiquettes d'affranchissement que de laisser un timbre-poste collés sur un courrier dont il faudra rendre le prix coûtant au service philatélique. De même, un timbre acheté en bureau pour être mis en album coûte au service philatélique son expédition et la part du bureau qui l'a vendu... D'où des problèmes ou refus d'approvisionnement.
Relisez les courriers des lecteurs des deux côtés de la Manche pour retrouver timbres abîmés dans les commandes par correspondance.
Enfin, Norvic Philatelics et ses lecteurs signalent la vente précoce de timbres spéciaux, dont l'illustration voire l'existence même est sous embargo médiatique : Long May She Reign oblitéré un huit septembre, Star Wars du neuf octobre (onze jours).
Certes, son webmestre Ian Billings signale qu'il y a toujours un bureau qui ne suit pas - fatigue, méconnaissance du calendrier philatélique, manque d'explication d'en-haut - la consigne sur la date de mise en vente... voire un bureau ayant utilisé son paquet de timbres spéciaux avant sa date d'émission à cause d'un manque de valeur d'usage courant correspondant, en 2012.
Et, après tout, pourquoi pas ? Royal Mail privatisée et Post Office publics ou franchisés sous pression, pourquoi collaboraient-ils quand c'est leurs bénéfices séparés qui sont en jeu ? À quelles conditions le Post Office vendrait-il les timbres de Royal Mail désormais entreprise privée ? Voire même pourquoi le courrier confié au Post Office devrait-il être traité par Royal Mail : pourquoi pas un concurrent plus efficace ?
En deux jours consécutifs, le même constat : même si en rivalité, même s'ils vendent des livres et des abonnements de téléphonie, même si certains chefs n'aident pas les manifestations philatéliques, même si nous détestons faire la queue et pestons sur le courrier en retard, faut-il être heureux en France que les bureaux de poste et la division courrier travaillent pour le même groupe encore public ?
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