mardi 24 novembre 2015

Que reste-t-il des efforts de rentabilité des postes publiques ?

Ces derniers jours, deux opérateurs postaux publics sont sous le feu de la critique alors qu'ils luttent pour leur équilibre financier.


En France, l'association de défense des consommateurs, UFC - Que choisir a publié, hier lundi vingt-trois novembre 2015, son bilan régulier des services rendus par La Poste, très largement repris par les médias français.

Les redites sont nombreuses, mais, aux yeux de l'Union fédérale des consommateurs, rien ne change : - augmentations déraisonnables des tarifs postaux des particuliers alors qu'elles sont bien plus conformes à l'inflation pour les entreprises,
- encouragement à la « lettre verte » donc à accepter un service dégradé avec livraison à deux jours au lieu d'un pour la lettre prioritaire, très coûteuse en termes de coût d'exploitation.

Et spécialité de l'association : le testing colis au cours duquel plusieurs clients-tests se voient proposer trop souvent un service coûteux sans être informé des formules moins chères. Et des délais de livraison très fluctuant pour douze pour cent des essais.

UFC - Que choisir de clore en rappelant le rôle que sont censés jouer l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) sur la manière d'évaluer les coûts du service universel en associant des représentants des consommateurs d'une part.

Et l'État d'autre part, dont j'ai déjà évoqué le double rôle comme nous, citoyens-actionnaires et clients, à qui il est demandé de garantir que la forte augmentation des tarifs entraînent un gain de qualité de service rendu.

Pas gagné : le site Politis cite la branche postes et télécommunications du syndicat CGT qui signale la disparition du colis économique à compter du quatorze décembre prochain... Juste avant les fêtes de fin d'année et malgré le programme Cohesio, ça jure.


Aux États-Unis, c'est l'hebdomadaire britannique The Economist du vingt-et-un novembre qui taille dans les problèmes financiers et politiques de l'United States Postal Service.

L'USPS a annoncé, le treize novembre, une perte de cinq milliards de dollars au cours de l'année fiscale 2015, dans un contexte de chute du courrier particulier prioritaire avec les communications et les paiements électroniques.

Côté colis, l'opérateur postal - comme La Poste avec ses multiples filiales - états-unien est combattif : livraison pour Amazon le dimanche pendant l'Avent (tiens, tiens), livraison de nourriture : l'article cite l'exemple du marché aux poissons de New York dont les commandes des restaurants sont livrés par USPS... Comme en Alaska après tout.

Cependant, l'hebdomadaire économiquement libéral souligne les défauts du système postal : sa dépendance à des contraintes indépendantes de sa volonté.

Le Congrès des États-Unis impose à l'USPS des règles drastiques : une loi de 2006 lui impose de disposer dans ses finances de soixante-quinze ans de pensions de retraite des postiers... Colossal, semble-t-il. À côté, l'ouverture réduite des bureaux ruraux et la réduction de trois cent mille postes est une goutte d'eau.

Surtout, toute modification de ce que peut faire l'USPS dépend d'une loi du Congrès... Peu commode et peu réactif : la Prohibition interdit le transport postal d'alcool et Dieu sait quelles autres productions, la semaine de six jours pas toujours nécessaires partout vu le peu de courrier,...


Bref, les deux opérateurs publics tentent des stratégies pour contenter financièrement leur actionnaire, tentant de fonctionner comme des entreprises libres de leurs stratégies... mais se heurtent à deux murs de verre : l'État-actionnaire ne prend pas le risque de soutenir ces stratégies et les consommateurs-coactionnaires sont très critiques face à tout changement.

The Economist a la solution préférée de son courant de pensée : privatiser. Observons donc le cas Royal Mail dans les prochaines années.

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