Le roman, dont la couverture de la nouvelle traduction française a fait l'objet d'un article ici en 2012, est un chef d'œuvre de l'histoire alternative - l'expression anglophone pour l'uchronie - et de la mise en abyme.
Dans les années 1960, le lecteur suit à San Francisco, occupée par l'Empire du Japon un dignitaire japonais, des Américains et des agents nazis en concurrence dans une énigme entre crainte de l'avenir d'un vainqueur, crise identitaire des occupés, et jeu de trônes entre fanatiques.
Au cours du récit, l'héroïne, ancienne conjointe d'un des Californiens, se lance dans la quête d'un auteur séditieux qui raconte l'histoire si elle avait été remportée par les Alliés, dans une version différente de notre propre Histoire.
La conclusion du récit plonge l'amateur d'histoire du vingtième siècle dans un abîme de perplexité que la lecture de Choix fatidiques de Ian Kershaw confirme : comment les puissances et les mentalités du début du siècle étaient lancées sur de tels cheminements dans l'esprit de tels acteurs que parvenu entre 1940 et 1941, tout semble irréversible même dans l'uchronie.
La série développe cet univers pour permettre plusieurs saisons en cas de succès, transformant, non sans mystère, le roman sédicieux en films uchroniques : comment le Maître du Haut-Château a-t-il pu tourner ces films montrant la victoire des Alliés, le défilé triomphal dans New York,... alors que la guerre a pris fin avec l'explosion d'une bombe atomique allemande à Washington.
Et voilà, 1962, des héros proches de ceux du roman, auxquels s'ajoutent des dignitaires nazis à New Berlin, qui errent dans un San Francisco mal nipponisés (mais je ne retrouve plus le blog évoquant cette limite de la série) et une zone neutre devenu à la fois un refuge et un Far West ; où résistants désespérés et agents doubles jouent une Guerre froide qui n'ose dire son nom.
Côté numismatique, l'épisode pilote, l'an dernier, donnait déjà dans le mark allemand au détour d'une rélique. Un billet à l'effigie d'Hitler apparaît au cours du deuxième épisode dans un échange entre une serveuse et un client de café... Mais les yens américains et le service postal ne semblent pas encore inspirés les créatifs de la série.
Une des rames dans un angle collector avec affiche publicitaire, mais dans l'axe de la rame, l'impression totalitaire est plus gênante (Spencer Platt, repris par The Guardian). |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire