lundi 16 novembre 2015

Variétés diverses et guerre postale dans le Commonwealth

Une fois passé deux lecteurs et la chronique L'avocat du diable de John Crace sur l'intérêt de l'émission Star Wars de Royal Mail du vingt octobre dernier avec toutes les interrogations sur la Force de l'argent, le numéro daté décembre 2015 de Stamp Magazine permet au lecteur de partir en voyage dans tous les coins de l'ancien Empire britannique et de s'interroger sur la modernité du Royaume-Uni.


De la visibilité de la mixité au Royaume-Uni
Pour cette dernière, Jeff Dugdale a recherché la mixité raciale sur les timbres du Royaume-Uni depuis les années 1960 : depuis la diversité des enfants anonymes des timbres sur le scoutisme jusqu'aux militants des droits civiques, acteurs de théâtre et sportifs.
Portrait de Mary Seacole par Albert Charles Challen vers 1869, conservé à la National Portrait Gallaery (domaine public, fichier disponible sur commons.wikimedia.org).
Certains crieront à la mode, au communautarisme, aux minorités envahissantes jusqu'à remarquer un des timbres du cent cinquantenaire de la National Portrait Gallery de Londres, émise en 2006 : Mary Seacole, infirmière née en Jamaïque, portant ses décorations pour avoir établi - en dehors de l'institution militaire qui avait refusé ses services - un hôpital pour les soldats blessés lors de la guerre de Crimée... au milieu des années 1850 et sur la presqu'île de Crimée !


Quand Tonga eut sa première reine (et les premiers timbres autocollants)
Couronnée dans un contexte dynastique difficile, la Reine Salote Tupou III accompagna Tonga et une relative modernisation de 1917 à sa mort en 1965. John Winchester conte sa jeunesse dans l'espoir de son père remarié d'avoir un fils et son seul voyage en Europe pour le couronnement de la Reine Elizabeth II en 1953.

Postalement, elle est connue pour avoir forcé Walter Quensell à employer la pirogue pour le courrier en boîte de conserve, la Tin Can Mail de l'île Niuafo'ou, après la mort d'un nageur-postier lors d'une attaque de requin en 1931.

Philatéliquement, elle vécut les révolutionnaires émissions autocollantes et métalliques de 1963 et 1964, dorées, avant que le pays ne poursuive sur papier avec l'imprimeur britannique Walsall. Moquées, mais aujourd'hui, pour qui continue-t-on d'émettre des timbres gommés ?

Sur des exemplaires de ces autocollants dorés sur lettres, voir Rodney A. Perry sur The Philatelic Database le douze juin 2008.


Les Britanniques face à une république rebelle (encore !)
Moins joyeux, mais intense en histoire postale, Alastair Gunn tente de rassembler les émissions philatéliques et les usages sur courrier des timbres des quatorze ans de la république rebelle de Rhodésie de 1965 à 1979.
Un exemplaire personnel du timbre émis un mois après la déclaration unilatérale d'indépendance que Gunn signale comme ayant fait l'objet de faux nombreux malgré une cote faible. Si vrai imprimé par Mardon à Salisbury.
L'histoire est un drame des indépendances de l'Afrique australe britannique : sur le modèle de l'Afrique du Sud de l'Apartheid, les Blancs de Rhodésie du Sud refusèrent l'établissement d'une démocratie qui aurait donné un pouvoir politique au reste de la population, contrairement à la Zambie et au Malawi qui prirent leur indépendance et nouveau nom en 1963.

Le onze novembre 1965, le gouvernement blanc déclara unilatéralement l'indépendance de la colonie, avant de se proclamer république... puis, après une guerre civile, de se replacer sous un statut colonial pendant trois mois en 1979, le temps de conclure un accord qui établit enfin le Zimbabwe.

Les aléas politiques entrainent des courriers qui ont été affranchis avec les timbres coloniaux de Rhodésie du Sud et ceux de la nouvelle Rhodésie-tout-court. Mais, pour les courriers expédiés vers le Royaume-Uni, le Post Office fut intraitable avec les timbres de la république rebelle :
- Rhodésie, effigie royale de Dorothy Wilding, monnaie en livre/schilling/penny = ok ;
- mention d'indépendance, pas d'effigie, ou devise décimale dollar/cent = timbres non acceptées = taxe pour le destinataire.

Cela donne des plis ou des timbres oblitérés dans des situations peu habituelles : taxation malgré des timbres émis officiellement, timbres libellés en deux devises en 1967-1968, et, quand, à l'approche du dénouement approche le trente-et-un mai 1979, retrait du nom du pays rebelle de la couronne extérieure des cachets d'oblitération.


D'une guerre postale rhodésienne aux catalogues des guerres postales
Cet article sur cette période de l'histoire philatélique et postale du Zimbabwe fait écho à un échange de long terme entre membres de la Royal Philatelic Society London sur le thème des guerres postales : quand la poste d'un État refuse d'admettre certaines timbres-poste émis par un autre État.

Dans The London Philatelist daté novembre 2015, Jan Heijs évoque justement cette délicatesse entre la poste britannique et les timbres rhodésiens, ainsi que quelques exemples de timbres ouest-allemands évoquant des villes historiquement allemandes, mais situées en Pologne depuis 1945.

Heijs propose les quelques références qu'il a trouvées dans les textes de l'Union postale universelle et qui servent de justification par les États blessés. Ils proposent deux ouvrages-catalogues de ces conflits philatéliques : qu'il a écrit avec Burhop, Catalogue of postal war 1870-2008 alors dans sa septième édition en allemand et en anglais, et celui sur la période classique de Elsner Wolfgang, The 'Classical' Postal Wars - before 1848 bilingue également.


Aérophilatélie autour des Rhodésies
Pour ceux qui souhaitent mêler histoire postale, poste aérienne et enquête policière, toujours dans ce numéro du London Philatelist, Neil Donen et Keith Harrop s'interrogent sur le nombre véritable d'enveloppes ayant voyagé sur le tout premier vol de la ligne aérienne Londres-Lusaka, alors en Rhodésie du Nord, en 1935.

Quinze annoncent les ventes aux enchères et les catalogues spécialisés... Presque mais à cinq unités près, tantôt en moins, tantôt en plus, a écrit un expert aérophilatélique entre deux lettres distantes de trois décennies... en distinguant celles relevant des archives officielles et celles accessibles au marché public : les fameuses environ quinze.

Huit pages d'enquête et d'une recherche historique établissent une vérité et surtout une leçon aux acheteurs : bien connaître le domaine concerné pour estimer la réelle rareté de la pièce.

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