mercredi 2 mars 2016

La bibliothèque Crawford prochainement à portée de clic

En cadeau avec le numéro daté mars 2016 du London Philatelist, la Royal Philatelic Society London joint un supplément signé David Beech sur l'histoire de la conservation de la bibliothèque philatélique de James Ludovic Lindsay, 26e comte de Crawford, depuis la naissance en 1847 du bibliophile par héritage paternel jusqu'à la mise en ligne d'une grande partie de ces ouvrages le lundi trente mai 2016 sur la Global Philatelic Library, regroupant sept bibliothèques britanniques, états-uniennes et une allemande.
Le personnage saisi par Leslie Ward (signant Spy) pour le numéro de Vanity Fair, le onze mai 1878. Il est alors député, astronome bibliophile, mais pas encore comte Crawford (domaine public à partir des collections du Smithsonian).
Inscrit comme un des « pères de la philatélie » sur la première page fondatrice du Roll of Distinguished Philatelists en 1921, Crawford vécut de 1847 à 1913 et suivit la passion bibliophile de son père en constituant la Bibliotheca Lindesiana dont deux parties ont marqué les esprits par les gestes de leur propriétaire.

Passionné d'astronomie au point de financer, organiser et participer à des expéditions dont une pour l'île Maurice pour observer le transit de Vénus devant le Soleil, le neuf décembre 1874, une des actions qui sont récompensées du titre de Fellow de la Royal Society à l'âge de trente ans. Il donna sa bibliothèque d'astronomie (quinze mille livres et pamphlets du treizième au dix-neuvième siècle) à l'Observatoire national d'Édimbourg.
Ex-libris de la Bibliotheca Lindesiana, communément appelée la bibliothèque Crawford (vers 1900).
Côté philatélie, il a connu la collection jeune, avant une très longue parenthèse jusqu'à un achat d'un lot de manuscrits arabes et grecs qui comprenait également la collection de timbres du Colonel John Chard, mort en 1897. Comme pour d'autres domaines, il plonge dans la recherche philatélique : constitution de la bibliothèque la plus exhaustive de tout ce qui a pu être publié avec, notamment, deux achats monumentaux des collections de l'États-Unien John Kerr Tiffany et de l'Allemand Heinrich Fraenkel.

Mais également, ce qui est inédit en ce tout début du vingtième siècle, il collectionne les essais et épreuves, des fraudes, et compile les évolutions de nuances, de dentelure,... et les contextes des émissions. Bref, la philatélie spécialisée telle qu'elle est pratiquée depuis.

L'accumulation léguée à la nation à la mort du comte est telle que rien que l'établissement du catalogue par Edward Denny Bacon, publié en 1911, est considérée comme un tour de force et une œuvre essentielle en tant que telle : la bibliothèque comprendrait 95% de toute la littérature jamais publiée alors et le catalogue liste même les 5% manquants !

Surtout, et c'est la deuxième partie du texte du conservateur retraité David Beech qui va intéresser le bibliophile et le philatéliste contemporain. Devenu un des trois conservateurs des Collections philatéliques du British Museum en mars 1983, il peut enfin découvrir le Graal de la bibliothèque léguée par le comte Crawford à la nation... dans un bien piètre état, la rendant difficile à consulter par le public.

Les deux guerres mondiales et les crises économiques successives ont limité les capacités financières pour s'occuper dignement des milliers de volumes. Beech parvient à lancer un plan de conservation et d'entretien à partir de juillet 1985, à raison de cinquante à soixante-dix milliers de livres sterling par an. Un nouveau catalogue est établi en 1991 et la collection logée par la nouvelle British Library depuis 1972 et sur son site de Saint Pancras depuis 1997.

Au cours de ces opérations, 78% des ouvrages de la bibliothèque Crawford ont été photographiés sur microfilms. La numérisation de ces derniers était en cours depuis 2013 grâce à un financement du British Philatelic Trust et avec les compétences techniques de Fellows de la Royal Philatelic Society (voir la qualité des archives numériques du London Philatelist, de leur moteur de recherche, et aussi de leur stabilité et mise à jour logicielles).

Le résultat sera visible de tous après le lancement cérémonial lors de l'exposition internationale de New York, le lundi trente mai 2016 sur la plate-forme de la Global Philatelic Library, qui sert de portail commun fondées par le Smithonian, l'American Philatelic Research Library et la Royal Philatelic Society London.

Actuellement, l'édition 1991 du catalogue de la Bibliothèque Crawford est lisible ; à partir de fin mai, de nombreux ouvrages des premières décennies de la Philatélie seront consultables en format texte grâce à la reconnaissance optique de caractères, mais le stockage des scans au format pdf posent encore souci : plus d'un million deux cent mille pages ! Les futurs lecteurs sont invités à bien réfléchir quelles lectures souhaitent-ils réaliser au format pdf pour ne pas ralentir les serveurs et l'utilisation commune.

Vivement le trente mai.

Mais alors que le lecteur referme ce supplément du London Philatelist, il découvre un dessin trouvé dans un de ces livres de la Bibliothèque Crawford : de mémoire, Adolph Reinheimer représente le musée Vandermaelen de Bruxelles, visité en 1852. Sur un pan de mur, entre deux portes, entouré de lances, de boucliers et de cors de continents bientôt colonisés, un cadre contient une « Collection des timbres-postes d'affranchissement en usage dans différts pays du Monde ». Magnifique.


Post scriptum franchouillard : "The Crawford Library Digitisation Project has only been possible with the co-operation of the British Library, the British Philatelic Trust and the Royal Philatelic Society London with the Global Philatelic Library and the many people mentioned in this text. This is a project that could ave only have been accomplished in the United Kingdom."


Complément du jeudi vingt-quatre mars 2016 :
Le supplément de London Philatelist contenant l'article de David Beech et la republication de celui d'Edward Bacon est disponible au format pdf à partir du site de la Global Philatelic Library.

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