2016 paraît être l'année européenne de l'errinophilie - ou des Cendrillons en argot philatélique britannique, la collection et l'étude des vignettes non postales. De l'héroïne du conte de fée car elle est de toutes les collections de timbés, mais jamais invitée aux bals philatéliques, pour ironiser une formulation plus sage du spécialiste Francis Kiddle.
Rappelons que les membres de L'Arc-en-ciel, association française d'errinophilie, était invitée à présenter des collections en classe non compétitive pendant le championnat de France à Paris-Philex, en mai dernier.
Outre-Manche, du vendredi seize au dimanche dix-huit septembre, c'est le Cinderella Stamp Club, créé en 1959, qui propose le premier congrès errinophile de l'histoire ! C'est eux qui l'affirme.
Demandez le programme !
La même semaine, du mercredi au samedi, le salon marchand Stampex accueillera au Business Design Centre une exposition errinophile au sein de l'exposition nationale de l'Association of British Philatelic Societies. Sur le site de l'ABPS, on lira à profit pour la φl@télie φr@nçaise que « toutes les expositions britanniques sont maintenant ouvertes aux participations non compétitives », un moyen d'aider à faire passer le pas aux plus modestes ou de tester la classe ouverte ?
Outre le pub à côté de Stampex tous les 1pm du mercredi au vendredi, le siège de la Royal Philatelic Society London servira de camp de base aux expositions et réjouissances du congrès à partir du vendredi.
Vendredi seize, de dix-sept à vingt heures, 41 Devonshire Place, buffet, exposition et un souvenir pour chaque présent. Le lendemain matin, conférence de Ed Hitchings sur les timbres fiscaux du monde avec exposition de la Revenue Society of Great Britain. L'après-midi, l'association errinophile suédoise Bältespännaren célèbre son cinquantième anniversaire avec lecture de Lars Liwendahl et expositions sur les Cendrillons scandinaves.
Le dimanche matin, deux conférences : Charles Kiddle sur les poster stamps - vignettes à message ou de propagande, et Chris Harman sur les timbres locaux avec bureau spécial de l'île Lundy, un des îlots britanniques émetteurs de timbres. L'après-midi, les visiteurs se partageront entre les dernières collections exposées et la signature du Maurice Williams' Roll of Notable Cinderella Philatelists, le pendant errinophile du panthéon philatélique qu'est le Roll of Distinguished Philatelists.
Pendant ce congrès, les visiteurs sont encouragés à présenter leur propre collection, ce sont de véritables rencontres. Marchands ou collectionneurs ayant à vendre auront des tables à disposition.
Un an après la disparition de Francis Kiddle.
Les quelques liens placés sur les conférenciers et quelques recherches Google montrent que l'erroniphilie n'est pas à l'écart de la philatélie ou de l'histoire postale : tous les conférenciers sont des Fellows de la Société royale ou des personnalités de la philatélie organisée britannique.
Et la RPSL ne se contente pas de loger l'événement, elle l'accompagne sous deux formes dont j'ai profité lors de ma visite fin juillet.
Le vingt-et-un octobre 2015 disparaissait Francis Kiddle, spécialite de l'errinophilie, qui, avec son frère Charles, encourageait cette collection en tenant une rubrique mensuelle dans Stamp Magazine.
Comme un anniversaire du souvenir et en conjonction avec ce congrès, le musée de la RPSL expose depuis le premier juillet et jusqu'au trente-et-un octobre, la collection de souvenirs des Congrès philatéliques britanniques amassée par Kiddle.
Mais, et il faut toujours regarder les fasciscules et flyers disposés sur le comptoir à l'entrée - n'oubliez pas de signer le registre, il est possible de prendre un petit cahier reproduisant cinq textes que Kiddle a prononcé lors de ces congrès, depuis celui de Guernsey en 1981 à Manchester en 2009.
Celui de 1981 raconte ses tourments de bibliothécaire de la Société royale et les espoirs - partiellement advenus, voir la Crawford Library - qu'il plaçait dans l'outil informatique pour l'indexation et la numérisation des publications philatéliques. Le dernier de 2009 résumait comment le Congrès est né, avait évolué et continuait à permettre la transformation de la Philatélie britannique - encore une leçon pour la France ?
Les trois autres de 1992, 1998 et 2003 sont à la fois une introduction à l'errinophilie et un ferme rappel aux béotiens à la définition fermée de la philatélie. Francis Kiddle y rappelle les définitions de cette collection, comment elle participa de la timbromanie initiale, et comment, spécialité par spécialité en débutant par les fiscaux, le monde philatélique des dernières décennies a réadopté ces cousins.
Le texte de 1992, "Cinderella philately: Has it Come to Age?", est un modèle de réflexion sur comment une spécialité philatélique peut évoluer en cent soixante-quinze ans entre popularité ou pas, entraînant recherche approfondie ou manque d'ouvrages, entraînant cotes et prix croissant ou pas...
Ah, un questionnement de plus pour les réflexions sur la spéculation philatélique : Kiddle raconte comment il a construit ses collections errinophiles sans y penser, simplement, à très bas prix jusqu'à ce que les recherches et publications que lui et d'autres ont menées malgré l'Establishment sérieux, ont conduit respecter des collectionneurs capables d'acheter ou vendre une vignette plusieurs dizaines de livres sterling.
Un premier congrès à suivre donc.
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