It's a rich men's world!
Délire néo-libéral quand on fait l'addition des capitaux littéralement partis en fumée et que les employés désormais subissent sous la forme de cinq millions de livres sterling d'économie dans le budget annuel de fonctionnement...
Il était temps car, à la bourse de Londres, si l'action Stanley Gibbons est aujourd'hui cotée entre treize et quatorze pence, elle avait atteint les neuf pence et demi mi-juillet quand elle atteignait les trois livres soixante-dix-huit en 2014 et tournait entre une et deux livres avant l'épisode. N'y comprenant rien aux montages des golden boys blairites néo-thatchériens, les derniers achats massifs d'actions nouvelles par les membres dirigeants... soupir...
Croyaient-il dans les produits qu'ils vendaient ? C'est une question rhétorique.
Surtout depuis leur éviction le quinze juillet dernier.
Internet et philatélie, côté marchand.
La stratégie d'acquisitions-diversification semble catastrophique pour plusieurs raisons à mon avis et selon l'avis d'autres observateurs, marchands comme collectionneurs, sur StampBoards.com.
D'une part, il y a ce site internet de ventes entre collectionneurs, bidStart, acquis en 2012 à prix d'or et revendu cet été sûrement à perte à son ancien propriétaire (!), Mark Rosenberg, qui essaie de l'intégrer dans son nouvel HipStamp.
Une revente en toute urgence en plein été, après que Stanley Gibbons a investi à perte des barres d'or entières pour transformer son site web marchand-à-papa-efficace en marketplace top moderne, le eBay de la philatélie... eBay, voire même Delcampe, ont-ils senti une quelconque menace ?
Le SG Marketplace ouvert en mai 2015 est promis à la fermeture courant septembre 2016...
J'ai évoqué une fois la conséquence de cette transformation : la difficulté de retrouver les pages dédiées au magazine Gibbons Stamp Monthly, le sommaire du dernier, mais pire, comment s'y abonner en ligne. Sur StampBoards, c'est la totale confusion graphique entre les pages des timbres vendus par Stanley Gibbons et celles des vendeurs amateurs qui heurtait, même si certaines ventes semblaient bien provenir de l'entreprise elle-même malgré l'indigne état des timbres photographiés. L'ancienne direction faisait-elle racler les fonds de tiroirs pour tenter de tenir ses bilans ?
D'autre part, la liste des produits (voir l'article de Wikipédia) désormais disponible au sein du groupe donne le tournis : des concurrents philatéliques ultra-spécialisés, des investisseurs et des enchéristes d'art. Ces derniers regroupés dans The Fine Art Auction Group ont même racheté un site d'enchères de vin depuis un an...
Même si Spink organise également des ventes de vins et spiritueux prestigieux, Spink paraît resté capitalistement concentré et affiche constamment la philatélie en ouverture de site.
La philatélie, n'est-ce que du profit ?
Internet tous azimuts et diversification à outrance avaient déjà provoqué des grincements publics de dents au sein des philatélistes du groupe...
Le rédacteur en chef du catalogue Hugh Jefferies a proposé une histoire de six pages des cent cinquante années du catalogue, dans le numéro daté novembre 2015 de Gibbons Stamp Monthly. En dernière partie tout en remerciant tous les collectionneurs ayant transmis leurs recherches et découvertes, il évoque comment le catalogue devient progressivement un objet numérique pour certains lecteurs, soucieux d'arriver léger mais équipé devant les marchands ou ceux voulant seulement acheter les pages de leur spécialité.
Mais, en une tournure de phrase, il écartait l'idée qu'il fallait abandonner l'impression du catalogue pour accélérer l'arrivée du catalogue dématérialisé qui « prendra plus de temps qu'il pouvait être espéré en certains lieux » ("it is taking longer than may have been hoped in certain quarters").
Les deux natures du catalogue coexisteront sans que l'une ne tue l'autre. Devait-on y voir une pointe envers une direction qui voulait hacher dans les coûts d'impression, de stockage et de dévalorisation progressive des catalogues papier afin d'augmenter exponentiellement les marges bénéficiaires ?
Le chaos n'est pas un gouffre. Le chaos est une échelle (source)
En attendant, le chamboulement à la tête du conseil d'administration et de l'exécutif de Stanley Gibbons au printemps donne lieu à une opération de communication dans le numéro daté août 2016 (en kiosque le vingt-et-un juillet) du mensuel de l'éditeur avec, dans un numéro déjà très dense, trois pages sur le nouveau président du conseil avec rôle non exécutif Harry Wilson.
Beaucoup de philatélie : Oyez ! Oyez ! Lecteurs et investisseurs prudents : on a embauché quelqu'un qui sait ce qu'est la collection de timbres !
Sur les affaires : il a participé au refinancement du printemps, donc il a tout intérêt à faire réussir la relance du groupe. Il insiste sur la satisfaction des trois cent mille clients de Stanley Gibbons quelque soit le chiffre d'affaires qu'ils rapportent. Et sur le fait que chaque entreprise acquise, la maison philatélique aussi, doit rester à la pointe de son domaine.
Vous pouvez même le lire sans acheter le magazine : le fichier pdf est sur le site en page d'entrée !
...
Sauf que, le quinze juillet, le conseil d'administration a annoncé que la direction du groupe va se relocaliser au Royaume-Uni, rendant de fait les positions jersiaises de directeur exécutif de Mike Hall et du directeur financier Donald Duff redondantes, donc...
Mais qui pour remplacer Hall en place depuis 2011 ?
Qui va sauver Stanley Gibbons ?
Qui va continuer à faire des économies, voire vendre des acquisitions récentes, tout en rendant sa fortune philatélique à l'entreprise ?
Oui : qui !
Harry Wilson.
Dont, quel heureux hasard, le projet est déjà imprimé dans Gibbons Stamp Monthly, en cours de distribution aux quatre coins du Royaume-Uni. Juste à gratter le "non" devant le titre "non executive director".
La suite avant le Brexit ou après le prochain krach financier ?
Cinq minutes après, dans la boîte aux lettres :
Déjà du changement : le numéro daté septembre de Gibbons Stamp Monthly, en kiosque depuis jeudi dernier outre-Manche, vient d'arriver ce lundi matin en France en quatre jours ouvrables au lieu d'une grosse dizaine d'habitude !
En décalé, l'habituelle feuille imprimée en bas, l'autocollant supplémentaire en haut. Ce n'est pas inédit, mais ce n'est pas fréquent non plus. |
Stanley Gibbons a-t-il changé de numéro de clients à Royal Mail ? C'est la seule différence entre les marques de port payé d'origine et autocollante ?
À l'intérieur sinon, en première page des actualités, la reprise du communiqué du quinze juillet dernier avec Mr Wilson au travail.
Encore un truc :
Dans l'article, j'ai oublié un élément de communication du recentrage de Stanley Gibbons : la page de publicité pour la boutique du 399 Strand insiste sur l'ancienneté du lieu avec dix photographies de la devanture depuis le dix-neuvième.
Ce qui diminue ostensiblement la place accordée à la forme actuelle, évoquant les gratte-ciel des quartiers d'affaires proches et que je trouve bien vide de clients et d'ouvrages philatéliques hors catalogues par rapport à ma première visite en 2008.
Néanmoins, si vous souhaitez entamer une collection de pièces de monnaie, les catalogues ne manquaient pas en 2015.
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