La couverture sur couverture de la cinquantième édition du COB (site de la CPBNTP). |
La même année 2005, un industriel céréalier publiait un beau livre d'histoire coloniale et postale sur les treize tentatives d'implantations de Belges dans le monde. Ce coffee table book, je le trouvai au Salon du timbre de Paris en 2008 bien après sa critique dans La Libre Belgique.
La couverture du premier ouvrage de Patrick Maselis (base de données bilbiophile Documents philatéliques) |
Les grandes compagnies des Indes ont existé en Belgique... alors Pays-Bas espagnols puis autrichiens, espérant s'implanter en Inde et l'une d'entre elles avec une base à Tristan Da Cunha. Maselis s'amuse du peu de mémoire autour de la Compagnie asiatique à cause probablement de sa participation à la traite.
La colonisation léopoldienne d'une Afrique belge est contenue, mais permet de découvrir la région de Lado-Méridi louée en 1897 par le roi Léopold et rendue aux Britanniques en 1910, entre Soudan et Ouganda. Une région aux aléas géopolitiques tels que Maselis a pu en faire un autre ouvrage lui aussi abondamment illustré en histoire postale : Histoire postale de l'enclave Lado (2009).
Les expéditions antarctiques belges, l'aventurier-roi baron de Thierry qui précipita contre son gré l'emprise britannique en Nouvelle-Zélande et une réflexion sur d'autres lieux (du Wisconsin aux timbres non émis de Tientsin) que l'auteur ne considère pas comme des essais de colonies de peuplement, achèvent le tour du monde.
Le style est celui de l'historien amateur-philatéliste avec humour, mais sans excès, surtout que la page de remerciements et celles des notes en fin de livre (oïe, la sitographie en adresses copiées-collées...) ouvrent un immense horizon d'exploration géographique, historique et philatélique au lecteur curieux.
L'ouvrage a été publié en français et néerlandais, anglais, espagnol et portugais. Quand l'Académie européenne de philatélie demande de l'activité européenne à ses membres, nulle surprise que Patrick Maselis en soit une des chevilles ouvrières.
Dernière note : les évolutions religieuses et politiques des plats pays incitent à aller chercher dans l'histoire coloniale des Pays-Bas (tendance protestants) pour retrouver certaines des colonies belges.
Couverture de l'édition anglais/français du livre de Vincent Schouberechts (site de l'éditeur). |
Spécialiste de la Belgique et un des trois auteurs du livre sur Lado cité auparavant, Schouberechts s'essaye dans ce petit livre à l'histoire postale de l'Europe à partir de l'étude historique de cinquante documents du seizième siècle à la réforme postale (et philatélique) du dix-neuvième.
Avec des incursions introductives dans l'Antiquité et le Moyen Âge, et une excursion vers les stations spatiales internationales. Surprenant, mais comme il indique en avant-propos que l'objectif est de toucher le public le plus large à l'histoire d'un moyen de communiquer fort bousculé en notre début de vingt-et-unième siècle numérique.
L'approche rappellera l'exposition proposée par le Club de Monte-Carlo (présidé par Patrick Maselis depuis 2009) lors d'Europhilex à Londres en mai 2015 : vingt documents pour vingt événements qui ont changé le monde. Autant des courriers avec ou sans timbres-poste que des documents prétés par des archives nationales. Un document pdf est encore disponible sur le site de l'exposition.
Un fil rouge permet d'unir le récit et d'expliquer les ruptures principales de cette histoire du système postal à l'échelle du continent : le monopole de la famille Thurn und Taxis (de La Tour et Tassis pour les francophones) accordé par Charles Quint en 1520 et définitivement perdu avec l'unification allemande par la Prusse au dix-neuvième siècle.
Autour de ce fil rouge, le traité de 1516 entre l'empereur et la famille accorde à celles-ci tant de routes qu'elle devient indispensable au transport du courrier continental, mais aussi des documents montrant comment chaque État d'Europe aménage son système postal et, entre eux, leurs relations postales jusqu'à l'établissement d'une Union générale des postes en 1874.
« Petit livre », ai-je écrit plus tôt. Rien de péjoratif. Les textes sont finalement courts, surtout avec l'édition bilingue reçue : ce qui le rend très accessible, même si, certains chapitres laissent sur sa faim (mais qu'est-il advenu du comte de Lavelette et de sa femme enceinte après son audacieuse évasion ? D'où provient la tablette cunéiforme des archives Bolaffi ?).
Merci à l'expéditeur de ce cadeau inattendu, en espérant qu'il attire à l'histoire postale les historiens et les collectionneurs de documents anciens, et aux documents anciens et aux archives les collectionneurs de timbres et marques postales.
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