dimanche 16 avril 2017

Classe ouverte : un chocolat équitable en voilier

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Poursuivons ce grand week-end chocolatier, toujours avec Rococo Chocolates (non, je n'y gagne rien).
La face avant d'une des tablettes de la Grenada Chocolate Company, distribuée par Rococo Chocolates au Royaume-Uni.
Donc, comme raconté hier, j'avais moins de contraintes côté bagage pour le voyage annuel vers Liverpool et Chester en janvier dernier. Je me suis laissé convaincre par le responsable de la boutique chestérienne de Rococo d'aller voir plus grand que les Bee Bars florales.

Certes, plusieurs Artisan Bars y sont passés, qui sont aux Bee Bars ce que les feuillets commémoratifs sont aux timbres isolés d'une émission. Voilà, la philatélie, c'est fait.
L'emballage complet... Non, pas de photo de la tablette, elle n'a pas survécu bien longtemps à son ouverture pendant un repas de fin de semaine au travail. Quel délicieux souvenir...
Et c'est là que j'ai été intrigué par des tablettes emballées de manière fort différentes que les tons pastels et fleurs de Rococo : paysage maritime, bord de plage avec arbre portant des cabosses de cacao.

Du chocolat qualifié de tree-to-bar, directement de l'arbre à la tablette puisque la coopérative de fermiers et de chocolatiers The Grenada Chocolate Company exploite vingt hectares de cacaoyers en agriculture biologique et dans une logique de commerce équitable envers les fermiers membres.
Cabosses de cacao sur leur arbre sur timbre de 1966 (via Colnect.com)
Initiée par trois associés, elle réalise toutes les étapes nécessaires à la production et l'emballage de sa production sur place, à Hermitage, dans la paroisse Saint Patrick de Grenade, dans les Antilles, afin d'être totalement autonome (lire comment cette autonomie électrique et ses contacts équitables avec ses diffuseurs permit à l'entreprise de survivre aux ouragans Ivan et Émilie sur le site de Rococo).

Dernier détail pour l'autocollant en haut à droite, qui jure sur l'illustration, mais fait une excellente anecdote pour le vendeur britannique : si son usine utilise logiquement l'énergie solaire stockée en batteries, la coopérative a réussi à trouver un navire à émission nulle de carbone... Le Tres Hombres.
Le Tres Hombres en 2013 : trente-deux mètres, trente-cinq tonnes, équipage de cinq marins professionnels et dix stagiaires dont vous pouvez faire partie (Fairtransport.eu).
En effet, depuis 2007, la compagnie Fairtransport de trois Néerlandais proposent des routes commerciales en bateau à voiles, façon clipper avant la machine à vapeur ! D'ailleurs, ce sont des navires restaurés du dix-neuvième siècle. De quoi lire la thèse de Seija-Riitta Laakso sur vitesse et communication au temps de la concurrence voiles contre vapeur de manière très différente un siècle après le triomphe des motorisations à essence.
La carte des dessertes actuelles des trois navires de Fairtransport. Par contre : oublier les conteneurs, chargement à l'ancienne. Mais tout doit-il être pressé ?
Fairtransport dispose de ses trois bateaux à voile rénovés, d'un projet de bateau à voile moderne (en cours de financement) et d'une alliance avec deux autres entreprises-navires à voiles. Le label autocollant suppose tout de même jusqu'à dix pour cent de transport carboné : le problème des premiers/derniers kilomètres à terre.

Un chocolat au goût prononcé, peu sucré, aux producteurs de matières premières grenadiens respectés, dont la valeur ajoutée issue de la transformation en tablettes est majoritairement diffusée dans l'économie du pays d'origine, et dont le transport transocéanique ne pollue pas.

Cela justifie son prix et une réflexion pascale : faut-il toujours se goinfrer de chocolat pour être heureux ?

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