samedi 8 avril 2017

Rien n'arrêtera l'effigie Machin !

Le cinq juin prochain, le type Machin aura cinquante ans d'usage sur les timbres d'usage courant du Royaume-Uni et, même si The Guardian a déjà raconté, le dix-sept mars, le protocole entourant la disparition de la Reine, rien ne semble pouvoir l'empêcher de rester sur les timbres de Royal Mail jusqu'à la fin des temps.

Quelques preuves de 2017 grâce à Ian et John Billings, du commerce Norvic Philatelics, dont le blogle site et la boutique constituent des références permanentes, aux côtés des chroniques mensuelles « Machin Watch » d'un autre marchand, John M. Deering, dans Gibbons Stamp Monthly.

Passons sur le suivi annuel des millésimes et codes-produits cachés dans l'encre iridiscente depuis les dernières mesures de sécurité de février 2009. Et aussi sur la stabilisation des étiquettes de port payé portant l'effigie dorée dans leur coin supérieur droit.

Cinq livres par cinq livres, le bilan financier sera bien ivre.
Essorons d'abord les porte-feuilles avec un cinq livres sterling bleu saphir grand format pour les soixante-cinq ans de l'accession au trône d'Elisabeth II, le six février dernier... Soixante-cinq ?!! Quelle est cette passion pour les anniversaires arithmétiquement exotiques ?
Image d'ordinateur du cinq livres (boutique de Royal Mail).
Certes, ce jour de deuil pour la Reine, est régulièrement jour d'émission jubilaire pour Royal Mail, mais à cinq livres sterling (à l'unité gommée ou en feuillet de dix cough... cough...), plusieurs machinistes britanniques ont soupçonné que les timbres seraient introuvables dans les bureaux de poste qui stockent uniquement l'essentiel en termes de timbres : les tarifs les plus demandés et un tout petit nombre de presentation packs en cas de collectionneurs vivant dans leur secteur.

Amusant : la mention iridescente de sécurité reprend le nom de l'évenement à l'infini, dont un ACCESSION est transformé en ACCE17ION  pour inclure le millésime.

Et une augmentation colorée des tarifs internationaux, une !
Comme chaque année, les tarifs postaux de l'opérateur privé britannique soumis au service universel du courrier ont augmenté le vingt-sept mars, les lettres intérieures les plus lourdes et les services spéciaux d'une part, mais surtout le courrier aérien international. Davantage le courrier pour l'Europe que le reste du monde aussi.
Un joli arc-en-ciel pour neuf livres sterling (via le blog de Norvic Philatelics).
Au bilan, il a fallu réémettre cinq timbres avec leur valeur faciale à jour et les dents des collectionneurs ont grincé... Le blogueur machiniste Andrew Hill calcule à peine moins de neuf livres sterling pour les cinq Machins de £1.17 à £2.55. Presque vingt livres si vous collectionnez aussi les huit usage courant aux symboles des quatre nations nécessaires.

Il s'en amuse en rappelant que le £1.57 permet d'envoyer une correspondance jusqu'à soixante-dix grammes au Kazakhstan, mais pouvoir suivre son arrivée. Vu les ports que je supporte pour mes récentes commandes britanniques de livres... Attendre le colis à l'ancienne devient un jeu de hasard plaisant au compte en banque.

Dernier débat marronnier : du nom de ces nouvelles couleurs chatoyantes. Jeffery Matthews est à la retraite, Royal Mail a toutefois besoin de nouvelles teintes qu'elle dénomme (traduction personnelle sûrement pas assez littéraire) : £1.17 rouge soleil levant [le soleil levant est très orange en Angleterre], £1.40 pin vert foncé [à confronter aux divers pins et sapins de nos régions et du Commanwealth], £1.57 vert de Tarragone [pour les amateurs de spiritueux], £2.27 moisson doré [trop de victoires britanniques au Tour de France au milieu des champs de blé] et £2.55 rouge grenat...

Rouge grenat ?!

Quelle banalité pour une si forte valeur faciale :)

Cinquante ans de vidange de porte-feuilles. Et l'art dans tout ça ?
L'attente des émissions du cinquantenaire du type Machin a pris fin, cette semaine, avec l'arrivée des bulletins d'information de Royal Mail chez les marchands et les collectionneur abonnés au Philatelic Bulletin.

À la fois enthousiasmant et décevant.
Le premier et ravissant feuillet du cinquantenaire du Machin, les différentes étapes de la réflexion artistique d'Arnold Machin (Royal Mail Philatelic Bulletin via le blog de Norvic Philatelics).
Deux blocs-feuillets seront proposés. Pas un, deux.

Pour le feuillet que je ne reproduis pas ici, allez voir sur le blog de Norvic Philatelics : il est moche et heurtera la mémoire d'Arnold Machin qui n'avait pas apprécié de son vivant les quelques essais de faire varier la forme du type dans les années 1980 sans son accord. Résultat : un alignement de réémission des différents formes du type depuis le quatre pence noir jusqu'à un nouveau £1 grand format gaufré.

Nouveau pour être sûr de faire dépenser ?

Cinq pi plus vingt pi plus quatre fois soixante-cinq pi de First Class plus une grosse livre égalent trois livres quatre-vingt-cinq pas très bien agencées... Le carnet de prestige de 1999 avait plus de classe... coûteuse certes, mais la version taille-douce par Czesław Słania tout de même.
La couverture de A Timeless Classic de Douglas Muir. Parmi les bas-reliefs d'Arnold Machin, un doit être au musée postal londonien, un dans la salle d'exposition de la Royal Philatelic Society London, et, sauf erreur, deux ont connu des ventes aux enchères cette dernière décennie.
L'autre feuillet, illustré ci-dessus, est bien plus digne, accessible et utilisable sur courrier avec ses six timbres de première classe (soixante-cinq pence chacun donc). À admirer en relisant les mémoires d'Arnold Machin, ou la genèse de l'effigie Machin avec A Timeless Classic de Douglas Muir, le conservateur du Postal Museum de Londres (ouverture en juillet !).

Mais aussi des Post & Go !
Pour toucher un public plus large, six timbres de distributeurs Post & Go (les LISA d'Outre-Manche) sont aussi prévus. Rappelons que, si Royal Mail ne s'est mis qu'en 2008 aux automates de vente de timbres à valeur à la demande, elle et son prestatire Intelligent AR n'en finissent plus d'émettre de nouvelles illustrations, de proposer lors des salons philatéliques ou de laisser des musées proposées des mentions spéciales...

Le cinquantenaire Machin ira plus loin encore !
La version rouge du Post & Go du cinquantenaire de l'effigie Machin, cette fois-ci celle qui a servi en coin des timbres commémoratifs de la fin des années 1960 pour remplacer l'envahissante photographie de trois quart de Dorothy Wilding (Royal Mail Philatelic Bulletin via le blog de Norvic Philatelics).
Oui, oui, c'est bien une effigie royale par Arnold Machin. La première réflexion philatélique fut, pour le sculpteur, de réadapter le profil qu'il avait créé pour la Monnaie britannique, allégeant le diadème. L'objectif était alors de pallier les plaintes des artistes de devoir consacrer un tiers de la surface des timbres commémoratifs à l'effigie photographique de Dorothy Wilding... Associées au désir républicain du ministre Tony Benn et à l'élan artistique de David Gentleman (récit repris dans un documentaire philatélique récent de la BBC), ces plaintes et le côté un poil remuant du duo Benn-Gentleman incitèrent la recherche de solutions d'usage courant et de commémoratives qui aboutirent aux effigies Machin.

Vraiment, il faut lire A Timeless Classic. Et les livres illustrés par Gentleman.

À la fois hommage à l'œuvre d'Arnold Machin et au règne démarré bien jeune par Elisabeth Windsor, la déclinaison en six couleurs avec un effigie inhabituelle permettra de faire prendre conscience au grand public de l'histoire du timbre qu'il manipule le plus depuis cinq décennies.

Néanmoins, la Royal Mail ayant tendance à imprimer des mentions spéciales sur ces timbres de distributeur, évitez de passer au nouveau musée postal en juillet ou à Stampex en automne si vous tenez à votre petite monnaie.

Pour collectionneurs exigeants.
Hélas, les plus aguerris d'entre les collectionneurs sont à la recherche de la note parfaite en exposition internationale, du cent pour cent. Il est dur de les convaincre - Ou sont-ce les juges ? - qu'il est possible de collectionner et étudier un type d'usage courant sans rester lover au chaud dans son fauteuil.

Heureusement qu'il y a toujours des archives perdues pour retrouver la lumière au meilleur moment !
Presque vingt ans après leur impression (octobre 1997), les feuilles d'essais de Courvoisier arrivent dans les musées et sur le marché philatélique (Kelleher Auctions, dont je conseille la lecture du magazine créé en 2015).
En janvier, la maison états-unienne Kelleher Auctions a fait sensation en annonçant qu'elle présenterait au salon Stampex de Londres en février des essais inconnus du type Machin. Réalisés par l'imprimeur suisse Courvoisier en 1997, avant sa fermeture en 2001 avec dispersion de ses archives philatéliques. Alors, Royal Mail se fournissait auprès de l'imprimeur britannique House of Questa en offset, mais souhaitait pendant les années 1990 de passer en héliogravure ; l'opérateur postal autorisa Questa à commander des essais à Courvoisier qui disposait des machines et de l'expérience.

En janvier, Ian Billings pouvait montrer trois exemplaires en vert, gris et orange, sans indicateur de valeur. Il expliquait que le nombre de feuilles était encore inconnu, donc qu'il était difficile d'estimer une première valeur de vente. Et que le Musée postal londonien a réussi à en obtenir une feuille de chaque couleur.

Ce mercredi cinq avril, il a pu mettre à jour les informations marchandes : deux jeux de trois feuilles (soit deux cents séries de vignettes détachées au maximum) seront écoulés sur le marché britannique, un propriétaire privé conservant le reste aux États-Unis. D'après les discussions avec Kelleher, ce propriétaire espérait cinquante mille dollars pour les trois feuilles exposées à Stampex, soit quelques centaines de livres sterling le jeu de vignettes différentes !

Finalement, Norvic Philatelics propose le jeu de trois pour cent cinquante livres sterling. Entrez par mail sur la liste d'attente.

Conclusion du premier semestre 2017 : 
ne parlez pas de philatélie à votre banquier,
encore moins à votre conjoint.

Sinon, Royal Mail vous propose aussi son programme commémoratif.

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