vendredi 25 août 2017

Avancée et obstacle sur la démonétisation de la société indienne

Le mardi huit novembre 2016, à vingt heures locales, le Premier Ministre indien Narendra Modi annonçait la démonétisation surprise et massive des deux plus fortes valeurs faciales de billets, les cinq cents et mille roupies. Officiellement pour lutter contre les activités non déclarées/non taxée ou illicites. Avec promesse d'une prompte arrivée de nouveaux billets de deux mille et cinq cents roupies...

Les conséquences sur la vie quotidienne avaient duré de longues semaines pour les Indiens des villes comme ceux de la campagne, heurtant leurs habitudes depuis la gestion du foyer pour les épouses jusqu'au financement des mariages. Les files d'attente et les tourments des agriculteurs avaient alors incité les médias du pays et du monde à s'interroger sur la capacité d'une société à se passer de pièces et de billets.

J'avais arrêté de suivre les conséquences au jour le jour en décembre puisqu'il y avait deux issues possibles : soit le désaveu du Premier Ministre face à des acteurs économiques sociaux paralysés, soit le retour à une forme de normalité. C'est ce qui semble être advenu : le paiement par l'intermédiaire des téléphones portables, transformés en carte bancaire à puces d'une part, l'autorisation des billets démonétisés pour certains achats liés au transport et au paiement des impôts, l'adaptation des autorités aux habitudes abancaires des paysans ont permis le passage de l'obstacle.
Le nouveau billet de deux cents roupies émis fin août 2017 (Reserve Bank of India).
En cette deuxième moitié de mois d'août 2017, les nouveaux billets de cinquante roupies et de deux cents roupies ont été mis en circulation.

L'impression de plusieurs millions de ces billets a entraîné l'arrêt de l'impression des billets de deux mille roupies depuis février, ce qui a entraîné l'idée d'une nouvelle démonétisation visant les billets à forte valeur de la part de Dinesh Unnikrishnan pour le journal First Post, le vingt-six juillet.

D'après lui, pour lutter contre les revenus dissimulés sans gêner l'homme honnête, seuls les billets de faible valeur sont utiles pour les achats du quotidien. Le reste à payer par des moyens électroniques, donc traçables.

Justement, un des plans du gouvernement en novembre-décembre 2016 a été d'annoncer que chaque Indien aurait un compte bancaire, en passant s'il le fallait par l'identifiant unique : le Aadhaar, un numéro de douze chiffres, équivalent du numéro de sécurité sociale en France.

En effet, ce numéro unique permettrait d'être sûr de la personne qui crée un compte bancaire, permettant à la police et à la justice de savoir, en cas d'enquête, quels comptes possèdent cette personne, quels transferts entrants et sortants...

Et là, hier jeudi vingt-quatre août, la Cour suprême indienne a mis le hola : utiliser ce numéro pour permettre l'ensemble de ces échanges monétaires et financiers, est-ce un risque pour la vie privée ? Oui pour les juges qui ont affirmé que ce droit à la vie privée était essentiel quant l'avocat du gouvernement estimait que l'ordre public s'imposait.

À suivre...

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