samedi 24 mars 2018

La poste iranienne face à la cartographie du Cachemire

Découvert grâce au fil Twitter de Better Philately, blogueur spécialisé dans les États-Unis et l'Inde, le Nouvel An perse, Norouz, est célébré au moment de l'équinoxe de printemps dans douze pays et deux régions de l'Asie centrale à l'océan Indien, de la Turquie à l'Inde, bien au-delà de l'Iran.
Le timbre iranien de la célébration globale de Norouz de 2016, à donner des sueurs froides aux Indiens (via le fil Twitter de BetterPhilately, vingt-et-un mars 2018).
Comme ces dernières années, la République islamique d'Iran tente de devenir un acteur notable de la région face à d'autres puissances, il n'est pas surprenant que le pays perse marque d'un timbre l'ensemble des pays où le Nouvel An perse est fêté.

Cela donne ce timbre de 2016 avec carte des douze pays (mais sans les régions russe du Daghestan et chinoise du Xinjiang également concernées) et leurs drapeaux. Notons l'insistance à nommer une seul objet géographique en anglais : le golfe Persique... après quelques débats avec ses voisins irakiens sous Saddam Hussein et arabes de l'autre rive sur l'adjectif.

Sauf que l'illustrateur a buté sur l'Inde. Certes, il a cartographié le Cachemire d'après les limites du contrôle effectif que l'Inde, le Pakistan et la République populaire de Chine ont sur cette région disputée depuis la partition de 1947 : à majorité musulmane alors gouvernée par un roi hindou.

Pire, et plus étrange : les États de l'est indien sont omises... tout comme la partie européenne de la Turquie (Thrace orientale) paraît atrophiée. L'illustrateur a-t-il utilisé une carte avec une projection imitant au mieux le globe et qui lui aurait caché ces extrémités de la carte ?

Variante verdoyante et géopolitiquement plus correcte de 2018... quoique : où baignent les poissons ? (via le fil Twitter de BetterPhilately, vingt-et-un mars 2018).

Deux ans après, nouveau timbre apparemment sur le même modèle - et avec la présidence Trump en embuscade... - et des améliorations : le Cachemire est dissimulée sous le ruban du cadeau de la fertilité printanière...

Mais le fond de carte n'a pas changé : Thrace orientale et Est indien sont toujours porté disparus. Même des poissons atteignent Calcutta par le Bangladesh.
Le feuillet iranien de l'émission conjointe sur la liaison maritime indo-iranienne, essentielle pour contourner le Pakistan et les ambitions chinoises (communiqué de presse de la poste iranienne, quatre mars 2018).
Dur, dur d'éduquer les peuples à la cartographie sur un document à valeur officielle et diplomatiqe, surtout que, fin février dernier, le Premier Ministre indien Narendra Modi et le Président iranien Hassan Rohani ont dévoilé ensemble l'émission conjointe sur la liaison maritime entre leurs ports de marchandises de Chabahar, dont le développement fut financé par des capitaux indiens, et de Kandla.

Pas le moment donc de vexer son partenaire commercial.

Les curieux se référeront au numéro consacré au Baloutchistan par le Dessous des cartes, diffusé sur Arte le samedi trente septembre 2017 et évoquant ces questions portuaires et les investissements portuaires chinois à Gwadar, au Pakistan, à cent kilomètres à vol d'oiseau de Chabahar...

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