vendredi 11 juin 2021

La Grande Guerre de l'Afrique "neutre" à la nouvelle Pologne

 La Première Guerre mondiale et ses conséquences sont une mine de collections et d'études philatéliques et postales, en partant déjà de l'expérience vécue par les soldats des deux camps et discernable dans leur correspondance personnelle.

Côté géopolitique, les modifications de frontières inspirent les historiens postaux en quête des surcharges et création d'outils postaux de fortune des nouveaux États. Mais, n'oublions pas les guerres coloniales en Afrique et en Océanie pour prendre possession des territoires allemands.

Une note : un nouveau Libellé « Première Guerre mondiale » pour les articles évoquant causes, faits et conséquences de la Grande Guerre ; l'ajout sera progressif.


Le numéro de juin 2021 du London Philatelist propose ces deux aspects.

Par une introduction efficace avant la description d'éléments de leurs collections ville par ville (timbres, cartes et enveloppes), Julian Auleytner et Stefan Petriuk expliquent l'origine des émissions locales polonaises de l'armistice du onze novembre 1918 jusqu'au cours de l'année 1919.

L'établissement de la Pologne indépendante fut immédiate puisque les Empires allemands et austro-hongrois avaient posé les bases d'un royaume de Pologne sur les territoires pris à l'Empire russe. Mais, sur le terrain, la « polonisation » pour reprendre un terme de l'article du système postal dut faire avec les éléments immédiatement disponibles : timbres et tampons des trois anciennes puissances impériales.

Cette introduction est à lire puisqu'elle conte ensuite comment cette collection a évolué entre pratique de collectionner des timbres isolés par décollage du courrier ou la vente de masse avec oblitération en 1921 quand l'État polonais recherchait des fonds, auxquelles s'ajoutent les destructions de bâtiments, et donc de collections, en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus les faussaires...


En Afrique, les collectionneurs de timbres connaissent les surcharges belges, françaises et britanniques au Togo, Cameroun, et Ruanda-Urundi.

Là, Philip E. Parker et Peter Vogenbeck raconte un épisode sidérant : comment une carte postale d'Angola pour l'Allemagne de novembre 1916 témoigne d'un conflit dès 1914 entre le Portugal neutre et l'Allemagne sur leur frontière entre dirigeants de l'Angola du premier et ceux du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie) du second.

L'épisode paraîtrait impossible... sauf après l'invasion de la Belgique et du Luxembourg neutres par l'Allemagne. Le gouverneur portugais à Luanda est donc inquiet, expulse les nationaux allemands et rapproche des troupes vers la frontière méridionale.

Pour éviter un front supplémentaire - les troupes allemandes combattent, dès août 1914, celles de l'Union sud-africaine, un commissaire de district allemand est envoyé au Fort Naulila, au sud de l'Angola, pour négocier des relations postales, commerciales, bref pacifiques, avec les Portugais.

Cependant, croisant une patrouille portugaise, lui et ses accompagnants sont tués le dix-neuf octobre 1914 ! En réchappe un supplétif indigène qui rejoint la colonie allemande, un traducteur danois et un soldat allemand faits prisonniers... par un pays qui n'entre en guerre officiellement qu'en mars 1916 du côté de l'Entente. Cela provoqua tout de même une bataille et victoire allemande, à Naulila, qui isola définitivement le Sud-Ouest africain de l'Angola neutre.

L'article se poursuit avec les vestiges de courrier témoignant de l'existence de ces prisonniers de guerre allemands détenus par le Portugal, avant comme après son entrée en guerre.


À noter que ces deux articles reposent et leurs auteurs insistent sur l'entraide directement avec des philatélistes germanophones, en plus de l'emploi de sources polonaises et portugaises.

Cela accompagne des nouveautés au sein de la Société philatélique royale de Londres et de son journal The London Philatelist afin que membres et lecteurs puissent communiquer leurs spécialités de collection, questionnements, recherches et préparation d'exposition en cours afin de communiquer entre eux et de s'entraider.

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