Le Musée Carnavalet, 23 rue Sévigné dans le troisième arrondissement de Paris, est très riche sur l'histoire de la capitale française. Au point qu'il faut conseiller de le visiter en plusieurs fois pour profiter de l'histoire de la ville, de ses transformations urbaines et de la vie politique de ses habitants de l'antiquité à nos jours.
Pour les collectionneurs métalliques, c'est aussi un véritable musée de la commémoration et de la consommation par la médaille, le jeton ou l'épinglette, tous en métal. En voici quelques exemples parmi un grand nombre exposés. Pour l'échelle, tirons avantage de la difficulté d'un appareil photographique à faire le point sur un métal éclairé à reflets placé derrière une vitre : plus l'image est précise et son zoom détaillé, plus l'objet est grand et réciproquement.
Le panneau de présentation et d'activité consacré au stratère d'or, une pièce de monnaie frappée par les Parisii, occupants du site parisien dans l'Antiquité. |
Contrairement à la majorité de la foule présente à l'ouverture (n'oubliez pas de réserver l'horaire d'entrée, jauge épidémique oblige), pensez à descendre au sous-sol pour visiter les salles sur la Préhistoire, l'Antiquité celte et romaine, et le Moyen Âge de Paris et ses abords.
Là, une célébrité francilienne a une place de majesté : le stratère d'or des celtes Parisii, découvert dans le trésor de Puteaux, et daté du second siècle avant Jésus Christ.
Un des nombreuses planches d'activité du musée permet aux visiteurs, notamment jeunes, de toucher l'histoire, d'apprendre la frappe monétaire (tiens... tiens...) et de repartir avec une frappe du stratère sur un marque-page (pensez à en amener un).
Ensuite, ce sont les effets sur l'espace urbain parisien de quelques règnes capétiens et bourbons qui sont mis en valeur par les médailles, mais aussi de monumentaux vestiges de statues royales détruites pendant la Révolution de 1789 et la chute de la monarchie en 1792.
Ci-dessus, une des deux médailles consacrées aux institutions d'aide et de lutte contre la pauvreté sous Louis XIV. Une autre célèbre l'installation de l'Académie française dans le palais du Louvre en 1672.
Médaille consacrée à Benjamin Franklin, l'une de Dupré en bronze d'avant la Révolution, l'autre en cuivre repoussé de P. G. Liénard des années 1800. |
C'est un citoyen des jeunes États-Unis d'Amérique qui fait le lien médaillier entre l'Ancien Régime et l'époque révolutionnaire : Benjamin Franklin, homme des Lumières aux multiples spécialités dont celle de maître des postes, représentant de la nouvelle république à Paris, où il rencontre plusieurs philosophes et penseurs français... dans une ambiance de demandes de réformes de la monarchie absolue... Et si Louis XVI et son entourage avaient choisi le chemin d'une « Glorieuse Révolution »...
Mais, la Cour était trop divisée et la vie politique parisienne fort échauffée. Pourtant, assez courte après un millénaire de monarchie, les salles consacrées à la Révolution française, à la Première République et à l'Empire napoléonienne, justifient une visite pour elles-mêmes (et à compléter par le musée de peintures d'histoire de France introduit par Louis-Philippe d'Orléans au sein du Château de Versailles).
Outre les grandes peintures connues de tous, dont La Fête de la Fédération de Charles Thévenin, de nombreux objets marquent la mémoire de cette période dont des médailles commémoratives, notamment celles des stations du roi Louis XVI et son épouse les conduisant à leur décapitation...
Mais aussi des insignes et des sceaux (au sens de lecture inversé donc) en plomb ou laiton créés par les sections révolutionnaires parisiennes, dont une petite dizaine de 1792 à 1795 sont exposées.
Jeton d'entrée en étain aux Bains chinois (1787-1853), boulevard des Italiens (futur deuxième arrondissement). |
Ainsi, la vie quotidienne et les modes sont aussi évoquées, comme celle de l'orientalisme voire de l'extrême-orient avec les Bains chinois, un établissement ouvert de 1787 à 1853, et qui utilisait des jetons d'entrée en étain.
Pour les dix-neuvième et vingtième siècle, ce sont d'autres médias qui évoqueront la vie artistique et nocturne des neuvièmes et dix-huitièmes arrondissements : les affiches par exemple.
Épinglettes illustrées du portrait de l'écrivain Victor Hugo, fabriquées entre 1881 et 1902. |
Mais, la vie politique française, entre régimes à souverains propagandistes et révolutions républicaines, emploient encore la médaille commémorative jusqu'au début du vingtième siècle : restauration de la cathédrale Notre-Dame démarrée sous Louis-Philippe et achevée sous Napoléon III côté opportunistes, épinglettes à Victor Hugo côté républicain.
Propagande et Grande Guerre : de la lutte contre l'Allemand aux médailles de la victoire (défilé de la Victoire du quatorze juillet 1919). |
L'invention de la photographie et les progrès de l'impression (rotatives) modifient les documents des salles consacrées au vingtième siècle parisien. Une vitrine montre l'inventivité de la propagande anti-allemande diffusée sur les cartes postales de 1914-1918, suivi des médailles liées à la victoire.
À partir de là, les affiches publicitaires (pour les nouvelles salles de cinéma par exemple) et les photographies développées en grand format prennent le relai des médailles pour se souvenir du Paris d'avant, que des collectionneurs compléteraient des petits objets du quotidien francilien : tickets de métro, carte Orange et passe Navigo, « une » imprimée de quotidiens les jours de grands événements (manifestation du onze janvier 2015),... et, vue l'actualité paris-saint-germaine de cette semaine, maillot de footballeur ?
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