mercredi 16 mars 2022

À pile ou face en Corée

 Au tout début du confinement de mars 2020, les chaînes de télévision française ont diffusé de grands classiques du cinéma comique pour aider la population à tenir son nécessaire confinement. De mon côté, j'ai découvert les dramas coréens grâce à Netflix et Itaewon Class.

En effet, le diffuseur de vidéo à la demande ou sur abonnement multiplie ces derniers temps les coproductions nationales pour parvenir à toucher les publics variés des différentes cultures du monde : voir Lupin avec Omar Sy pour la France, ou ici la chaîne JTBC en Corée du Sud.

Un des posters de promotion du drama avec le couple de héros et l'équipe du restaurant (via Internet Movie Database).

L'histoire est d'un manichéisme simplissime : après avoir fait justice lui-même contre le fils d'un grand patron le premier jour dans son nouveau lycée, Park Sae-ro-yi veut se venger de l'humiliation subie par son père par ledit traditionnaliste patron et de la mort de son père commise par le même fils dans un accident de la route, pour lequel le patron fit payer un lampiste.

Le but de Sae-ro-yi est d'avoir fait juger Jang Geun-won pour le délit de fuite avant la prescription, puis de détruire le groupe Jangga : la série le suit donc sur une quinzaine d'années de la prison pour tentative d'assassinat sur Geun-won jusqu'à l'établissement d'un nouveau groupe de restauration, en passant par la création de la première petite brasserie dans le quartier cosmopolite d'Itaewon, à Séoul.

Deuxième aspect de la série, plus social pour faire réfléchir les Coréens et, soft power, pour attirer les téléspectateurs vers ce pays : le groupe qui se forme autour de Park Sae-ro-yi ne comprend que des éléments en dehors du conformisme bourgeois. Héros ancien détenu confiant la gestion à une sociopathe, la cuisine à une personne transexuelle, le service à un ancien membre de gang, le fils adultérin de Jang et un Guinéen-Coréen.

Cet aspect anti-discrimination du drama et de la bande dessinée originelle a fait l'objet d'un article par Sénami Juraver, publié le quatorze juin 2020 dans la section Afrique de l'hebdomadaire français Le Point.


L'héroïne Jo Yi-seo au tournant de sa vie : à pile ou face.
Copie d'écran du chapitre dix du webtoon Itaewon Class, édition Daum puis Kakao Webtoon. 

Bande dessinées, car, en effet, le feuilleton télévisé est l'adaptation d'une œuvre de Jo Gwang-jin en épisodes entre 2017 et 2018, diffusée sous deux formes :

* le webtoon avec défilement vertical des cases sur l'écran d'un téléphone intelligent ou d'une tablette,

* (pour les succès ou les collectionneurs) en albums plus classiques pour les Européens dans un format un peu plus grand et coloré que les mangas japonais.

C'est de la première forme sur un smartphone un peu en mode lumière jaunie que proviennent les captures d'écran numismatique de cet article.

Suivre les souhaits de réussite convenus de sa mère...
... ou suivre Park Sae-ro-yi dans le lancement de sa brasserie ?

Au chapitre dix, Park Sae-ro-yi a fini sa peine de prison et amassé un pécule grâce à des contrats de pêcheurs au grand large. Il vit les premières soirées de sa brasserie, pleine de bonnes intentions, mais vide de clients... jusqu'à l'arrivée de Jo Yi-seo, une sociopathe au compte de réseau social très suivi.

Sur un des grands ponts de Séoul sur le fleuve Han, elle décide de son avenir (études convenues ou l'aventure entrepreneuriale spontanée) à pile ou face avec une pièce de cinq cents wons frappée en 1994. 

Pile... face... pile... Oups !

Bon, il va falloir choisir et assumer son choix.

La Wikipédia en français distingue six devises monétaires sous le nom de won : une pour l'éphémère Empire de Corée avant l'annexion par le Japon, trois pour la Corée du Nord et deux pour la Corée du Sud au fil des inflations de la seconde moitié du vingtième siècle.

Au moment de l'histoire, c'est le second won sud-coréen de 1962 qui est toujours en vigueur. Actuellement, même si la pièce d'un won existe encore, ce serait celle de cent qui est la plus petite couramment visible parmi la population. Donc, l'héroïne perd peu d'argent avec son pile ou face à l'eau : même pas cinquante centimes d'euro au taux actuel.

Grue à couronne rouge en plein vol
 (via base documentaire Commons de Wikimedia).

La pièce de cinq cents wons est apparu en 1982 pour remplacer un billet de banque. Elle est fabriquée en cupro-nickel et est illustrée d'une grue à couronne rouge. Évidemment, le nom de la Banque de Corée est écrite en coréen et en alphabet hangeul dans l'œuvre originale, ici traduite en anglais et composé en alphabet latin.


La bande dessinée en albums (huit tomes) se trouvent en Corée ou en importation. Actuellement, Le Phénix, librarie parisienne spécialisée sur l'Asie du Sud et de l'Est, en dispose dans ses stocks (livraison en colissimo 48h par La Poste : ça marche, j'ai commandé).

Sans lien avec la philatélie ou la numismatique, en deux ans, je peux aussi vous conseiller comme feuilletons : What's Wrong with Secretary Kim? ou comment la démission de sa secrétaire perturbe la routine d'un grand patron encore célibataire, Strong Woman Do Bong Soon presque pareil mais avec du fantastique, Hometown Cha-Cha-Cha sur la vie d'une Séoulite dans un village de pêcheurs qui vit de la solidarité collective portée par un héros au comportement mal polie (il ignore les formules traditionnelles de politesse... tst tst tst). Les studios coréens apprécient aussi les fictions historiques (plus ou moins libres avec les faits) tels Rookie Historian Goo Hae-Ryung sur les « historiens » de l'Asie de l'Est de l'époque moderne.

En philatélie, la Korea Stamp Society a décidé, pour quelques temps, de proposer l'adhésion gratuite aux articles publiés par ses membres sur son site : https://koreastampsociety.org/membership/ . Articles dont la publication sont annoncés sur le fil Twitter.

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