Le numéro automne-hiver 2025 de la Philatelic Literature Review, journal de l'American Philatelic Research Library, et, en version longue sur le blog de l'auteur, l'historien de la philatélie Abhishek Bhuwalka propose un long entretien avec le Britannique Chris King, qui depuis un quart de siècle participe de l'évolution de la Société philatélique royale de Londres (RPSL) d'une part, et de la philatélie organisée d'autre part.
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| En-tête de l'article posté le sept novembre 2025 sur le blog The Philatelist, version longue de l'entretien. |
Devenu semestrielle cette année et allégée des listes d'entrées d'ouvrages de la bibliothèque de l'American Philatelic Society, la Philatelic Literature Review vise à l'actualité des bibliothèques philatéliques, la recherche sur comment furent établies de grandes publications depuis origines des commerces ou études philatéliques et postales, ainsi la biographie de leurs auteurs.
Dans ce cadre, l'Indien Abhishek Bhuwalka (ici se présentant sur son site d'auteur et collectionneur) y transmet régulièrement des entretiens avec des bibliophiles, des libraires philatéliques.
À soixante-seize ans, et entré en philatélie exposée à cinquante, le cheminement de Chris King demande de nombreuses pages puisque son parcours personnel permet de voir apparaître le collectionneur spécialisé, mais aussi l'administrateur organisé et réfléchi dont la RPSL et la philosophie de la philatélie avaient besoin en ce début de vingt-et-unième siècle.
La lecture de cette autobiographie guidée permet de voir comment Chris King fut un collectionneur comme beaucoup (enfant ayant abandonné jeune adulte, mais repris avec plus de passion encore), et que sa vie professionnelle et politicienne l'a formé à des compétences indispensables aux sociétés philatéliques dans lesquelles il s'est, tardivement, investi.
Le rôle de son épouse, la Danoise Birthe Troelsen, rencontrée lors d'un stage professionnel à Venise, est déterminant, au point qu'ils ont créé le Double Geneva Club, en 2016, pour les couples philatélistes. Birthe a permis le déchiffrement et la traduction des courriers que Chris étudiait dans ses spécialités autour des duchés du Schleswig et de Holstein, puis des routes postales autour de la Scandinavie. À tel point que sa première exposition en classe ouverte au London Stamp Show 2000 est autant la sienne que celle de sa femme. Ensuite, celle-ci se prend de passion avec des collections sur la Seconde Guerre mondiale au Danemark et en lien avec le génocide perpétré par les nazis.
Je laisse la découverte des détails d'avant cette collection exposée, et surtout, de la suite. Mais quelques points m'ont intéressé.
Parmi les réponses aux questions d'Abhishek Bhuwalka, Chris King rappelle que la présidence de deux de la RPSL est en fait un parcours d'une décennie au sein de son Bureau, et dont la présidence est la partie centrale. L'étude de la modernisation du 41 Devonshire Place, siège historique de la RPSL, puis de sa vente et la gestion quotidienne et sur place du chantier du 15 Abchurch Lane, ont eu lieu après, sous le titre de Past President.
Cela permet à King de montrer qu'avant son adhésion en 2005, les membres du Bureau sont déjà en train de faire évoluer cette société d'apparence élitiste en une société explicitement ouverte à de nouveaux membres, mais surtout à offrir au plus grand nombre ses ressources de recherche.
Tragiquement, Frank Walton (1953-2022) fait partie de ce grand moment d'ouverture et de projets... avec leur fragilité. La genèse de la Global Philatelic Library, incluses les négociations avec le Smithonian en charge du Musée postal national de Washington, montre le bouillonnement d'idées entre King et Walton, mobilisant les cadres de la RPSL autour d'eux. Mais, également que depuis la mort prématurée de ce dernier, il manque une cheville ouvrière pour la Bibliothèque globale.
Car, au terme de la lecture qui montre un Chris King ayant déjà une année 2026 déjà bien remplie, son souci constant est : comment rendre l'ensemble des ouvrages, archives, collections de la Société philatélique royale de Londres, mais aussi du plus grand nombre de sociétés et associations philatéliques accessibles, au moins qu'un moteur de recherche permette d'en connaître l'existence ?
Le séminaire Crawford, en liaison avec le musée intégré à la RPSL, des présentations reprenant les définitions des disciplines et classes d'exposition philatéliques, et donc ouvrant les possibles ouvertures vers l'histoire sociale, les autres collections d'objets (monnaie, affiches, pamphlets, etc.).
À une autre échelle, enfin, Bhuwalka demande à King s'il pense que, depuis les confinements du covid-19, le développement rapide des conférences virtuelles, en parallèle des rencontres physiques, est une bonne chose pour la philatélie.
Là, il est pessimiste. Certes, le virtuel a permis de rapprocher les membres lointains de leurs sociétés, en particulier la très-londonienne RPSL. Cependant, cela a fortement ralenti l'adhésion de membres, leurs visites au 15 Abchurch Lane, la découverte des idées et compétences de chacun.
Je conseille vivement la lecture des entretiens réalisés par Abhishek Bhuwalka, et plus généralement la lecture de la Philatelic Literature Review. La philatélie a besoin d'une mémoire, d'un Who's Who qui ne soit pas qu'une parade des propriétaires de British Guyana, plus de la biographie de ce qu'ils ont apporté à leur échelle à la collection, à l'exposition, à la curiosité générale. Avec remise dans le contexte de l'époque car on est rarement seul comme Chris King le rappelle pour la période 2000-2015 concernant la Direction de la RPSL.

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