lundi 14 septembre 2009

Un cent est un cent, cinquante mille cents font un gros billet

Depuis l'introduction de l'euro sous forme de pièces et de billet, le premier janvier 2002, un serpent de mer paraît régulièrement sur l'horizon maronnier de la presse populiste européenne : les pièces d'un et deux cents vont disparaître !

La rumeur trouve probablement son origine dans l'ancienne allergie finlandaise aux petites pièces. Ajoutez la flème méditerranéo-française : compter... beurk. Plus le contentement des commerçants à balance de Roberval de pouvoir arrondir leurs prix à la dizaine supérieure, heureux de faire plaisir à une clientèle qui veut, par flème donc, des prix bien ronds... quitte à râler contre l'inflation. Soupir.

Il existe également son petit frère : la pièce d'un euro va laisser place au billet d'un euro. Soit pour concurrencer le billet vert, autant les authentiques que les faux qui pullulent de par le monde. Soit par flème encore : ça pèse lourd dans les poches...


Depuis jeudi dernier, en France, le serpent a un frère dont on jurerait qu'il n'est pas de la même famille : le billet de cinq cents euros va disparaître ! ! !

Dessin : Robert Kalina pour la Banque centrale européenne (source de l'image).

D'abord, une image pour les Français qui usent de leur carte bancaire dès vingt-cinq euros. L'Allemand le connaît mieux, non par richesse, mais parce que notre concitoyen européen aime peser dans sa main le coût de ses achats d'investissements : voiture, appartement, travaux de la maison. Avant de tendre la liasse au vendeur. Besoin né d'une histoire économique pleine d'inflations et de pénuries de la Première Guerre mondiale à l'avènement du mark fort sous l'égide de la République fédérale de 1949.

Le Journal du dimanche d'hier, 13 septembre 2009, signale le rapport de Didier Migaud, député de l'Isère, déposé à la présidence de l'Assemblée nationale, jeudi 10. Pour les curieux, ce rapport sur les paradis fiscaux et l'évasion fiscale est disponible ici.

Parmi les nombreuses solutions proposées par la Commission parlementaire des finances, la suppression du billet de cinq cents. Il serait bien trop facile de faire sortir du pays plusieurs milliers d'euros grâce à la portabilité du billet de cinq cents. Plus sérieusement, la trouvaille s'accompagnerait de l'obligation d'utiliser des moyens de paiement électronique ou certifiés au-delà d'un certain montant, voire d'obliger toute banque installée en France à signaler tous les transferts d'argent liés à certains pays au secret bancaire aussi impénétrable qu'un coffre-fort.

Que ceux qui préfèrent avoir de la monnaie en poche, même pour payer comptant une voiture, ne s'inquiètent pas trop : avoir l'accord des États dont l'euro est aussi la devise n'est pas pour demain. Les obligations liées aux paiements et transferts électroniques de monnaie sont une toute autre question, notamment en matière de respect de la vie privée. L'histoire du billet de cinq cents risque, à mon avis, de cacher l'importance de cela.


Revenons à la collection : déjà que certains tel Lutèce Diffusion (voir le cachier publicitaire livré avec Timbres magazine de septembre) utilisent le premier serpent pour inciter à l'achat de pièces d'un et deux centimes neuves des différents pays émetteurs... va-t-on voir des billets de cinq cents vendus sept cent cinquante, le double, le triple avec comme argument - non qu'ils sont neufs ou parmi les premiers imprimés mais - qu'ils vont disparaître ?

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