vendredi 28 février 2014

Saga Marianne : mais qui est l'artiste de la Marianne de la jeunesse ?

Décidément, depuis le gazouilli fatal du 14 juillet 2013, la carrière de la Marianne de la jeunesse est marqué par sa double parenté militante et une genèse en pleine crue conservatrice. Une saga dont la quatrième saison est diffusés en clair, comme l'éphémère et vite essoufflée troisième, par Delphine de Mallevoüe du Figaro, et en exclusivité par Yagg..

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À l'états-unienne, donc, résumé des épisodes précédents, avec une richesse telle que chaque saison a son thème et ses propres personnages.

Une première saison documentaire culturel, intitulé Marianne de la jeunesse : des lycéens de toutes les régions découvrent le design, la création d'une allégorie et votent. Le cliffhanger, qui devait laisser le téléspectateur dans une attente impatiente, montrait le président de la République et deux lycéens s'approcher du ruban rouge, prêts à dévoiler...

Déjà, des petits malins avaient réussi à pirater les derniers épisodes plus d'un mois avant et à spoiler les lecteurs de la presse philatélique, entraînant une audience accrue pour le premier épisode de la deuxième saison auprès d'un public non philatélique, mais fortement commentateur.

La deuxième saison fut courte mi-juillet, mais intense, Marianne Femen : face à l'éventement du suspense, le scénariste relança la série grâce à la technologie moderne. Une série de tweets anima le spectateur estival aussi bien que les révélations quotidiennes du feuilleton de France 3 Plus belle la vie : la muse Femen, puis celle-ci gazouillant sur le léchage de son fessier postal, son anti-thèse catholique appelant au boycott, pendant que les journalistes, personnages principaux de cette saison, tentaient de trouver nombre d'angles originaux pour traiter le scandale.

La pause ensuite fut longue... En France, lancé un tel produit clivant juste avant les six semaines de trêve estivale, c'est l'échec assuré. Bref, on pensait que les futures rediffusions amuseraient les collectionneurs de timbres d'usage courant, et encore...

Là, le producteur osa un retournement complet de sa machine de promotion, À bas la Marianne Femen : visons le public conservateur... Mais, il hait ce timbre, son créateur, le président qui y est incarné. Justement ! Il faut fidéliser une nouvelle cible pour garantir la continuation du produit. Début février, pendant une semaine, Le Figaro assura la diffusion de cette troisième et inattendue saison : la politicienne conservatrice en colère, suivie des libre-penseurs laïcisants les soutenant. Même TF1 assura la promotion.

Hélas ! TF1 ne croyait pas assez dans le produit et les micro-trottoirs des deux médias se contre-dirent le même samedi 8 février... Pire, l'UMP, principale maison nationale de production conservatrice, devait lancer le pilote d'une de ses nouvelles séries, le dimanche 9... qui fit un four, mais dont l'échec occupa tellement les médias qu'il tua dans l'œuf la saison conservatrice de la série Marianne qui promettait de finir par le président au scooter, acculé par une foule en colère, retirant précipitamment de la vente toutes ces Marianne, créant une surenchère psychotique chez les collectionneurs de timbres.

Là, c'était le film de cinéma avec succès financier assuré : World War φ avec un Brad Pitt français courant les 101 départements pour comprendre et lutter contre un virus provoquant une ruée de φl@télistes vers d'hypothétiques plus-values dès qu'un marchand de timbres mort-vivant depuis cent six ans leur propose d'authentiques timbres de la Marianne du Flan...

... devenant ainsi la Marianne-Zombie : tous ceux qui la lèchent deviennent zombis. Succès assuré auprès des adolescents qui reviennent en masse vers la collection de timbres gommés, la FFAP en joie, etc.

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Heureusement pour les amateurs de la série, le producteur décida de la transformer en franchise. Une équipe de tournage israélienne associée à un cabinet d'avocats de Tel-Aviv partirent donc à la recherche d'une nouvelle idée : Marianne, Gloire et Beauté.

Cette nouvelle saison a connu son premier épisode director's cut hier jeudi matin, le 27 février 2013, sur lefigaro.fr sous la plume de madame de Mallevoüe, en voie à force de recréer une chronique philatélique dans ce quotidien, et en diffusion papier aujourd'hui le 28, entre un coup d'État en Ukraine et les divisions délétères en Centrafrique. Mais, tout part de l'équipe d'avocats qui est repris en avant-première, mardi 25, par une chaîne de niche, Yagg., site d'informations spécialisé dans l'actualité homosexuelle, existant depuis 2008 et devenu cinq ans plus tard la partie info du site du magazine Têtu.

Visons tous les publics pour faire marcher la série Marianne, Gloire et Beauté : les conservateurs regarderont espérant son retrait, les homosexuels pour connaître le devenir des auteurs du timbre, le grand public car le rebondissement ouvrant le premier épisode promet de tenir le public en haleine au moins aussi longtemps que le feuilleton Broadchurch, récemment [trop vite] diffusé par France 2.

Quelle est la nouvelle intrigue de la Marianne qui, décidément, intéresse bien au-delà des traditionnelles frontières philatéliques ?

...

D'abord, nous savons désormais qui est David Kawena.

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Et qu'il revient en affirmant à Marianne qu'il est son seul père.

...

Mais, et Olivier ?

D'où il sort ce nouveau personnage ?

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Regardez en bas à gauche du timbre : CIAPPA & KAWENA... sauf que seul Olivier Ciappa s'est fait largement connaître en juillet dernier et qu'après lecture de nombreux articles d'alors, j'en avais conclu à un jeu de pseudonymes autour d'une seule personne.

David Kawena est le pseudonyme d'un illustrateur israélien résidant aux États-Unis, lui permettant ainsi d'avoir une activité artistique libre (détournement bodybuildé de personnages Disney) et une activité artistique pour des entreprises prenant soin de leur image auprès d'un public incapable d'accepter la diversité du monde et de chacun. De là, la forte disneyisation de la Marianne de la jeunesse.

Yagg, contactant l'avocat de Kawena, révèle l'action en justice en Israël qu'il engage en Israël contre Olivier Ciappa pour détournement du droit d'auteur. Pour faire vite :
- pour Kawena = seul père, responsable, artiste, créateur de ce timbre et de son dessin, et Ciappa n'est que son représentant en France ;
- pour Ciappa, sur sa page Facebook suite à un mail de Yagg : il est le cerveau, Kawena est la main et vice-versa, qu'il est temps que son binôme voit son talent reconnu... tout en dévoilant son identité.

Sympathique et digne des feuilletons sans fin occupant la ménagère en milieu de matinée et début d'après-midi, dans lesquels des familles richissimes ne travaillant, ni n'allant jamais aux toilettes, se haïssent pour d'obscures raisons.

Ainsi, dans les prochains épisodes, une panoplie d'inspecteurs en imperméable, détectives privées hawaïens et autres experts de Miami se poseront les bonnes questions : qui a créé et participé à la création du timbre ? Qui a signé le contrat avec La Poste ? Elsa Catelin acceptera-t-elle d'apparaître en guest star ? La République française va-t-elle survivre à tant de suspense ? Et la Crimée, future république autoproclamée par la Russie, tiendra-t-elle sans importation de nouvel épisode jusqu'à ce que sa situation se clarifie ? Quelle réaction fleurie va tweeter Inna Schevchenko face à tout cela ? Les autres muses ciappaïennes seront-elles déçues ? La Disney Company et La Poste adapteront-t-elles cette histoire en film d'animation, jeux vidéos et figurines : toi aussi, aide le président à choisir le prochain timbre ?

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En clair, pas d'Inna Schevchenko dans les sources d'inspiration, donc les conservateurs, merci de laisser ce timbre tranquille [vous pouvez continuer à le boycotter, tant que vous utilisez la pléthore émise par ailleurs chaque année] et adieu à mes espoirs de fortune spéculative en abusant de l'incrédulité des collectionneurs en cas de courageux retrait du timbre par le non-président...

Quant à Olivier Ciappa, la journaliste du Figaro paraît croire La Poste et la Présidence de la République quand ils affirment avoir été dupés par le fameux tweet. Envie d'un militant de soutenir une autre cause que la sienne, alors menacée en Russie et en Ukraine, au risque de se mélanger les pinceaux ?

Entre la duperie et la séparation du duo Ciappa/Kawena, il paraît probable que La Poste et φl@l@poste vont éviter de commander de nouveaux timbres au premier... Le monde philatélique français ayant davantage l'habitude de détester les vagues inattendues. Généralement, tant que l'anguille électrique est sous la roche, personne n'en parle jusqu'à que celui qui pose problème s'électrocute.


Précision du lendemain de rédaction, samedi premier mars 2014 :
Alors qu'avec Yagg., Olivier Ciappa n'avait répondu que par message sur sa page Facebook, il a répondu à l'AFP sur les accusations de David Kawena, agence reprise par les sites de plusieurs médias quotidiens régionaux (Paris-Normandie) et nationaux (RTL) depuis hier vendredi fin d'après-midi.

En substance, pour Ciappa, Kawena n'a jamais été caché : il est nommé et reconnu sur les documents contractuels, le timbre, le discours du président de la République. Par contre, il ne l'a pas associé à la polémique Femen car elle ne concerne que lui-même dans la partie créative de cette relation cerveau/main qu'un tribunal israélien est appelé à étudier.

Ne manquez pas le deuxième épisode : ici.

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