jeudi 16 avril 2015

Caché, raturé, en hélico, le postier toujours à l'heure !

Note : si vous ne pouvez comprendre que des textes au premier degré... Aïe.

Alors qu'un journaliste français fait la promotion d'un livre où il raconte comment il s'est sevré du suivi permanent de l'actualité, je continue à entre-choquer des nouvelles aux points communs ténus.

Aujourd'hui, suite au documentaire de France Culture rediffusé hier mercredi : quel postier pour nos sociétés ?


Cachons ce courrier dont je ne trouve pas la boîte

La presse lyonnaise signale, cette semaine, le renvoi par La Poste et la mise en examen par la justice d'un jeune postier qui cachait et jetait les sacs de courrier en pleine nature parce qu'il ne parvenait pas à retrouver les adresses de livraison et à tenir le rythme imposé...

Négligence criminelle ? 
Désarroi face à la peur du chômage ? 
Repli sur soi face à une entreprise capitaliste où le meilleur reste et le moins bon - même bon - doit partir ?


Raturons ces timbres, obstacle à ma productivité contrainte

Au Royaume-Uni, Ian et John Billings sur leur blog dévoilent, lundi treize avril, la trouvaille de Royal Mail pour complaire aux philatélistes et collectionneurs de timbres mécontents de l'usage abusif du stylo-bille par les postiers, véritable épidémie outre-Manche.

L'objet a été testé dans les centres de distribution de Banbury et de Londres : un simple tampon auto-encreur avec des vagues en motif... À quand la version Mon Petit Poney ou Frozen ?

Mais pourquoi les postiers britanniques s'acharnent-ils parfois à coups de stylo sur les recommandés et colis affranchis par les philatélistes ?
Peur d'en rater et d'être averti ? Lassitude de devoir recompter la valeur faciale d'une vingtaine de timbres ?

La lecture des courriers des lecteurs des magazines britanniques et du blog de Norvic Philatelics appellent d'autres facteurs : les nouveaux postiers - désormais salariés recrutés sur entretien, et plus fonctionnaires sur concours - ont-ils conscience d'une histoire de l'affranchissement postal ? Ont-ils conscience que les code-barres lus automatiquement par la machine ne sont pas la seule forme d'affranchissement existant ? Et que l'humain peut varier cette obligation à l'infini ?

Leurs chefs se rendent-ils compte des déficiences de leur système actuel : surtout en Angleterre, des machines qui affranchissent mal - soit illisiblement, soit pas du tout - et donc imposant ce travail de vérification/oblitération aux employés pressés d'obligation sous peine de non reconduction de leur contrat de travail ?

Que laisser aux particuliers valide un stock immense d'anciennes émissions de timbres, c'est s'imposer la charge technique que les machines puissent tout reconnaître... Donc, de ne pas le faire pour économiser et laisser les employés pressurés devoir juger rapidement si la masse de timbres en petits pences côté anglais, en vieux, nouveaux francs et bons euros mélangés côté français, suffit à affranchir correctement le pli ou le colis...

Voilà nos postiers contemporains coincés entre démonétisation impopulaire et coût d'un logiciel de reconnaissance graphique. Bon, s'ils acceptent de reremplir l'encrier du tampon et de laisser tomber le stylo... ce sera déjà ça.


Un colis ? Attendez, je finis cette manche de chemise.

Le pire est à venir : les lecteurs de Ian Billings évoquent le transfert par Post Office de ses services postaux dans tout un tas de petits commerces. En ville, cela doit permettre d'atteindre timbres, recommandés et colis aux heures où le particulier visite ces commerces du quotidien ; à la campagne, cela permet de maintenir le service postal.

Même si ça étonne la première fois ; tel lorsque mon opérateur internet me demandant si je préfère retirer ma box dans une blanchisserie ou l'épicerie russe dans le quartier de la gare de Montpellier...

De son côté, Ian Billings s'amuse qu'un de ces commerçants local post office gagne aussi sa vie en distribuant les services de MyHermes, opérateur privé du colis postal pas cher.

Il est sûr que ces commerçants, très soucieux de la qualité du service pour recevoir leur obole qui aidera à tenir leur marge bénéficiaire en fin de mois, n'ont aucune conception du métier historique de postier et ne sauront trop quoi faire de récupérer un colis couvert de timbres-poste... quant on a dû leur apprendre de coller ou vérifier si le client à coller l'étiquette standard, comment scanner le code-barres, etc.

Autant le dire, la majorité d'entre nous - nous social, pas nous philatélique, cela est bien suffisant pour récupérer le contenu tant attendu du colis ou en envoyer un pour lequel seule la preuve d'expédition intéressera pour ne pas passer pour un mauvais expéditeur.


Postier négligent, notre faute à tous ?

Qui se soucie encore des timbres sur un courrier, un colis ?

Qui se soucie de savoir si la personne qui prend en charge notre colis est un postier convaincu, un ancien chômeur heureux ou un commerçant qui tire le diable par la queue entre plusieurs métiers ?

Les journalistes de France Culture certes. Les collectionneurs de timbres par collectionnite égoïste également. Les socialistes convaincus - au sens dix-neuvième siècle s'entend - évidemment et les nouveaux résistants au capitalisme déshumanisé : locavores, bio, durable qui ont tous un accent marqué sur l'importance des relations sociales, y compris dans les relations commerciales.

Le reste de la société, soit nonante-... %... Bof ?

Faut-il donc que les dernier postiers convaincus de leur rôle social et économique prennent position eux-mêmes de manière spectaculaire ?

Hier mercredi, un de leurs collègues a montré le chemin à Washington : avec un gyrocoptère - sorte de drone avec pilote, Doug Hughes, postier de soixante-et-un ans, a violé l'interdiction de vol au-dessus de la capitale fédérale pour atterrir sur les gazons du Congrès des États-Unis et se plaindre de la corruption des politiciens à la manière, d'après lui, de Thomas Jefferson.

L'autogire, nouvelle arme contre le drone postal d'Amazon ?


Mise à jour du lundi vingt-sept avril 2015 :
Un lecteur du blog de Norvic Philatelics a fait suivre des images des oblitérations des tampons d'essai utilisés au centre de Banbury. À chercher sur les courriers récents du Royaume-Uni.

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