mardi 28 juillet 2015

'Chalmers versus Hill' : duel épistolaire de deux fils

Publié en 2012, et acquis à London 2015, en mai dernier, le livre que Anthony Wicks consacre à la controverse entre Patrick Chalmers et Pearson Hill, de la mort de Rowland Hill fin 1879 à celle du premier nommé en 1891, constitue une intéressante après-midi de lecture estivale.
Couverture de l'ouvrage (amazon.co.uk ou le site de l'éditeur MJ Publishing).
Dans Chalmers versus Hill, Wicks reprend les bases du problème et de la solution, pas de suspense dès la deuxième de couverture : le réformateur postal Rowland Hill et l'imprimeur James Chalmers de Dundee furent en accord épistolaire dès l'émission du Penny Black. Le premier avait bien eu en premier l'idée du timbre postal mobile, avant que le second ne le propose par courrier au ministère des Postes.

Comme souvent, si le public ne retient que l'inventeur, celui-ci vit dans son époque et il est rarement le seul à suivre un certain cheminement : revoir comment Denis Papin se fait voler le repère mémoriel de l'invention de la machine à vapeur par James Watt parce que, lui, parvient à en fabriquer une qui fonctionne, qu'il brevète et qui peut se vendre.

Sauf que le fils de Chalmers ne reconnait pas ses faits - sûrement troublé du montant des primes et du nombre d'hommages écrits et artistiques offerts depuis 1840 à Rowland Hill. À la mort de dernier, par une lettre à Pearson Hill, il revendique pour son père l'invention du timbre-poste et ordonne au fils du réformateur de tout prouver, tout même ce qui n'existe pas.

Wicks détaille ainsi le contenu des documents que Patrick Chalmers va écrire pendant une grosse décennie pour faire reconnaître les mérites de son père et faire douter la communauté philatélique : il ira jusqu'à consulter les grandes associations philatéliques d'Europe continentale et des États-Unis qui se sont montrées très à l'écoute, voire pour certains philatélistes de renom incroyablement collaborateurs en acceptant sans débat avec Hill les raisonnements de Chalmers fils, et même un projet de timbres de 1832 ?!!

Les réactions de Pearson sont également évoquées, bien que leur contenu est conforme à ce qu'une recherche non publiée au sein des archives postales britanniques confirmera en 1950, et que le lecteur retrouvera dans l'ouvrage sur la réforme postale par le conservateur Douglas Muir en 1990.

Et là est le problème face à la grosse centaine de lettres et de pamphlets de Chalmers, Hill doit écrire aux philatélistes de son temps pour rappeler des faits que Chalmers détruit par ablation, omission, voire théorie du complot : ainsi, voilà que Hill fils doit prouver au gouvernement qu'il ne cache pas des lettres, imaginées par Chalmers, que son père aurait dissimulées quand il avait la charge des postes et qui prouveraient que...

Les derniers chapitres montrent les héritiers suivants calmer le jeu et obtenir un consensus sur le rôle de James Chalmers, et obtenir les petits monuments philatéliques modernes qui vont avec.

De tout ceci, il reste une incroyable collection de pamphlets et courriers : près de deux cents d'après celle du comte de Crawford citée par Wicks (voir aussi cette bibliographie de Brian J. Birch sur le site de la commission Littérature de la Fédération internationale de philatélie).

Et une pierre tombale, élevée par Patrick Chalmers, qui maintient encore que l'invention de son père a sauvé du désastre la réforme postale de 1840... et peut encore tromper le visiteur non averti.

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