La Douane française a pu organiser une fantastique exposition de billets neufs en euro (source : Douane française, reprise par L'Indépendant). |
Ainsi, un malheureux collectionneur de billets neufs en euros a été arrêté par la Douane française, dans les Pyrénées-Orientales, dans l'après-midi du samedi vingt-six septembre. Il fut surpris de l'intervention alors qu'il revenait tranquillement de l'Exposition internationale des numismates chefs d'entreprise, Ibelletix 2015, qui se tenait en Espagne, il y a dix jours, et se dirigeant vers son domicile dans le pays que nul n'a jamais et n'aura jamais besoin de fuir1.
Grand collectionneur passionné, il avait présenté quarante mille billets d'un état immaculé et avait complété sa collection de quelques centaines d'autres auprès des autres visiteurs, concurrents dans l'économie réelle, mais tous unis dans la collection.
Alors qu'il repensait au Grand Prix remporté par sa collection, au surnom amusant de Mauvida, composée de soixante-huit billets de cinq cents euros présentant tous une particularité admirable : lettres rappelant le Luxembourg, la Suisse ou une de ses exquises îles anglaises, nombres d'identification plein de zéro, et des variétés que les commerçants et vulgaires consommateurs refusent alors que le collectionneur les chérit par leur manque de signatures, d'une nuance de mauve légèrement fraîchie voire sans un de ces coûteux éléments de sécurité négligemment oublié...
Perdu dans ses pensées, il ne comprit pas pourquoi les fonctionnaires de la Douane française froncèrent les sourcils quand ils sortirent sa précieuse collection sur le bitume du parking de leur office. Par sécurité contre les voleurs, il avait placé sa collection Mauvida dans les recoins techniques du coffre de la voiture ; voilà à présent que la Douane accuse le prudent d'avoir voulu dissimuler des fonds clandestins et de frauder les fiscs espagnols et hongrois, ainsi que ceux des pays traversés !
Tandis que les douaniers, inconscients de leur acte, transmettent à la presse les images d'un si admirable regroupement, le Président de la Fédération européenne des collectionneurs de lingots et billets de banque neufs, lui-même exportateur de bas en laine spécialisé dans le marché caraïbe - le réchauffement climatique provoquera, nous a-t-il démontré, un refroidissement du climat tropical antillais, a bien voulu témoigner du désarroi de ses membres depuis sa villa de vacances aux îles Vierges, où il prépare une collection novatrice bithématique : présenter le billet de la plus forte valeur d'une des monnaies actuelles en face de la boîte aux lettres caraïbe dans lequel il l'aura reçu d'un ami installé à l'étranger - imaginer un Postcrossing du billet de banque !!!
Soucieux de discrétion, nous ne pouvons révéler le nom de ce grand numismate, par ailleurs collectionneur de tampons douaniers qu'il conserve précieusement dans ses passeports de tous pays, il nous apprend que les collectionneurs de billets neufs se sentent victimes de l'incompréhension des autorités européennes et nord-américaines face à leur innocent loisirs.
En effet, cette loi française qui oblige à signaler aux douanes de franchir une frontière avec plus de dix mille euros oblige les exposants des salons de la FECLBBN à prévoir de nombreux mois à l'avance leur venue afin de remplir toutes les formalités requises. Certains, ayant négligé cette paperasserie, doivent même voyager séparément de leurs épouse et enfants afin que chacun franchisse les frontières avec moins que la somme obligeant le signalement. Il raconte le désespoir d'un participant qatari disqualifié lors de l'Exposition spéciale football, organisée à Paris, le trente-et-un janvier 2013, car son fils, voyageant avec sa remarquable collection de cinquante sterling, approprié à l'événement, s'était égaré autour de la place du Casino, dans la Principauté, autre grand lieu d'exposition billeto-sportive où le jeune homme pensait que son père exposait une collection de cinq mille roubles.
Notre interlocuteur évoque aussi les nouvelles lois limitant les achats en liquide et les retraits aux distributeurs, pourtant principale source de billets neufs, et la méfiance créée ainsi chez les commerçants européens envers les billets de cinq cents et deux cents euros, moyen obligatoire aux collectionneurs experts pour dégoter des petites coupures à peine utilisées avant leur dégradation malheureuse par des inconscients qui oublient qu'ils disposent de carte bancaire. Il compare la situation avec la philatélie où les collectionneurs complétistes doivent lutter contre ceux qui osent coller de bons timbres neufs, propres et beaux à l'œil sur des courriers où ils ressortiront... Je sentis des sanglots dans sa voix à ce moment de conversation téléphonique transmise par une dizaine de serveurs web anonymes après qu'il m'a envoyé un logiciel de cryptage « qu'un ami informaticien de la NSA m'a garanti inviolable ».
Ce nouveau fait divers dans le sud de la France l'encourage à poursuivre avec ses collègues un projet audacieux. Au prochain congrès de la Fédération mondiale de la collection de valeurs (WVCF) qui aura lieu dans une des Grenadines - bien connues des sérieux et complets collectionneurs de timbres neufs du monde - en 2016, il compte proposer de moderniser le principe de l'exposition : ce seraient les juges fédéraux qui iraient évaluer les collections exposées chez les collectionneurs ou chez les banquiers où elles seront protégées. L'exposition serait alors l'occasion d'un grand repas à l'occasion du palmarès, sans tous ces désagréments administratifs.
Nous lui souhaitons de convaincre ses confrères et que l'innocent collectionneur puissent rentrer avec sa modeste - « excellente, mais modeste en comparaison d'autres » pour le Président interrogé - collection.
Notes :
1 : oui, je sais, les blagues sur « la droite la plus bête du monde » ou n'importe quel propos d'un politicien français, c'est facile. Notez que si on reprenait certains propos raciaux récents, la réémission des timbres de l'exposition coloniale de 1931 serait envisageable dans la coûteuse série des Trésors de la φ.l@télie... Imaginez le nombre de journalistes pour couvrir Paris-Philex 2016 si Nadine recevait une Marianne de cristal pour avoir aidé à cette réémission<placez ici le smiley qui vous arrange>.
Pour ceux qui veulent rire de l'actualité non-stop qui ne veut jamais s'arrêter et de ses acteurs politiques, experts et stars qui ne veulent jamais s'y taire, voici quelques sites parodiques qui, parfois, sont repris par des médias sérieux et visiblement peu professionnels :
- Le Gorafi en France,
- The Onion aux États-Unis qui a déjà pu moquer le Congrès et la société états-unienne avec des timbres,
- El Manchar en Algérie qui a réussi à avoir un article piquant repris, sans esprit critique, par de nombreux médias.
Des parodies parfois très sérieuses tellement certains médias et politiciens le deviennent, comme l'a remarqué Nicolas Martin dans sa revue de presse du premier octobre, diffusée sur France Culture.
Des parodies parfois très sérieuses tellement certains médias et politiciens le deviennent, comme l'a remarqué Nicolas Martin dans sa revue de presse du premier octobre, diffusée sur France Culture.
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