samedi 9 janvier 2016

Des surcharges du Laos actuels ou de l'importance des forums philatéliques

Comment savoir ce qu'il se passe dans le monde philatélique en dehors des nouvelles émissions des postes disposant d'un site internet de vente ? Comment savoir ce qui existe et où le trouver quand on n'a pas d'idée ?

Demander ou proposer sur un forum où plusieurs philatélistes auront la réponse ou son usage, tout le moins des pistes de recherche.

Deux exemples récents finement reliés par le hasard.

Pas d'image repris de ces forums, ni de demande d'autorisation de les reprendre : allez lire.

Des surcharges provisoires à l'exploration du monde
Depuis août 2014, les participants du forum anglophone aux fondateurs australiens StampBoard.com entretiennent un fil de discussion parti d'une question pour vérifier une impression : les surcharges pour modifier la valeur faciale des timbres est une chose du passé...

En quelques heures, la liste des pays ayant connu de telles surcharges depuis 2000 et les causes possibles se succèdent - changement des tarifs, nouvelle devise monétaire, stocks immobilisant du capital, coût de nouvelles émissions - jusqu'à l'exemple probant du Laos en mars 2014.

Un des participants raconte comment la poste du Laos a dû organiser en mars 2014 une application manuelle à l'unité de surcharge sur des stocks vieux de trente ans - très art communiste exalté - afin de permettre d'appliquer de nouveaux tarifs l'été suivant sans avoir à passer une coûteuse commande pressée de nouveaux timbres. Avec cérémonie officielle de brûlement des tampons.

Avantage des forums est qu'avec la fonction recherche, ce passé se retrouve et se complète : un autre participant en voyage récemment au Laos signale qu'une nouvelle session de surcharge a eu lieu en mars 2015 d'après une carte postale envoyée cet hiver.

Cette lecture permet de comprendre que les pays sans émission de timbres ont une actualité philatélique qui suppose cependant d'être dans le pays ou d'y avoir des correspondants : donc de voyager ou d'écrire... Certes, les sites d'enchères ont des offres, mais comment évaluer si le prix est convenable sans savoir nombre, disponibilité, etc.

Ce partage peut aller jusqu'à publier sa collection sur internet, comme les surcharges de Tonga de 2002-2004 par Stephen Zirinsky. Il publie énormément de choses sur son site concernant des pays aux noms qui feraient soupirer les « collectionneurs sérieux »... mais à partir des usages réels dans les bureaux de poste où ces surcharges et autres timbres et marques postales sont des nécessités pour assurer un service efficace aux expéditeurs tout en coûtant le moins cher possible à l'entreprise.

Un dernier exemple amusant, que j'ai connu au bureau de Pai dans le nord de la Thaïlande : le postier déjà prêt. À Pai, village dont les besoins sont courrier des résidents permanents, cartes touristiques et colis d'artisanat local, ce fut une postière capable de contenter cinq clients par minute grâce à formulaires, classeurs de timbres et autres fournitures classés au cordeau et, pour les timbres, déjà découpés.

Dans ce même fil sur les surcharges actuelles, un participant raconte le récit d'un voyage en 2013 dans une localité du Nigeria où, pour gagner du temps, le postier avait collé des timbres de dix pesewas sur des timbres de quatre-vingt-dix pesewas de 2008 pour constituer le nouveau tarif de un cedi.

Et aussi Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée,...

Des surcharges provisoires du dix-neuvième siècle au voyage dans le temps
Alors que je jonglais avec ces récits philatéliques, voilà qu'un philatéliste, Michel, qui mérite largement récompenses et distinctions académiques pour son œuvre de compilation de toutes publications philatéliques existantes ou ayant existé, a mis en ligne le résumé bibliographique du sommaire de La Gazette timbrologique pour ses numéros du premier trimestre 1893.

L'émulation du forum fr.rec.philatelie (par ici) permet de remercier le compilateur et de proposer d'approfondir sur le site de la Bibliothèque nationale de France qui propose à la lecture publique l'intégralité de cette revue de 1891 à 1896, depuis l'été 2015 semble-t-il.

Et le feuilletage permet de retrouver des problématiques permanentes des années 1890 à nos jours : comment savoir ce qui est émis de par le monde, comment se le procurer, des experts auto-proclamés refusant la diffusion des moyens de découvrir les faux, jusqu'à savoir si les surcharges provisoires des timbres des colonies sont des émissions justifiées ou des pièges à collectionneurs... dans une revue qui propose une prime de dix pour cent sur le remboursement des frais (achat des timbres et port nécessaire) des correspondants à l'étranger qui signaleraient une émission provisoire.

Les classements créés par Michel multiplient les angles d'attaque pouvant convenir à nombre de chercheurs, et le travail d'indexation est suffisamment complet pour rendre son moteur de recherches indispensable à ceux qui veulent savoir ce qui peut exister en un gros siècle et demi de publications.

La bibliothèque par-delà l'espace et le temps
Ensuite, il faudra trouver la bibliothèque au livre désiré.

Physiquement, celle d'une association locale, celle du musée de La Poste à Paris, celles de Londres (RPSL, National Library) voire plus loin avec le projet Global Philatelic Library.

Numériquement, si l'auteur a disparu depuis plus de soixante-dix ans, les sites de bibliothèques nationales et archive.org peuvent aider à trouver sa version livre électronique que des applications permettent de lire dans un navigateur internet ou sur une tablette/smartphone actuels. Sauf à être déjà abonné et lié à des systèmes propriétaires (Apple, Amazon), préférez les fichiers epub si le texte est prépondérant ; pdf et autres formats de publications sont commodes en cas de mise en page et d'illustration particulières.

Même si cela suppose que ceux qui ont des ouvrages non recensés, rares ou oubliés de proposer leurs connaissances à Michel l'auteur de Revues et documents philatéliques et marcophiles (docs.philateliques.free.fr) ou des notices aux bibliothèques philatéliques.


Bref, lire et faire savoir.
Il est possible de bien lire sans acheter de timbres ; plus rarement de bien acheter sans avoir lu.
Ce qui relance une question débattue sur Stamp Boards : le marchand de timbres collectionne-t-il ? Et l'expert ?

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