lundi 1 février 2016

Semaine uchronique sur Radio France

Appréciant l'uchronie comme vous l'avez remarqué, je vous invite à explorer cette recherche de l'histoire comme elle aurait pu être à partir des émissions de Radio France du dimanche trente-et-un janvier au jeudi quatre février 2016.

Hier dimanche, Stéphanie Duncan recevait Éric B. Henriet et l'auteur de bandes dessinées Jean-Pierre Pécau dans Autant en emporte l'histoire sur France Inter. Ce dernier a proposé le scénario du Bel été de Monsieur Katz, sa première fiction radiophonique jouée en cours d'émission sur le monde de 1941 si un événement inconnu avait perturbé notre Histoire, inconnu car pourquoi aurait-il été remarqué faute de conséquence ?


L'uchronie a parfois mauvaise presse : est-ce utile de vouloir savoir l'histoire qui n'existera jamais ? Bien réalisée, elle permet de mieux comprendre les acteurs et les faits réels, à saisir l'histoire.

C'est ainsi que la semaine de La Fabrique de l'histoire de France Culture a démarré ce lundi, en deuxième partie, avec les historiens Pierre Singaravélou et Quentin Deluermoz pour leur livre Pour une histoire des possibles. Analyses contrefactuelles et futurs non advenus du passé, paru au Seuil. Leur questionnement est : en quoi la réflexion sur les chemins non empruntés permet une meilleure connaissance de notre passé bien advenu.

Un exemple de lecture personnelle et fort sérieuse : en 2007, Ian Kershaw a écrit Choix fatidiques. Dix décisions qui ont changé le monde 1940-1941. Au cours de longs chapitres, il reprend les principaux événements qui ont conduit au développement progressif de la Seconde Guerre mondiale depuis l'invasion japonaise de la Chine jusqu'à la décision de la « Solution finale ». Après avoir exploré les autres scénarios possibles, il reprend les événements et motivations des acteurs dans les différents régimes politiques pour expliquer pourquoi ils sont contraints par leurs décisions passées ou leur impulsivité, leur concurrence pour le pouvoir, et, souvent, par l'impossibilité d'accepter une solution moins belliqueuse entraînant un recul de la puissance de leur pays.


Demain mardi, la deuxième émission est un documentaire d'Anaïs Kien sur une expérience universitaire : un appel à créer des textes sur l'idée « le jour où le mur de Berlin n'est pas tombé et tous ceux qui suivirent », finalement publiés en 2014. Comment chaque auteur a imaginé l'évolution du monde sans cet événement et ses conséquences brutales.

Je complète avec l'académicien Jean Dutourd qui imagine, en 1996, comment la France et l'Europe aurait pu se réformer en évitant la violence révolutionnaire, dans Le Feld-Maréchal von Bonaparte. Comment l'uchronie permet un propos politique : si les changements nécessaires avaient moins brusques, le monde ne s'en serait-il pas mieux porté ?


Mercredi, plongée dans l'historicité d'un roman uchronique essentiel : Le Maître du Haut-Château de Philip K. Dick, relu par deux historiens, Nicolas Patin et Mickaël Lucken.

Écrit en 1962, il décrit autant les États-Unis tels qu'ils auraient été occupés et influencés par l'Allemagne nazie et l'Empire japonais, que les États-Unis des années 60, une décennie après le maccarthysme et en pleine lutte pour les droits civiques. Éléments rappelés par des internautes sur de nombreux blogs et forums de discussion pour critiquer la relation entre l'adaptation télévisée d'Amazon avec le roman.


Jeudi, enfin, la contrefactualité sera évoquée à partir d'un traité international de 1967, le traité de l'espace, qui définit notamment la non-propriété de la Lune par les nations du monde... alors même qu'aucun Humain ne l'a encore atteinte et que l'espèce humaine est loin d'explorer réellement l'espace. À qui appartient la Lune ? Ou comment les États gèrent-ils des possibilités ?

Au terme de cette semaine, à défaut de savoir combien de timbres de la Royal Mail il faudra à un enfant passionné pour envoyer une carte de Noël sur Mars, nous saurons peut-être si Mars connaîtra de suite un monopole postal ou aura un marché ouvert à la concurrence ?

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