lundi 7 mars 2016

Les Nigerians montrent comment Nicolas Sarkozy pourrait aider la philatélie

En remontant les articles de ce blog, certains se souviendront que je souhaite que le personnage en fasse le moins possible justement : Marianne à la robe de bure des temps de crise, états généreux de la philatélie... généreux pour les conviv... participants et accouchant d'étranges lettres grecques sur les timbres de la Nâââtion... Alors que tous, en France comme dans les pays anglo-saxons, espéraient beaucoup d'un président-philatéliste, le Napoléon III de notre temps.

Je termine ce hors-sujet avec sa plus belle insulte. Non, ce ne fut pas « Casse-toi, pôv'con! », mais, à Dakar, le vingt-six juillet 2007 devant élus, universitaires et étudiants en clamant, phrase entourée de points de vue réducteurs :
L'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire.

Pendant ce temps en Afrique justement, un ancien président philatélise...
Le directeur du Conseil de promotion de la philatélie décrit une des émissions britanniques pour le Nigeria qui ont servi sur le territoire sous mandat des Camerouns britanniques en cours de rattachement au Cameroun, insistant sur les multiples identités du timbre colonial (NTA News, trois mars 2016).
À Abuja, capitale fédérale du Nigeria, un congrès philatélique a eu lieu, a rapporté la chaîne nationale NTA le jeudi trois mars sur le thème des atouts de la philatélie pour l'économie de ce pays émergent malgré de nombreux problèmes de développement, de politique interne et du danger djihadiste avec Boko Haram.

Entre discours, initiation à l'histoire du timbre (avec peinture de Rowland Hill) et exposition de collections classiques, l'ancien chef d'État Olesegun Obasanjo est venu soutenir la passion des collectionneurs, l'importance du timbre pour enseigner l'histoire du pays et le travail du Conseil national de promotion philatélique depuis sa création en 1992.
Le président du Conseil de promotion (à gauche) écoutant avec attention le président Obasanjo évoquant le rôle des timbres (NTA News, trois mars 2016).
Et, avec le discours improvisé du non amateur, M. Obasanjo réalise ce que l'on attend d'un dirigeant, sans politique, ni arrière-pensée :
"Stamps tell story.
Every stamp has something unique about it.
It has story to tell.
And when you put them together, you get history.
And when you look at your collection of stamps,
you get history out of them."

Terminant en serrant l'épaule du philatéliste : quel autre encouragement attendre d'un ancien chef de l'État !
Un des timbres qui correspondent à la description par Ahmadu Ali : timbre du Nigeria de 1953 surchargé en 1960 pour les Camerouns britanniques en cours d'auto-détermination (scan disponible sur commons.wikimedia.org).
Et le couplet présidentiel d'être illustré immédiatement par le montage du journaliste : le directeur du Conseil de promotion, Ahmadu Ali - célébrant ses quatre-vingts ans, qui explique le graphisme et les mentions d'un des timbres coloniaux surchargés U.K.T.T., littéralement territoire sous mandat britannique qui servit aux Camerouns britanniques entre l'indépendance du Cameroun français en 1960 et le rattachement de ces régions du Nord-Est en 1961.

Et de conclure, l'œil pétillant du philatéliste, sur ce timbre du Cameroun, inscrit Nigeria, et surchargé par le Royaume-Uni.


En grattant un peu Google, c'est discrètement mais sûrement que Nigerian Postal Service (NIPOST) et des institutions de promotion essaient de créer un pôle philatélique national et de faire connaître la philatélie nigeriane actuelle dans le monde.

En 2011, le Service philatélique du Nigeria, qui a son prope site weba demandé un rapport sur la politique qu'elle devait mener, comment gérer les émissions de timbres ou l'établissement des règles du programme philatélique par exemple. Je pense que ce document doit pouvoir être lié à des efforts de l'Association mondiale de promotion de la philatélie (WADP) au sein de l'Union postale universelle.

Et le Conseil national de promotion de la philatélie fait office de membre de la Fédération internationale de philatélie depuis 2004.
Le journaliste expliquant le rôle de la réforme de Rowland Hill sur l'économie (NTA News, trois mars 2016).
Dans ces documents, l'accent est discrètement, mais sûrement mis sur la valeur économique du timbre-poste, dans son usage bien sûr - et une économie émergente où l'expédition de colis croît -, de sa collection et de son étude, comme dans cet article de deux février 2009 de Nigeria Communication Week, sûrement inspiré des efforts de communication du Conseil de promotion, mais que le journaliste Emeka Okafor a bien traduit pour son lectorat : il existe un commerce philatélique ancien au Nigeria comme le confirme un témoin, tout comme la production de timbres-poste mobilise une agence nationale, donc des fournisseurs.

Toute communication, tout commerce, et pour la classe moyenne tout patrimoine, ne dépend pas uniquement des nouvelles technologies.

C'est ce que raconte le journaliste devant le portrait de Rowland Hill quand il rappelle l'impact économique de la réforme postale de 1840 : contrairement aux impressions en Occident, la poste et le timbre n'ont pas encore dit leurs derniers mots dans les pays émergents.


Après Joëlle Amalfitano en octobre, Gauthier Toulemonde en janvier-février, à quand l'ancien président-philatéliste de la République dans les médias nationaux pour promouvoir la philatélie ? Ça compensera un peu les états généreux de la philatélie et s'il rencontre M. Ali, un peu son discours de Dakar.

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