mardi 20 septembre 2016

Coins et recoins à explorer dans la presse britannique

En 2017, ce fera une décennie que deux magazines philatéliques britanniques me surprennent fréquemment malgré leurs styles fort différents. L'été 2016 n'a pas fait exception.

Inattendue série de guerre d'Afrique du Sud...
Si Adrian Keppel fait le tour du monde des grands classiques dans ses chroniques d'une page, Stamp Magazine explore des séries d'usage courant plus modernes avec l'aide de ses auteurs réguliers et de quelques spécialistes invités. On se souviendra de la Nature du Japon (1992-1998-années 2010) par Nicholas Pertwee dans le numéro daté mars 2016.
Un joli bloc de timbres d'un penny et demi à l'effigie de Bob Kershaw. Notez les séparations entre les timbres (emprunt au site marchand africastamps.co.uk, apparemment un bon point de départ d'une collection).
Dans le numéro paru en août (daté septembre), pendant que ses confrères français roupillaient sous le soleil, le rédacteur-en-chef Guy Thomas lançait avec enthousiasme l'article de Daniel Scheepers sur la série d'Afrique du Sud pour « l'effort de guerre ».

L'auteur évoque la genèse et l'évolution de la série de 1941, au format diminué entre 1942 et 1944, économie de papier oblige, en six pages illustrées de grandes images (évanouissement de la rédaction du nouveau petit Timbres magazine au format plus petit, aux images microscopiques et aux articles très courts).

Les anecdotes pullulent rendant la série attrayante à étudier : comment l'imprimerie gouvernementale s'y est-elle pris pour créer les "bantams", les versions petit format ? Certes, recalibrer les illustrations, mais aussi faire face à l'impossibilité de denteler chaque timbre. L'auteur le rappelle : en neufs, ces timbres se collectionne par paire bilingue (un timbre en anglais se-tenant à un autre en afrikaan) voire en triple pour certains bantams séparés par des tirets à l'emporte-pièce.

Les marges de propagande en faveur des emprunts d'État voisinent avec le choix des personnages : divers corps d'armée, des femmes sous uniforme et pas qu'infirmière, un ouvrier, mais... Malgré le choix de Maître général des Postes et du Ministre des Postes et Télégraphes, le Premier Ministre Jan Smuts refusait l'apparition d'un soldat noir sur un des timbres que le capitaine Neville Lewis devait dessiner. L'Apartheid se rapprochait.

Trois des portraits représentaient des Sud-Africains réels : l'infirmière Barbara Palmer, l'aviateur Bob Kershaw (décoré pour un acte héroïque l'année précédent le timbre de 1942) et le marin Clive Edward Peter, immortalisés par Lewis.

Comment intéresser les collectionneurs français ?

Après l'entrée en guerre du Dominion d'Afrique du Sud le quatre septembre 1939 - à une petite majorité de son Congrès, l'armée sud-africaine a principalement servi sur des théâtres africains : Éthiopie, Afrique du Nord, et de là Italie, mais aussi l'invasion et l'occupation de Madagascar, colonie fidèle au régime de Vichy... donc une menace navale si le Japon l'atteignait.

Quels timbres utilisaient les services militaires postaux sud-africains à Madagascar et en Afrique du Nord ?

... à la surprenante série australienne « Vivre ensemble ».
Le mois suivant - numéro actuel daté octobre 2016, c'est Alaistair Gunn qui se plonge dans une série très contemporaine aux dessins peu conventionnels : Living Together en Australie émise en 1988.

Vingt-sept valeurs du cent - la diversité religieuse - au dollar - sur les services de secours, qui apparaissent pour le bicentenaire du premier établissement européen permanent... Et les thématistes et historiens lèvent et chassent le lièvre à la suite de Gunn : une série pleine de bons sentiments, adorables par les différents styles de dessins, mais maladroites par moment.

Aucun lien avec les Aborigènes. Rarissimes les personnages non-Européens, voire même l'évocation des multiples cultures présentes dans cette terre d'immigration, à part les différents types de lieux de culte sur le un cent justement.

Pour revenir à l'étude philatélique en troisième page (c'est un article court oui...), certaines valeurs émises correspondent à des changements de tarifs entre les trois émissions échelonnées pendant l'année 1988. À partir d'octobre 1989, les réimpressions sont indiquées par des koalas dans la marge des feuilles - un par réimpression.

Contemporaine et avant la généralisation de l'e-mail et du sms, on pourrait croire à la facilité d'une collection d'histoire postale (... mais avec de grandes images). Et non, outre le changement de tarif de 1988, dès 1989, une nouvelle série est lancée sur les sports qui a affecté les Living Together de manière inégale de 1989 jusqu'à 1997 ! Alistair Gunn signale la difficulté des utilisations seules sur lettre de quatre valeurs.

Sus aux boîtes d'enveloppes des marchands au prochain salon !

Et même pour les historiens postaux classiques.
Certains ne continueront de jurer que par les lettres du dix-neuvième siècle. Soit : Gibbons Stamp Monthly daté septembre propose un article fort pédagogique de John L. Kimbrough (son site web) sur comment juger de la rareté des premiers courriers des États confédérés aux premières semaines de la Sécession de 1861-1863.

Sans jamais donner de sommes en dollars, Kimbrough explique quelles dates recherchées avec un texte historique et postal dense de quatre pages (un aussi grand nombre de caractères, quel plaisir de lecture).

En effet, il faut différencier la date officielle de la Sécession de chacun des onze États, de la date de fondation des ou de ralliement aux États confédérés d'Amérique des treize États au final, de la date de fin des services postaux des États-Unis et de la mise en place de ceux du nouveau pays...

Ouf !

Un tableau résume le tout et permet de suivre l'article, complété d'un tableau des tarifs postaux de cette courte histoire postale.

À suivre pour les ventes aux enchères, quelques exemples montrant comment à quelques jours près comment deux enveloppes peuvent avoir une valeur historique très différente.

Le summum étant un courrier ayant circulé à partir d'un de ces États en sécession mais avant qu'il ne se joigne aux États confédérés : une fenêtre allant de quarante-six jours pour la Caroline du Sud à une semaine seulement pour la Caroline du Nord. Sortez calendrier perpétuel et atlas routier des États sudistes !

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